GAZETTE DES BEAUX-ARTS
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élégantes sculptures et développe à nos regards des scènes de la vie de
saint Jean-Baptiste. Quelle poésie se dégage de toutes les parties de
la composition, quelle noblesse de lignes exceptionnelle, quelle
grâce dans les plis de ces draperies et sur le visage de ces anges,
que de pittoresque dans les attitudes, non exemptes de maniérisme !
Aussi, pour nous permettre de mieux admirer ce chef-d’œuvre d’un
maître inconnu, sorti de l’école allemande de Veit Stoss, l’auteur
a-t-il soin de nous montrer ce que devait être la partie centrale avant
sa détérioration et avant la restauration assez malheureuse de 1860 :
il rétablit l’ordonnance des ligures et restitue dans son intégrité le
tableau primitif. Il fait, en outre, ressortir la grande parenté qui
existe entre ce triptyque, marquant la transition du gothique à la
Renaissance, et l’autel de sainte Anne, qui se trouve dans l’église de
Saint-Laurent, à Nuremberg, et qui fut achevé en 1323.
Nous séparant à regret de cette œuvre si vivante, passons à un
ouvrage de la même époque, beaucoup moins attrayant d’aspect
(1324-1527). Le livre de raison de Séverin Boner, intendant du châ-
teau royal de Cracovie, n’est qu’un livre do comptes. Cependant
M. Paul Popiel l'ouvre sous nos yeux et, à travers ces chiffres, en
apparence si arides, il sait nous faire entrevoir tout le mouvement
artistique de la cour de Sigismond le Vieux et de Bonne Sforza, au
temps brillant de la Renaissance. C’est l’heure solennelle, en effet, où
les maîtres venus de l’Italie, de Florence surtout, y renouvellent la
face de l’art. Le Wawel s’on souvient encore avec orgueil. Mais il
ne leur suffit pas d'enfanter des œuvres immortelles, ils veulent
aussi former des disciples qui, héritiers de leurs traditions et de
leurs exemples, transmettent aux générations à venir le llambeau
rayonnant du beau idéal.
Aussi est-il l’élève et le gendre d’un artiste florentin, Antonio
da Fiesole, cet architecte cracovien du xvi° siècle, Gabriel Slonski,
dont V.-J. Wdowiszewsld nous retrace la vie et nous énumère les
importants travaux. Quelques-uns de cos derniers sont parvenus
jusqu’à nous : la demeure d’Erasme Czeczotka, par exemple, et le
portail de la maison du Chapitre, dans la rue des Chanoines, qui
semble repousser le passant par sa peu encourageante inscription :
Procul este, profani, frappant contraste avec l’évangélique parole qui,
au-dessus de l’entrée dé la cure de Notre-Dame, ouvre la porte toute
grande au malheur et à l’amitié : Pateat amicis et miseris.
Mais 1 abbé Polkdwski nous ramène encore au Wawel. Il nous
raconte les vicissitudes par lesquelles ont passé le corps et le tom-
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élégantes sculptures et développe à nos regards des scènes de la vie de
saint Jean-Baptiste. Quelle poésie se dégage de toutes les parties de
la composition, quelle noblesse de lignes exceptionnelle, quelle
grâce dans les plis de ces draperies et sur le visage de ces anges,
que de pittoresque dans les attitudes, non exemptes de maniérisme !
Aussi, pour nous permettre de mieux admirer ce chef-d’œuvre d’un
maître inconnu, sorti de l’école allemande de Veit Stoss, l’auteur
a-t-il soin de nous montrer ce que devait être la partie centrale avant
sa détérioration et avant la restauration assez malheureuse de 1860 :
il rétablit l’ordonnance des ligures et restitue dans son intégrité le
tableau primitif. Il fait, en outre, ressortir la grande parenté qui
existe entre ce triptyque, marquant la transition du gothique à la
Renaissance, et l’autel de sainte Anne, qui se trouve dans l’église de
Saint-Laurent, à Nuremberg, et qui fut achevé en 1323.
Nous séparant à regret de cette œuvre si vivante, passons à un
ouvrage de la même époque, beaucoup moins attrayant d’aspect
(1324-1527). Le livre de raison de Séverin Boner, intendant du châ-
teau royal de Cracovie, n’est qu’un livre do comptes. Cependant
M. Paul Popiel l'ouvre sous nos yeux et, à travers ces chiffres, en
apparence si arides, il sait nous faire entrevoir tout le mouvement
artistique de la cour de Sigismond le Vieux et de Bonne Sforza, au
temps brillant de la Renaissance. C’est l’heure solennelle, en effet, où
les maîtres venus de l’Italie, de Florence surtout, y renouvellent la
face de l’art. Le Wawel s’on souvient encore avec orgueil. Mais il
ne leur suffit pas d'enfanter des œuvres immortelles, ils veulent
aussi former des disciples qui, héritiers de leurs traditions et de
leurs exemples, transmettent aux générations à venir le llambeau
rayonnant du beau idéal.
Aussi est-il l’élève et le gendre d’un artiste florentin, Antonio
da Fiesole, cet architecte cracovien du xvi° siècle, Gabriel Slonski,
dont V.-J. Wdowiszewsld nous retrace la vie et nous énumère les
importants travaux. Quelques-uns de cos derniers sont parvenus
jusqu’à nous : la demeure d’Erasme Czeczotka, par exemple, et le
portail de la maison du Chapitre, dans la rue des Chanoines, qui
semble repousser le passant par sa peu encourageante inscription :
Procul este, profani, frappant contraste avec l’évangélique parole qui,
au-dessus de l’entrée dé la cure de Notre-Dame, ouvre la porte toute
grande au malheur et à l’amitié : Pateat amicis et miseris.
Mais 1 abbé Polkdwski nous ramène encore au Wawel. Il nous
raconte les vicissitudes par lesquelles ont passé le corps et le tom-