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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 25.1901

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Nr. 6
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Kahn, Gustave: Daumier
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https://doi.org/10.11588/diglit.24807#0513

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484

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

des vers où il semble, au début de la Mort des Artistes, plaindre et
presque pleurer Grandville :

Combien faut-il de fois secouer mes grelots,

Et baiser ton front bas, morne caricature,

Pour piquer dans le but, de mystique nature ?

Combien, ô mon carquois, perdre de javelots? ..

Duranty, dans l’excellente étude publiée ici môme après l’expo-
sition des peintures de Daumier, en 1878, rapporte que Daubigny se
souvenait de Daumier devant son Raphaël, et lui-même l'apparente
à Holbein pour sa science absolue de la ligure humaine

f *

On a dit qu’Alexandre Dumas était une force de la nature, et
c’était faux. On ne l’a pas dit de Daumier, et on a eu tort. Quelle
colossale produclion, quelle jonchée prodigieuse de feuilles volantes,
où passent le roi, les pairs, les représentants, les usiniers gras, les
ouvriers maigres, les penseurs, les philosophes, les bas-bleus, les
amateurs, les rois nègres, des armées, des pêcheurs à la ligne, les
faux dieux, les tragédiens, des exposilions et les peuples qui s’y
ruent! Cela contient le portrait d’histoire, la comédie de mœurs, le
propos de mitronnet. Le Isar Nicolas s’y détache d’un proli! énorme,
et l’Anglais qui a vu la tour Saint-Jacques veut voir aussi la tour
Saint-Ybars. C’est épique, et c’est parfois encore bousingot. Et tout
un paysage s’évoque aux fenêtres des chambres où le caricaturiste
est venu donner un coup d’œil de synthèse, et les pêcheurs à la
ligne sont enlevés sur les plus amusants fonds de ville et de ban-
lieue. C’est la production de Protée ; tous les jours, il pêche hors la
mer grise de la bourgeoisie de son temps, aux vagues fortes et
pareilles, une perle. Tousles jours il triomphe; c’est bien rare qu il
sommeille. Il devrait être heureux de se sentir une force, et, dans
cette lutte, dans cette vibration, il est, avec une joie profonde et
peut-être seulement le dimanche, ce bourgeois curieux, tranquille,
amusé, à la forte carrure, rivé à son chevalet, qu’a peint Boulard.
Le dessinateur extraordinaire abandonne tout pour faire de la pein-
ture, et il souffre de n’être pas autre chose que ce qu’il est. Ariel,
las de tant de mélodies, veut se recueillir et écrire des symphonies.
Il a peur de la fragilité du dessin, de la dispersion des petites
feuilles. 11 veut équilibrer des tableaux.

Et sa destinée le lui commandait. Elles sont trop rares, les
 
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