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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
II
LES DERNIÈRES FOUILLES DE POMPÉI
Les visiteurs de la célèbre maison des Vettii se souviennent
qu’il y a peu d’années encore un terrain cultivé la dominait du côté
du levant. C’était le domaine Barbatelli, qui dépassait de huit ou
neuf mètres le niveau de la maison, et contournait les murs au nord
de Pompéi. Comme la plupart des propriétés particulières sur les-
quelles l’Etat a le droit de déverser les déblais (diritto discarico),
le domaine Barbatelli, en vertu du décret de Joachim Murat, était
destiné à recevoir les terres provenant des fouilles voisines. Le
hasard voulut cependant que les déblais tirés du vicolo des Vettii
fussent portés ailleurs, et le domaine Barbatelli resta ainsi intact,
formant à côté de la maison un amas de terre assez élevé.
C’est laque s’arrêtait la ruelle des Vettii. Mais on supposa tout
naturellement qu elle continuait au-dessous des terres voisines et
que les vignes et les orangers cachaient de nouveaux édifices.
L’hypothèse sembla plus vraisemblable encore quand on reconnut
que certaines portes s’ouvraient du côté de ce terrain, et que la rue
des Tombeaux s’infléchissait dans cette direction. Il y a trois ans,
des pourparlers furent engagés et l’Etat réussit à acheter le domaine
Barbatelli, ou du moins vingt-sept moggies de terrain, pour la somme
de vingt et un mille francs, payables par annuités et sans intérêts.
Les fouilles commencèrent immédiatement, et le déblaiement
fut entrepris dans la partie la plus éloignée de la muraille, sur les
confins d’une propriété appartenant à M. d’Aquino. C’est dans cette
propriété que, quelques années auparavant, on avait découvert la
fameuse mosaïque de Y École, de Platon. En novembre 1900, on venait
de trouver une grande quantité d’objets en bronze, ainsi qu’une
magnifique casserole en argent, lorsque les ouvriers ramenèrent à la
lumière la superbe statue de YEphèbe.
L’archéologue Giulio de Pietra, alors directeur du musée de
Naples, consulté par moi, a bien voulu me donner sa très compétente
appréciation, que je communique aux lecteurs de la Gazette, avec
les photographies de la précieuse statue, exécutées par Esposito.
On serait d’abord tenté de considérer l’Éphèbe comme une
œuvre grecque, tant est grande la perfection du dessin et du modelé.
Mais il est plus probable que cette belle statue est une excellente
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
II
LES DERNIÈRES FOUILLES DE POMPÉI
Les visiteurs de la célèbre maison des Vettii se souviennent
qu’il y a peu d’années encore un terrain cultivé la dominait du côté
du levant. C’était le domaine Barbatelli, qui dépassait de huit ou
neuf mètres le niveau de la maison, et contournait les murs au nord
de Pompéi. Comme la plupart des propriétés particulières sur les-
quelles l’Etat a le droit de déverser les déblais (diritto discarico),
le domaine Barbatelli, en vertu du décret de Joachim Murat, était
destiné à recevoir les terres provenant des fouilles voisines. Le
hasard voulut cependant que les déblais tirés du vicolo des Vettii
fussent portés ailleurs, et le domaine Barbatelli resta ainsi intact,
formant à côté de la maison un amas de terre assez élevé.
C’est laque s’arrêtait la ruelle des Vettii. Mais on supposa tout
naturellement qu elle continuait au-dessous des terres voisines et
que les vignes et les orangers cachaient de nouveaux édifices.
L’hypothèse sembla plus vraisemblable encore quand on reconnut
que certaines portes s’ouvraient du côté de ce terrain, et que la rue
des Tombeaux s’infléchissait dans cette direction. Il y a trois ans,
des pourparlers furent engagés et l’Etat réussit à acheter le domaine
Barbatelli, ou du moins vingt-sept moggies de terrain, pour la somme
de vingt et un mille francs, payables par annuités et sans intérêts.
Les fouilles commencèrent immédiatement, et le déblaiement
fut entrepris dans la partie la plus éloignée de la muraille, sur les
confins d’une propriété appartenant à M. d’Aquino. C’est dans cette
propriété que, quelques années auparavant, on avait découvert la
fameuse mosaïque de Y École, de Platon. En novembre 1900, on venait
de trouver une grande quantité d’objets en bronze, ainsi qu’une
magnifique casserole en argent, lorsque les ouvriers ramenèrent à la
lumière la superbe statue de YEphèbe.
L’archéologue Giulio de Pietra, alors directeur du musée de
Naples, consulté par moi, a bien voulu me donner sa très compétente
appréciation, que je communique aux lecteurs de la Gazette, avec
les photographies de la précieuse statue, exécutées par Esposito.
On serait d’abord tenté de considérer l’Éphèbe comme une
œuvre grecque, tant est grande la perfection du dessin et du modelé.
Mais il est plus probable que cette belle statue est une excellente