Greene, J. B.: Fouilles exécutées à Thèbes dans l'année 1855 (Paris, 1855)

CHAPITRE PREMIER.

FOUILLES DE LA PREMIÈRE COUR DU PALAIS DE RAMSÈS III.

La première cour est, comme on l'a vu plus haut, comprise entre deux pylônes et encombrée de ma-
sures coptes s'élevant sur plusieurs points jusqu'aux frises. Elle est de forme rectangulaire, longue d'en-
viron 35 mètres, et large d'environ 44- De chaque côté règne une galerie soutenue, celle de droite par
sept piliers, celle de gauche par huit colonnes, le tout orné de sculptures peintes, du même style que celles
de la seconde cour.

Ce fut du côté droit que je fis quelques recherches.

A chaque pilier était adossé un colosse, comme l'indiquaient des sommets de coiffures qui dépassaient
les décombres. Les colosses des premier, second, troisième, quatrième et sixième piliers ont été détruits.
Ces piliers, déblayés à plus de deux mètres au-dessous du sommet des coiffures, n'ont présenté qu'une
surface fruste, montrant la place autrefois occupée par le colosse. Au cinquième pilier je trouvai une coif-
fure fort bien conservée ; la tête avait été fortement dégradée et le cou brisé. Au septième et dernier pilier,
je découvris enfin un colosse dont le corps était dans un état de conservation assez satisfaisant, bien que
la coiffure eût presque entièrement disparu et que la tête eût un peu souffert. Les découvertes faites aux
cinquième et septième piliers permettent de restituer aisément une de ces grandes figures qui, comme
nous l'avons dit, décoraient un côté de la cour.

La coiffure est celle d'Osiris, avec les deux particularités suivantes : i° entre la partie ovoïde et la plume
s'allonge un corps de serpent à tête de chacal ou de chien, cette tête s'appuyant sur l'extrémité supérieure
de la plume ; 2° de niveau avec la face se trouve une petite figure d'Ammon, assise, dont le torse a disparu,
mais dont il reste les genoux et l'extrémité supérieure des deux plumes de la coiffure.

Le colosse repose sur un socle élevé de om.82, long de im.o,4, et large de im43. Il est debout, les bras
croisés sur la poitrine, et tient d'une main le sceptre, de l'autre le fléau. Ses reins sont entourés d'une
schenti très-riche, tombant jusqu'aux genoux et ornée par en bas d'une ligne d'urœus. Un poignard est
passé dans la ceinture, au milieu de laquelle se trouve le cartouche prénom de Ramsès III. Au-
dessous de ce cartouche règne une inscription verticale contenant la légende du même prince, qui
se trouve deux fois répétée sur le socle , avec sa bannière et deux prisonniers, l'un africain, l'autre asiati-
que, que l'épervier placé en tête de cette bannière, symbole à la fois d'Horus et du roi, armé d'un bras,
tient par la chevelure. Le colosse est en grès; il paraît avoir été recouvert d'une couche de stuc et peint;
l'inscription de la schenti porte encore des traces de couleur. On sait du reste que, dans le spéos de Ghir-
sché, en Nubie, les colosses présentent cette même disposition.

De chaque côté du colosse de Médinet-Habou se trouve une figure haute de im,75, représentant sans
doute un des enfants du roi. L'une d'elles, à droite, représente une jeune fille, le front surmonté d'un
double urœus, l'autre un jeune garçon, nu jusqu'à la ceinture, portant, comme la première , une coiffure
composée de deux parties inégales; le jeune homme tient de plus l'insigne de l'ordre sacerdotal appelé Sam.
La hauteur du colosse est de gm.o3, qui, ajoutée à celle du socle, om.8a , donne une hauteur totale de
près de 10 mètres. Ce groupe, d'une très-bonne exécution, est aussi remarquable par la beauté des lignes
que par la finesse des détails. Le roi est figuré sous la forme de Phtah-Sbkari-Osiris, l'une des divinités prin-