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— 108 —

leur exposition à Paris. Passons maintenant
à ceux que nous n'avons pas encore eu occa-
sion de mentionner.

Ghémar, frères. Nous ne parlerons pas des
petits portraits que Ghémar exécute avec une
préoccupation intelligente mais visible de la
pose; examinons les grands.

A notre avis, Ghémar a beau faire, il ne
saurait être photographe : son tempérament
de dessinateur reprend continuellement le des-
sus et lui fait faire des choses qui dépassent
le but que doit atteindre la photographie ;
celle-ci est pour lui une préparation sur la-
quelle son crayon savant se prélasse, se pro-
mène avec une adorable grâce et une facilité
merveilleuse. Nous n'en voulons pour preuve
que ces vivants portraits de notre Roi et de
notre Reine et ces splendides planches, si
belles d'efl'et, représentant le convoi funèbre
de Léopold 1er. L'art de la photographie est
\enu à merveille pour M. Ghémar et sa fécon-
dité; il lui prépare les parties les plus lon-
gues et les plus fastidieuses de sa besogne,
puis arrive le maître qui jette par ci par là
des étincelles et l'œuvre luit. Voilà Ghémar.

Il a donc beau dire et beau taire, il n'a du
photographe que la fameuse porte cochère,
l'enseigne et non le fond. Il le sait, et il ne s'en
désole pas, bien au contraire. Sa popularité
qui date déjà de loin, est basée sur cette posi-
tion un peu hybride si l'on veut, mais qui, en
définitive, lui a valu des succès solides.

Géruzet, frères. Cette maison exclusivement
occupée du portrait, a d'excellents opérateurs
qui donnent des produits où l'on remarque le
soin avec lequel on s'attache à faire briller
la physionomie du modèle. Il y a, dans cette
recherche, un peu d'excès, car il arrive que le
visage reproduit, porte avec lui une brutalité
d'exactitude qui n'est point tempérée par la
fonte et la morbidesse naturelle des couleurs
de la nature. Comme la photographie ne
dispose que d'une gamme de tons pour repro-
duire toutes les couleurs, il faut éviter avec
soin des effets qui ne sont point heurtés dans
la nature et qui le deviennent dès qu'ils sor-
tent des conditons normales où ils se trou-
vent. Les grands portraits de M. Géruzet sont
donc trop accentués; il suffirait d'assourdir
un peu cet effet pour arriver à des résultats
d'une grande valeur, car, en dehors de ce
que nous venons de dire, il n'y a guère qu'à
louer dans la pose donnée par M. Géruzet à
ses modèles ainsi que dans le goût et le choix
des détails. Nous avons aussi remarqué la
pose toujours heureuse des mains et leur par-
faite exécution.

M. De Laetre. Ce photographe a exposé,
entre autres, une reproduction du fameux ta-
bleau des frères Van Eyck, de l'église de St.
Bavon, à Gand, VAdoration de l'Agneau. Cette

épreuve mesure près d'un mètre de haut sur
près de deux mètres de large.

Nous ne connaissons point d'autre repro-
duction de ce tableau;nous ne pouvons donc
juger par comparaison; mais nous croyons
qu'il est impossible de rendre avec plus d'en-
tente les parties minutieuses de l'œuvre. Evi-
demment, il y aurait excès sons ce rapport, si
la planche devait servir à faire juger seule-
ment de l'effet du tableau, effet qui serait
manqué considéré dans son ensemble.

Nous ne comprenons pas très bien comment
procède M. De Laelre pour obtenir de sem-
blables résultats, mais qu'on se figure l'œuvre
des Van Eyck photographiée jusque dans
lfs détails les plus invisibles, tellement que
l'original , vu ordinairement à une distance
calculée et mesurée, devient pour nous qui
pouvons aujourd'hui l'examiner à la loupe,
toute une révélation. Les innombrables pier-
reries qui constellent le vêtement et la tiare
de Dieu le père, les inscriptions qui bordent
sa tunique, celles qui surchargent ce panneau
et les deux panneaux voisins, l'émail des
dalles du sol, l'horizon, les arbres, les bâti-
ments, lesfleurs, lesfruits, lcsplantes, les brins
d'herbe, les cheveux et les poils de la barbe
des personnages, les plis de leurs vêtements,
et, particulièrement, l'expression des phy-
sionomies, tout enfin, donne lieu à une étude
en quelque sorte nouvelle du chef-d'œuvre.
C'est un immense service rendu à l'étude de
l'art ancien sous tous les rapports, même sous
le côté le plus défavorable au tableau, car il
nous permet de constater avec un vif regret,
que, quellequesoitlaconservationdel'œuvre,
celle-ci a dû être étrangement défigurée par les
restaurateurs qui s'en sont occupés depuis
Lancelot Blondeel, en 1550, jusqu'en 4858.
En effet, à y regarder de près, on découvre
sans peine qu'il doit rester bien peu de la
peinture primitive. Sans compter les deux
copies modernes d'Adam et Eve si bizarre-
ment accoutrés de tuniques en peau de bête.

Quoiqu'il en soit, nous voilà en posssession
d'un fac-similé des plus authentiques et des
plus intéressants, et nous croyons remplir un
I devoir et rendre un grand service aux curieux
| comme aux savants, en signalant à leur atten-
tion le résultat remarquable des travaux de
M. De Laetre, résultat obtenu par des procé-
dés dont l'application à d'autres reproduc-
tions, peut aboutir à des conséquences tout à
fait inattendues. Une des épreuves de t'Ag-
neau pascal a été donnée par l'empereur au
palais des Beaux-arts, à Paris. (î)

(î) M. De Laetre demeure à Gand, rue des Douze
Chambres, 9. La grande épreuve de ' VAgneau'pascal
coule 25 fr, Une réduction de 36 centim. sur 26 c. existe
aussi au prix de 10 fr. Nous croyons rendre un véritable
service aux amateurs en leur donnant ces détails.

Le même photagraphe a exposé une planche
mesurant un mètre et figurant une scène mo-
derne avec seize personnes. Cette planche
doitavoirété également traitéedansunsystème
spécial : tout y est accusé avec une intensité de
lumière égale, froide peut-être comme effet,
mais inappréciable comme exactitude.

Dans nos prochains n05 nous nous occupe-
rons de MM. Dupont, Maes, Neyt et Fierlants.

(Correspondance particulière.)

Bruxelles.

Les trois écoles de dessin et de modelage
des communes-faubourgs d'Ixelles, de St.
Josse-len-Noode et de Molenbeek-St-Jean,
viennent de fermer les expositions par les-
quelles ces établissements permettent chaque
année au public d'apprécier la marche de
leurs éludes. Si nous venons après les autres
journaux parler de ces exhibitions, c'est que
nous avons tenu à faire une étude compara-
tive des trois écoles, et celle d'Ixelles vient
à peine de fermer ses portes.

Il y a quelques années, le conseil supérieur
de perfectionnement de l'enseignement des
arts de dessin, mit au concours une méthode
d'enseignement. Jusqu'ici le concours n'a rien
produit, et il nous semble qu'il y a lieu de
s'en féliciter. Asseoir sur des bases uniformes
l'enseignement des Beaux-Arts, est moins
rationnel que la réglementation des études
primaires et moyennes, pareequ'il y a dans
les arts, certaines aptitudes dont il convient
de tenir compte et que le maître intelligent
doit diriger dans le sens le plus propre à leur
développement. Si le concours ouvert par le
conseil de perfectionnement avait pu aboutir,
et il y a lieu de concevoir quelques doutes à
cet égard, il était rationnel d'admettre que
l'œuvre primée dût recevoir le plus d'exten-
sion possible; dès lors nous étions exposés à
voir une foule de localités secondaires, façon-
ner, sur le patron officiel, des écoles de dessin,
qui eussent à coup sûr valu mieux que pas
d'école du tout, mais dont les études couraient
le risque d'être moins complètes que si elles
avaient été abandonnées à l'initiative du maî-
tre. Il ne nous semble donc point qu'en fait
de méthode, il faille être exclusif, mais ce
que nous considérons comme indispensable
dans l'enseignement des arts du dessin, c'est
l'existence d'une méthode, et, ce que nous con-
sidérons comme plus indispensable encore,
c'est que celle-ci admise, elle soit raisonnée,
c'est-à-dire ayant un esprit de suite logique
et progressif. Nous ne saurions citer de plus
puissants arguments à l'appui de notre opi-
nion que les études des écoles dont nous al-
lons nous occuper aujourd'hui.

Fondées toutes trois il y a quelques années
 
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