DE L’ESPRIT HUMAIN. 127
fait un portrait aussi spirituel, que naif. 11
a eu rail’on de dire, dans une de ses fahles:
7S Gra-
tneme temps sont admirables, & dont la precision ne se
trouve pas dans la traduftion, quelque fidele qu’elle soit.
„Heureux celui qui libre des affaires, & detache de
„tout interet, cultive ä l’cxemple des premiers homtnes,
„I’hentage de ses peres; qui decharge du service des ar-
„mes n’elt point reveille par le son effrayant des trom-
„pettes, qui n’a point ä redouter le courroux d’une mer
„orageuse; qui fuit le bareau, & les superbes palais des
„grands! II s’occupe ä attacher les plus forts rejettons
„de sa vigne aux peupliers les plus eleves, ou i retran-
„cher les branches d’un tronc slerile, pour y en grefter
„qui portent du fruit. Tantot du fond d’un vallon so-
„litaire il se plait ä voir dans les prairies, des troupeaux
„de boeufs epars, qui font retentir au loin leurs mu-
„gislemens ; tantot il fait tondre ses moutons surcharges
„de leur laine, ou il exprime le miel de ses rayons dans
„des vases bien nets; quand la riante automne eleve
„dans nos vergers sa tete paree de fruits murs, quel
„plaisir pour lui de cueillir aux arbrcs les poires de la
„meine tnain dont il les a greffees, ou de prendre sür
„la vigne des grapes de raisin, dont le coloris le dis-
„pute ä la plus belle pourpre, pour en offrir les pre-
„mices aux divinites champetres qui president ä la con-
„servation de nos jardins & des limites de nos terres!
„Veut il se reposer au pie d’un ebene touffii, ou sür
„le ver4 gazon: la cascade naturelle d’un ruisseau voisin,
„& le doux murmure d’une fontaine semblent concer-
„ter avec le tendre ratnage des oiseaux pour l’inviter in-
„sensiblement au sommeij. L’hyver orageux menace-t-il
fait un portrait aussi spirituel, que naif. 11
a eu rail’on de dire, dans une de ses fahles:
7S Gra-
tneme temps sont admirables, & dont la precision ne se
trouve pas dans la traduftion, quelque fidele qu’elle soit.
„Heureux celui qui libre des affaires, & detache de
„tout interet, cultive ä l’cxemple des premiers homtnes,
„I’hentage de ses peres; qui decharge du service des ar-
„mes n’elt point reveille par le son effrayant des trom-
„pettes, qui n’a point ä redouter le courroux d’une mer
„orageuse; qui fuit le bareau, & les superbes palais des
„grands! II s’occupe ä attacher les plus forts rejettons
„de sa vigne aux peupliers les plus eleves, ou i retran-
„cher les branches d’un tronc slerile, pour y en grefter
„qui portent du fruit. Tantot du fond d’un vallon so-
„litaire il se plait ä voir dans les prairies, des troupeaux
„de boeufs epars, qui font retentir au loin leurs mu-
„gislemens ; tantot il fait tondre ses moutons surcharges
„de leur laine, ou il exprime le miel de ses rayons dans
„des vases bien nets; quand la riante automne eleve
„dans nos vergers sa tete paree de fruits murs, quel
„plaisir pour lui de cueillir aux arbrcs les poires de la
„meine tnain dont il les a greffees, ou de prendre sür
„la vigne des grapes de raisin, dont le coloris le dis-
„pute ä la plus belle pourpre, pour en offrir les pre-
„mices aux divinites champetres qui president ä la con-
„servation de nos jardins & des limites de nos terres!
„Veut il se reposer au pie d’un ebene touffii, ou sür
„le ver4 gazon: la cascade naturelle d’un ruisseau voisin,
„& le doux murmure d’une fontaine semblent concer-
„ter avec le tendre ratnage des oiseaux pour l’inviter in-
„sensiblement au sommeij. L’hyver orageux menace-t-il