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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 25.1901

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Nr. 4
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Jacobsen, Emil: Un dessin du Corrège
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https://doi.org/10.11588/diglit.24807#0342

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

du Corrège. C’est sans doute la taille svelte du jeune homme qui a
fait penser à Parmigianino : sa facture est cependant fort différente.
On trouve aussi beaucoup de figures longues et sveltes chez le
Corrège, mais le plus souvent elles sont masquées par des draperies.

C’est Michel-Ange qui, le premier, eut l’idée audacieuse d’em-
ployer, pour la décoration, des figures juvéniles nues, couleur de
chair et très mouvementées. Le Corrège avait-il vu les superbes
ignudi dans la Sixtine ? On ne sait, et il n’est pas probable, si
l'on en croit les témoignages de Yasari et d’Ortensio Landi (1552).
Mais il est possible qu’il ait su l’effet nouveau et puissant de ces
figures merveilleuses et qu’il ait voulu essayer une tentative ana-
logue. D’ailleurs, rien de la manière de Michel-Ange n’a passé direc-
tement chez lui. Au contraire, le tempérament très différent des
deux artistes ne se manifeste nulle part mieux que dans la com-
paraison des esclaves qui suspendent des tablettes en métal à la
Sixtine, et des ignudi qui allument et soutiennent des candélabres
dans les fresques d’Antonio Allegri. Michel-Ange et le Corrège se
rencontrent seulement lorsqu’ils emploient, pour la décoration
extérieure, des hommes nus, jeunes, vivants, et leur donnent ainsi
une place élevée qui appartenait plus souvent aux anges et aux
saints.

Il faut observer que le Corrège a su faire une heureuse adap-
tation au décor de ces garçons nus, en train d’allumer « les flammes
solennelles » ; ils apparaissent plus logiques et plus nécessaires que
les esclaves dans le plafond peint de Michel-Ange. Il y a là une
habileté qui, suivant les études judicieuses de Ricci, est due à
Mantegna : dans son Triomphe de César, il a figuré plusieurs jeunes
hommes chargés de prendre soin des candélabres allumés qui se
trouvent fixés sur le dos de quelques éléphants, et servent à l’illu-
mination pompeuse du cortège.

Sur le revers de la feuille se trouve encore un rapide croquis à
la sanguine rappellant aussi la manière du Corrège; c’est un jeune
homme nu, blessé ou mourant, et secouru par une figure drapée, qui
servit sans doute d’étude pour une Mise au tombeau.

E. JACOBSEN
 
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