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mission des monuments ne voient pas arriver
certain projet d'inventaire dont M. Piot s'é-
tait chargé pour l'église Ste Gudule. Ce pro-
jet devait servir de type. Il y a cinq ou six
ans que cette affaire est en jeu et on croit, avec
quelque raison, que cet inventaire est devenu
inutile, du moins pour les.églises rurales où
il n'y a plus grand' chose à inventorier. Il y
a vraiment quelque chose de désespérant à
voir combien, en Belgique , les bonnes idées
ont du mal à prendre racine et doivent céder
le pas aux mauvaisse. Le palais des Beaux-
Arts en est un des plus frappants exemples :
Rien de plus simple, au moyen de deux ajou-
tes, que de faire du palais ducal un local des-
tiné à nos expositions. Eh bien non! on a
poussé l'aberration jusqu'à projeter cette
construction à plusieurs kilomètres de Bruxel-
les et à rêver des millions pour la réalisation
de ce désir insensé. Ceci me rappelle que les
Hollandais ont réuni en un jour les fonds né-
cessaires pour construire leur palais de cris-
tal où se donnent toutes les fêtes nationales.
Le Gouvernement n'a pas, que je sache, donné
un sou. C'est bien chez nous que se rencon-
trera un amour-propre si national !

Les grandes ventes de tableaux de la saison
sont terminées. Jamais le luxe des enchères
n'a été poussé à un point aussi élevé. Un en-
gouement irrésistible et souvent inexplicable
a fait dégénérer en véritable furie, et parfois
en sottise, des aspirations dont le point de
départ n'avait rien que de très noble et de
très légitime. Beaucoup de choses nous frap-
pent dans les ventes de l'hôtel Drouot et quand
nous aurons le loisir d'en parler nous y re-
viendrons. Remarquons aujourd'hui que rien
que pour la saison, ce mystérieux hôtel a
donné asile à plus de cent tableaux de Mu-
rillo. Le 27 de ce mois on en a vendu vingt
provenant de la collection deM.Munoz. On ne
dit pas combien ils ont été payés. Y.

(Autre correspondance).

Bruxelles.

Empêché pendant quelque temps et à mon
grand regret de correspondre avec les lecteurs
du Journal des Beaux-Arts, je reprends au-
jourd'hui la plume, avec la ferme intention
de continuer avec régularité les correspondan-
ces que l'on a bien voulu accueillir avec quel-
que faveur. Nous avons, je pense, à renour
la chaîne des temps et nous le pouvons, si
nies confrères de la critique veulent Lien ser-
rer les coudes.

L'exposition des aquarellistes est fermée,
et le tirage au sort de la tombola organisée
en cette circonstance, aura eu lieu quand
paraîtront ces lignes. Le Salon a eu du suc-
cès, cela va de soi, mais un succès d'ad-
miration surtout, car, au rebours de ce qui

se passe généralement aux expositions des
aquarellistes, le nombre des ventes a été rela-
tivement restreint. Il ne faut pas chercher
loin pour trouver la cause de l'apparente in-
différence des amateurs; elle était tout entière
dans les préoccupations politiques d'il y a
deux mois, et cela est si vrai, que pendant les
derniers jours de la prolongation décidée par
la commission, il s'est vendu, grâce à la tran-
quillité renaissante, plus d'œuvres que pen-
dant toute la durée de l'exposition. Il est peut-
être encore une cause, et non pas accessoire
celle-là, du peu d'empressement des amateurs
à enrichir leurs collections de certaines œu-
vres exposées. Je veux parler de l'extrême
élévation des prix de vente. L'aquarelle au-
jourd'hui se côte le prix d'un tableau, et ce
n'est plus par centaines de francs que certains
aquarellistes se font payer, c'est par milliers.
Ils ont tort évidemment, car ils tuent la poule
aux œufs d'or et il en est plus d'un qui a pu
s'en apercevoir cette année. Mais à quelque
chose malheur est bon. MM. les capitalistes
en ne s'arrachant pas comme les années an-
térieures les choses marquantes, ont laissé
à la Société la latitude d'en enrichir la tom-
bola, qui se composait d'une dizaine d'œuvres
de choix.

Vous savez que c'est dans la salle du Pa-
lais Ducal que s'est faite l'exposition des
aquarellistes. La baraque de la place du
Trône était devenue inhabitable et elle est
actuellement en voie de démolition. Dans
quinze jours il n'en restera que le souvenir.
Si l'on ne voit pas disparaître sans une cer-
taine satisfaction cette étrange construction
qui, pendant quatre années consécutives, a
supporté les intempéries des saisons, on se
demande cependant par quoi elle va se trou-
ver remplacée. Par un palais des Beaux-Arts
à construire, répond-on à cette question.
Mais où sera-t-il et quand en jettera-t-on seu-
lement les fondations? C'est le secret des
dieux et ce sera aussi leur ouvrage de nous
procurer pour dans deux ans un local d'expo-
sition triennale.

Au Cercle artistique et littéraire, la Société
internationale des Beaux-Arts de Londres a
fait une exposition que je serais tenté d'ap-
peler rétrospective et où sont réunies des
œuvres fort intéressantes et fort remarquables.
De plus, l'exposition est arrangée avec goût
et elle est bien digne d'être visitée. Il est peu
de tableaux récents à l'exposition delà Société
internationale, et il en est un bon nombre que
l'on a vu aux expositions etdans des ventes pu-
bliques d'où elles sont passées dans diverses
collections. Les propriétaires se servent de l'in-
termédiaire de la Société internationale pour
les exposer en vente. La Société anglaise
étant basée sur le principe coopératif, peut

1 augmenter l'avoir commun de ses membres
par des opérations de cette nature. En outre
elle a des tombolas hebdomadaires. L'espace
me manque aujourd'hui pour vous signaler
les principales œuvres de l'exposition du
Cercle. Je me propose d'y revenir dans une
prochaine lettre.

Je vous ai communiqué, il y a quelques mois,
les programmes de deux concours qui sont
venus à terme depuis ma dernière lettre et
dont je puis vous entretenir derechef au-
jourd'hui.

La Société royale protectrice des animaux
dont le comte de Flandre est président d'hon-
neur, avait ouvert un concours pour la com-
position d'un album populaire de dessins re-
présentant des sujets de bons et de mauvais
traitements envers les animaux. Le prix ins-
crit au programme était une médaille de ver-
meil, à laquelle devait s'ajouter une somme
de deux mille francs pour l'œuvre complétée,
gravée sur bois et publiée. Deux projets ont
été distingués par le jury que présidait M.
Eug. Verboeckhoven et dont le rapport a été
récemment publié. Ils ont obtenu, l'un le prix,
sous condition qu'il soit publié, l'autre une
médaille de vermeil hors concours. Les lau-
réats sont MM. Antonin Goyers et Louis Del-
beke. J'ai eu l'occasion de voir les œuvres
des deux artistes, œuvres remarquables toutes
deux et qui m'ont fait profondément regretter
qus nos peintres ne soient pas plus souvent
à même de se consacrer à l'illustration. L'œu-
vre de M. Goyers est spontanée, intelligente
et juste. Je me souviens surtout d'y avoir vu
un sujet, que d'ailleurs le rapport de M.
Stroobant signale particulièrement comme
l'un des plus heureux : un cheval de vigilante
qui stationne au coin d'une rue par une pluie
battante. Le cocher est au cabaret, furmant sa
pipe sans s'inquiéter du tout de la santé du
cheval qui lui gagne son pain. Ce dessin est
intitulé égoïsme. Il est charmant. Les autres
le sont d'ailleurs aussi et le concours de la
Société protectrice a donné à M. Goyers l'occa-
sion de se révéler comme un illustrateur de
grand mérite. Il faut souhaiter de voir son
œuvre publiée et il ne me semble point dou-
teux qu'elle ne rencontre le succès.

M. Delbeke a des antécédents comme pu-
bliciste. Je crois avoir vu de lui des albums
de sujets assez mystiques. C'est d'ailleurs
d'une manière presque emblématique qu'il a
conçu son plan, et c'est là ce qui l'a fait écar-
ter par le jury dont le rapport est cependant
fort élogieux pour lui. L'album de M. Delbeke
mérite du reste d'être loué, car il est dessiné
avec soin et une correction que n'a pas tou-
jours M. Goyers dans son travail. Il est au
trait et je crois que l'auteur se propose de le
reproduire par l'héliolithographie.
 
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