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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 25.1901

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Nr. 4
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Lambin, Émile: La première floraison de l'art gothique: l'église de Saint-Leu-d'Esserent
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https://doi.org/10.11588/diglit.24807#0335

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L’ÉGLISE UE SAINT-LEU-D’ESSERENT

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parfaite avec l’édifice. Cette flèche est en pierre et couverte d’im-
brications en dents de scie. A son extrémité inférieure sont des
ornements qui ressemblent à des sceptres fleuronnés couchés sur
elle. A ses angles existent quatre petites pyramides, au pied des-
quelles se détachent quatre cornes qui paraissent être des cornes de
bœuf. Pourquoi ces cornes? dira-t-on. Sans doute pour honorer la
mémoire des robustes et bons animaux qui ont dû monter sur la
colline les lourdes pierres nécessaires à la construction. A Laon, où
les bœufs ont fait ce travail, on les a sculptés en entier sur les tours
du grand portail. A Saint-Leu-d’Esserent, faute d’espace, on n’a mis
que les cornes. Mais l’idée est la même et montre que les hommes
du moyen âge, que l’on s’est plu si longtemps à représenter comme
des barbares, non seulement construisaient des chefs-d’œuvre, mais
encore étaient reconnaissants envers les animaux qui partageaient
leur peine. Ce clocher de Saint-Leu-d’Esserent, complètement
roman, est très original et très beau. Il se termine par une jolie
croix portant le coq gaulois si cher à nos pères.

Outre le clocher de son portail, notre église en a deux aulres
qui s’élèvent au nord et au sud, à la naissance du rond-point, là
où se trouve la travée simple du chœur. A la hauteur des hautes
fenêtres de l’église, ces clochers ont, celui du sud sur sa face sud,
et celui du nord sur sa face nord, une rose dont la circonférence est
faite de pétales renversés. Dans la rose du clocher nord on a mis
le cadran d’une horloge, et dans la rose du clocher sud on a mis
des pierres, c’est-à-dire qu’à une certaine époque elles ont été
bouchées. A leur étage supérieur, qui commence un peu plus haut
que la double rangée de têtes de clous qui file sous la toiture, tout
autour de l’édifice, ces clochers présentent, sur leurs quatre faces,
deux baies en arcs brisés ; c’est du pur et beau gothique. Malheu-
reusement ces clochers n’ont pas été finis, et, au lieu de flèches,
on leur a mis des toits en hâtière.

Les contreforts et les arcs-boutants du chœur et de l’abside
sont ceux du gothique primitif, mais déjà hardis dans leur simpli-
cité. Les rampants des arcs-boutants de l’abside sont ornés d’un
rang de dents de scie. On sent qu’ici le roman n’a cédé qu’à regret
au gothique.

Voici les dimensions principales de l’édifice : longueur, 71 mè-
tres ; largeur, 21 mètres; hauteur sous voûte, 20m65. Le clocher de
la façade aurait 30 mètres d’élévation.

Vue de loin, l’église de Saint-Leu-d’Esserent est très pitto-

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