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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 25.1901

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Nr. 3
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Voll, Karl: Jan van Eyck en France
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https://doi.org/10.11588/diglit.24807#0244

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

môme grandissent les titres de la Bourgogne à être regardée comme
la patrie de l’art de Jan van Eyck, pourvu que nous ayons raison en
attribuant la Madone du chancelier à la première époque du maitre.

L’histoire de l’art français est intéressée à la question. Le point
saillant n’est pas de constater que les artistes français du xve siècle
ont subi les influences de van Eyck et de ses successeurs : ce sont
des faits connus. Il s’agit de savoir de quelle manière les inspira-
tions flamandes sont venues en France. Les artistes français ont-ils
copié des tableaux importés, ou bien les Flamands sont-ils venus
fonder des écoles locales qui, plus tard, se développèrent d’après
leurs tendances innées? On sait que Fart italien se développa sous
l'influence de Giotto qui, partout dans l’Italie, à Florence comme à
Padoue, etc., fonda des écoles indépendantes les unes des autres. Il
serait bien intéressant d’examiner si, pour Jan van Eyck, il n’en
était pas ainsi en France. Les quelques tableaux qui n’ont pas été
détruits par les guerres religieuses et civiles suffiraient à nous
éclairer sur ce point. Il pourra bien se faire que nos vues sur la
peinture française du xv° siècle changent beaucoup.

Jusqu’ici, nous n’avons traité que de Jan van Eyck travaillant
en France. Son souvenir y est encore attaché d’une autre manière.
La France possède un des plus beaux tableaux du maître, tableau
qui, du reste, est peu connu. Dans la précieuse collection de M. le
baron Gustave de Rothschild, à Paris, se trouve une Madone adorée
par un chartreux agenouillé. L’admirable ouvrage est depuis long-
temps dans la possession de la famille Rothschild. Nous ne savons rien
sur sa provenance. Quoiqu’il soit un des plus riches trésors artistiques
de Paris, il n’y a peu d’années seulement que l’attention des savants
s’est fixée sur lui. Par un singulier hasard, une réplique assez insi-
gnifiante qui se trouvait en Angleterre et aujourd’hui se trouve au
Musée royal de Berlin, la ci-devant fameuse Burleighhouse Madone,
attirait à soi toute la gloire due au splendide original. Voilà pour-
quoi nous parlerons d’abord de la réplique.

La Burleighhouse Madone a été célébrée dans les manuels de
l’ancien art flamand comme une vraie perle. Ce très petit tableau,
qui ne mesure que 20 centimètres sur 14, représente la Madone
portant l’Enfant Jésus ; un chartreux, le fondateur du tableau, est
agenouillé devant elle, et il est patronise par sainte Barbe, derrière
 
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