EN PROVENCE
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quent, de se renouveler par l’étude d’une nature pleine de séductions.
Le difficile est le choix d’un gîte, car dans les stations les plus
connues de cette Provence qui vous attire, vous trouveriez malaisé-
ment le calme auquel vous aspirez, et, quant à la campagne elle-
même, il faudrait vous résigner, avant de la découvrir, à d’intermi-
nables marches entre les murailles des villas et des jardins qui vous
en dérobent la vue. Vous vous renseignez donc auprès des amis qui
connaissent le pays et dont vous savez les goûts conformes aux
vôtres. Les Guides les plus récents —- tout en vous méfiant de leurs
appréciations esthétiques — vous fournissent aussi des indications
utiles. Ne manquez pas, non plus, de vous procurer les cartes des
contrées où vous êtes tenté de faire un séjour et apprenez à lire ces
cartes au point de vue pittoresque. C’est là une aptitude qu’avec un
peu de flair et d’expérience les paysagistes doivent s’efforcer d’ac-
quérir et de développer. Suivant l’orientation et les reliefs du sol,
suivant la direction et la pente plus ou moins rapide des cours d’eau,
suivant les découpures des côtes et les ouvertures qu’elles offrent sur
l’horizon, un artiste peut arrivera se faire quelque idée des ressources
d’étude qu’une région déterminée doit lui présenter. Sans doute, une
telle recherche est sujette à erreurs et, si bien faites, si détaillées
que soient les cartes dressées par l’État-major ou le service vicinal,
elles ne sauraient vous renseigner très fidèlement sur les formes
précises ou sur la composition des terrains, encore moins sur leur
couleur ou sur les effets de lumière, qui, suivant les saisons et les
heures du jour, donnent à un site quelconque son caractère et sa
beauté propres. Mais il y a là, malgré tout, un élément d’information
dont il est possible de tirer un avantage assuré.
Quoi qu'il en soit, vous vous êtes décidé, et, en laissant prudem-
ment une part à l’imprévu, vous avez choisi votre gîte, fixé les étapes,
et, après les hésitations et les délais inévitables, le jour du départ a
été arrêté. On part... on est parti. La route est déjà un repos. On en
peut couper la longueur par des stations judicieusement combinées
dans ces villes pleines de monuments ou de souvenirs qui se suc-
cèdent sur votre chemin. C’est Avignon, avec sa situation délicieuse,
son château des Papes, son musée Calvet, ses vieilles murailles trop
peu respectées, et en face, de l’autre côté du fleuve, Villeneuve et
son donjon si fièrement campé; c’est Nîmes, avec ses ruines véné-
rables, son parc de la Fontaine de Diane et ses belles eaux; c’est
Montpellier et son musée, une de nos collections provinciales les
plus riches, et dans laquelle les maîtres hollandais, notamment,
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quent, de se renouveler par l’étude d’une nature pleine de séductions.
Le difficile est le choix d’un gîte, car dans les stations les plus
connues de cette Provence qui vous attire, vous trouveriez malaisé-
ment le calme auquel vous aspirez, et, quant à la campagne elle-
même, il faudrait vous résigner, avant de la découvrir, à d’intermi-
nables marches entre les murailles des villas et des jardins qui vous
en dérobent la vue. Vous vous renseignez donc auprès des amis qui
connaissent le pays et dont vous savez les goûts conformes aux
vôtres. Les Guides les plus récents —- tout en vous méfiant de leurs
appréciations esthétiques — vous fournissent aussi des indications
utiles. Ne manquez pas, non plus, de vous procurer les cartes des
contrées où vous êtes tenté de faire un séjour et apprenez à lire ces
cartes au point de vue pittoresque. C’est là une aptitude qu’avec un
peu de flair et d’expérience les paysagistes doivent s’efforcer d’ac-
quérir et de développer. Suivant l’orientation et les reliefs du sol,
suivant la direction et la pente plus ou moins rapide des cours d’eau,
suivant les découpures des côtes et les ouvertures qu’elles offrent sur
l’horizon, un artiste peut arrivera se faire quelque idée des ressources
d’étude qu’une région déterminée doit lui présenter. Sans doute, une
telle recherche est sujette à erreurs et, si bien faites, si détaillées
que soient les cartes dressées par l’État-major ou le service vicinal,
elles ne sauraient vous renseigner très fidèlement sur les formes
précises ou sur la composition des terrains, encore moins sur leur
couleur ou sur les effets de lumière, qui, suivant les saisons et les
heures du jour, donnent à un site quelconque son caractère et sa
beauté propres. Mais il y a là, malgré tout, un élément d’information
dont il est possible de tirer un avantage assuré.
Quoi qu'il en soit, vous vous êtes décidé, et, en laissant prudem-
ment une part à l’imprévu, vous avez choisi votre gîte, fixé les étapes,
et, après les hésitations et les délais inévitables, le jour du départ a
été arrêté. On part... on est parti. La route est déjà un repos. On en
peut couper la longueur par des stations judicieusement combinées
dans ces villes pleines de monuments ou de souvenirs qui se suc-
cèdent sur votre chemin. C’est Avignon, avec sa situation délicieuse,
son château des Papes, son musée Calvet, ses vieilles murailles trop
peu respectées, et en face, de l’autre côté du fleuve, Villeneuve et
son donjon si fièrement campé; c’est Nîmes, avec ses ruines véné-
rables, son parc de la Fontaine de Diane et ses belles eaux; c’est
Montpellier et son musée, une de nos collections provinciales les
plus riches, et dans laquelle les maîtres hollandais, notamment,