DOI Heft:
Nr. 3
DOI Artikel:Voll, Karl: Jan van Eyck en France
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JAN VAN EYCK EN FRANCE
229
En général, Jan van Eyck passe pour un pur réaliste Ce juge-
ment est vrai, sans doute ; mais il était poète aussi. La Madone au
chartreux est une de ses créations les plus poétiques et les plus
gracieuses, par le mouvement finement balancé des figures et
par la délicatesse des types ; mais ce qui est surtout beau, c’est la
couleur. Rien n’est aussi puissant que la note vive de l’habit blanc
du moine, rien n’est aussi justement observé que la jolie figure de
sainte Elisabeth. Et quelle richesse dans le dais magnifique qui
abrite la Madone ! Le charme infini du coloris et de la tonalité
verdâtre rappelle les œuvres de la dernière époque, telles que
la Madone à la fontaine du musée d’Anvers. Si, chez la Madone du
chancelier Rolin, nous étions frappés d'un certain aspect raide et
archaïque,nous n’en trouvons plus rien dans la Madone au chartreux.
Ici, Jan ne cherchait plus ; il avait atteint le sommet de l’art et il
puisait à pleines mains dans les riches trésors de son esprit et de
son imagination.
En face de tant de beauté, la supposition qui a été émise der-
nièrement par M. Kæmmerer, que le tableau de M. G. de Rothschild
serait aussi l’œuvre de Petrus Cristus, ne peut être prise au sérieux1.
La précieuse galerie peut se vanter de posséder non seulement
l'original du fameux Joueur de luth de Frans Hais au Rijksmuseum
et du Porte-drapeau de Rembrandt à Cassel, mais aussi celui de la
Burleighhouse Madone.
1. Depuis que cet article a été écrit (juillet 1899), M. Kæmmerer a publié
dans la Kunstchronik une critique de mon livre sur les œuvres de Jan van Eycli,
où il exprime à nouveau ses doutes touchant l’authenticité du tableau de la
collection Rothschild. Mais, ces doutes n’étant pas basés sur l’examen du tableau
lui-même et ne pouvant se soutenir en présence de l'œuvre, nous n’avons pas à
nous y arrêter.
KARL VOLL
229
En général, Jan van Eyck passe pour un pur réaliste Ce juge-
ment est vrai, sans doute ; mais il était poète aussi. La Madone au
chartreux est une de ses créations les plus poétiques et les plus
gracieuses, par le mouvement finement balancé des figures et
par la délicatesse des types ; mais ce qui est surtout beau, c’est la
couleur. Rien n’est aussi puissant que la note vive de l’habit blanc
du moine, rien n’est aussi justement observé que la jolie figure de
sainte Elisabeth. Et quelle richesse dans le dais magnifique qui
abrite la Madone ! Le charme infini du coloris et de la tonalité
verdâtre rappelle les œuvres de la dernière époque, telles que
la Madone à la fontaine du musée d’Anvers. Si, chez la Madone du
chancelier Rolin, nous étions frappés d'un certain aspect raide et
archaïque,nous n’en trouvons plus rien dans la Madone au chartreux.
Ici, Jan ne cherchait plus ; il avait atteint le sommet de l’art et il
puisait à pleines mains dans les riches trésors de son esprit et de
son imagination.
En face de tant de beauté, la supposition qui a été émise der-
nièrement par M. Kæmmerer, que le tableau de M. G. de Rothschild
serait aussi l’œuvre de Petrus Cristus, ne peut être prise au sérieux1.
La précieuse galerie peut se vanter de posséder non seulement
l'original du fameux Joueur de luth de Frans Hais au Rijksmuseum
et du Porte-drapeau de Rembrandt à Cassel, mais aussi celui de la
Burleighhouse Madone.
1. Depuis que cet article a été écrit (juillet 1899), M. Kæmmerer a publié
dans la Kunstchronik une critique de mon livre sur les œuvres de Jan van Eycli,
où il exprime à nouveau ses doutes touchant l’authenticité du tableau de la
collection Rothschild. Mais, ces doutes n’étant pas basés sur l’examen du tableau
lui-même et ne pouvant se soutenir en présence de l'œuvre, nous n’avons pas à
nous y arrêter.
KARL VOLL