LE MUSÉE DU MOBILIER FRANÇAIS AU LOUVRE 4SI
gemment soignées et restaurées, ne risqueront plus d’être dispersées
aux quatre vents du ciel pour orner des ambassades ou des légations
que décoreraient aussi bien des étoffes modernes. N’est-il pas bien
extraordinaire que dans un pays où a été fondée une institution
artistique aussi admirable que la manufacture des Gobelins, il
n’existe pas encore un musée de tapisseries, alors que l’État en
possède une suite incomparablement riche?
Passons maintenant à la description des salles consacrées au
mobilier français.
La première salle est réservée à Louis XIV, et c’est une porte
du Louvre, sculptée sous le grand roi, qui y donne accès. Dans un
tel musée, l’écueil presque inévitable est de faire ressembler l’en-
semble à une exposition de pièces d’ébénisterie. Les arrangements
dissymétriques ou plus ou moins pittoresques, possibles chez un
particulier, sont impossibles dans un musée, où il s’agit à la fois de
mettre chaque objet dans son meilleur jour, et aussi d’assurer la
circulation du public. Il s’ensuit que les meubles doivent s’adosser
aux murs, même quand leurs dispositions recommanderaient un
autre placement. Les organisateurs de cette nouvelle exhibition ont
fait tout leur possible pour que ce monument élevé à la gloire des
artistes français du xvu' et du xvin0 siècle eût aussi .peu que pos-
sible l’allure d’un garde-meuble public qui, par hasard, montrerait
des chefs-d’œuvre. On a pensé aussi que des tentures de différents
tons, destinées à encadrer les tapisseries, pourraient, dans une cer-
taine mesure, accentuer le caractère propre à telle ou telle époque.
Mais, en l’espèce, on est obligé de s’en tenir à une expression
moyenne; car les opinions, même chez les gens éclairés, diffèrent
au point de vue de l’expression qu’ils attribuent à tel ou tel style et
de l’impression qu’ils en ressentent.
Pour l’époque Louis XIV, pompeuse et un peu lourde, dont les
tapisseries ne redoutent pas les tons un peu heurtés, on a pris, avec
raison, une tenture d’un rouge sombre, qui a paru convenir aux
meubles en marqueterie, aux bronzes aux dorures très atténuées
sortis des mains de Boriile, aux consoles en bois doré. Aux deux gran-
des parois de cette salle sont tendues deux grandes tapisseries des
Gobelins de l’époque de Louis XIV : Le Parnasse, d’après Raphaël,
et La Visite du roi à la manufacture des Gobelins, tenture dont la
présence au milieu d’un semblable ensemble était, pour ainsi dire,
gemment soignées et restaurées, ne risqueront plus d’être dispersées
aux quatre vents du ciel pour orner des ambassades ou des légations
que décoreraient aussi bien des étoffes modernes. N’est-il pas bien
extraordinaire que dans un pays où a été fondée une institution
artistique aussi admirable que la manufacture des Gobelins, il
n’existe pas encore un musée de tapisseries, alors que l’État en
possède une suite incomparablement riche?
Passons maintenant à la description des salles consacrées au
mobilier français.
La première salle est réservée à Louis XIV, et c’est une porte
du Louvre, sculptée sous le grand roi, qui y donne accès. Dans un
tel musée, l’écueil presque inévitable est de faire ressembler l’en-
semble à une exposition de pièces d’ébénisterie. Les arrangements
dissymétriques ou plus ou moins pittoresques, possibles chez un
particulier, sont impossibles dans un musée, où il s’agit à la fois de
mettre chaque objet dans son meilleur jour, et aussi d’assurer la
circulation du public. Il s’ensuit que les meubles doivent s’adosser
aux murs, même quand leurs dispositions recommanderaient un
autre placement. Les organisateurs de cette nouvelle exhibition ont
fait tout leur possible pour que ce monument élevé à la gloire des
artistes français du xvu' et du xvin0 siècle eût aussi .peu que pos-
sible l’allure d’un garde-meuble public qui, par hasard, montrerait
des chefs-d’œuvre. On a pensé aussi que des tentures de différents
tons, destinées à encadrer les tapisseries, pourraient, dans une cer-
taine mesure, accentuer le caractère propre à telle ou telle époque.
Mais, en l’espèce, on est obligé de s’en tenir à une expression
moyenne; car les opinions, même chez les gens éclairés, diffèrent
au point de vue de l’expression qu’ils attribuent à tel ou tel style et
de l’impression qu’ils en ressentent.
Pour l’époque Louis XIV, pompeuse et un peu lourde, dont les
tapisseries ne redoutent pas les tons un peu heurtés, on a pris, avec
raison, une tenture d’un rouge sombre, qui a paru convenir aux
meubles en marqueterie, aux bronzes aux dorures très atténuées
sortis des mains de Boriile, aux consoles en bois doré. Aux deux gran-
des parois de cette salle sont tendues deux grandes tapisseries des
Gobelins de l’époque de Louis XIV : Le Parnasse, d’après Raphaël,
et La Visite du roi à la manufacture des Gobelins, tenture dont la
présence au milieu d’un semblable ensemble était, pour ainsi dire,