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Journal des beaux-arts et de la littérature — 13.1871

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https://doi.org/10.11588/diglit.18908#0076
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— 08

casion me paraît propice et le cas assez
probant. 11 est clair que si un pareil tra-
vail avait été fait sur des données exactes
et d’une manière bien précise pour la nou-
velle Bourse, l’architecte lui-même aurait re-
culé d’épouvante et aurait, d’un seul coup,
surélevé sa coupole d’une couple de mètres
peut-être.

Cela est d’autant plus regrettable que ce
n’est pas la première fois que pareille chose
se présente à Bruxelles même. C’est pour
n’avoir pas assez tenu compte du point de
vue sous lequel ils devaient être examinés,
que beaucoup de nos monuments publics
ne produisent pas tout l’effet qu’ils auraient
produit par quelques modifications souvent
très-légères. La gare du Nord, placée en
contre-bas de la rue Neuve, n’est visible,
dans son ensemble, que de l’extrémité de
la rue de l’ancienne porte de Cologne; et
de là encore, la vue plonge. Or, une vue
plongeante est loin d’être favorable à aucun
édifice : un peu plus de soubassement et
la faute était corrigée. La gare du Midi est
rapetissée, par l’étendue de la plaine nue et
monotone qui l’entoure.

Une objection que l’on fera peut-être à
ce qui précède, c’est que les grands archi-
tectes d’autrefois n’avaient pas recours à ces
constructions dans l'espace, à ces tracés du
relief apparent. Cela est possible, mais il
ne faut pas perdre de vue que ces grands
édificateurs travaillaient eux-mêmes, la
plupart du temps. Outre la forte puissance
de conception dont ils étaient doués, ils
avaient la faculté de corriger ce qu’ils re-
marquaient de défectueux dans leur projet.
Je ne pense pas qu’ils fussent bridés, en-
rayés par des cahiers de charge ou devis
minutieusement élaborés. Peut-être aussi
les fortes études qu’ils avaient faites, la
connaissance approfondie qu’ils avaient de
la perspective, les dispensaient-elles de re-
courir à cet auxiliaire et leur donnaient-elles
une vue intime de leur construction. La
chose était donc connue, la mise en pratique
seule différait. Les statuaires ont, du reste,
toujours tenu compte du changement d’as-
pect que devait produire l’éloignement soit
horizontal, soit vertical; ils savaient combi-
ner leurs lignes ou leurs masses selon la
place que devait occuper leur œuvre, sui-
vant le cadre dans lequel elle devait être
placée. Phidias n’avait-il pas raisonné par-
faitement son inimitable frise duParthénon?
(Voir : Phidias, par Bculé, de l’Institut). —
Et nos sculpteurs, ne l’ont-ils pas compris
aussi ? Qui n’a été surpris lorsqu’il s’est
trouvé pour la première fois en présence
des statues de à ésaie et de Rubens, mou-

lées en plâtre au musée moderne, alors
qu’il connaissait depuis longtemps les bron-
zes de la place des Barricades et de la Place
Verte ? — Mais autre chose est d’agrandir,
de forcer les dimensions d’une maquette ou
de profiler dans l’espace un monument com-
posé de divers corps architecturaux. Le tra-
vail est difficile, délicat, mais aussi indis-
pensable. Pour un monument ordinaire,
une vue perspective d’ensemble suffira; pour
un édifice offrant deux aspects, deux dispo-
sitions distinctes, il en faudrait une pour
chaque façade.

Il me reste encore un point que je me
proposais de traiter; mais je m’aperçois
que cette lettre est assez longue. A plus
tard.

Agréez, etc.

An dermes, Mai 1871. E. J. Dardenne

Exposition artistique à Namur.

Le cercle artistique et littéraire ouvrira
le 2 Juillet prochain, pour être fermée le
10 Août suivant, une exposition d’objets
d’art sur laquelle nous appelons l’atten-
tion des artistes. Rappelons brièvement ici
que dans les temps anciens et modernes,
cette pittoresque province a possédé une
école de paysage qui a donné des noms his-
toriques, honneur et gloire de la patrie.
De Blés, Patenier, Juppin. De Saive, Ni-
colaï, la Fabrique, Durieu, Michel, Evrard,
Lion, Noël, eux aussi ont laissé d’hono-
rables souvenirs dans notre histoire artisti-
que comme peintres d’histoire, de genre et
de portrait. Rappelons enfin celui qui les
surpasse tous et dont le nom immortel jette
sur le pays l’éclat ie plus pur, Wiertz. Une
situation si brillante commandait à la pro-
vince de Namur de ne pas rester inférieure
à son passé. Déjà plusieurs foisdepuis 1850,
elle a compris ce qu’elle avait à faire sous
ce rapport, car des expositions ont eu lieu
au chef-lieu de la province et elles ont tou-
jours eu le succès espéré sans compter
qu’elles ont puissamment contribué au dé-
veloppement du goût dans les arts. Aujour-
d'hui cette tâche incombait naturellement
au Cercle artistique et littéraire de Namur
qui vient d'adresser son appel aux artistes,
appel que nous venons appuyer de toutes
nos forces et qui, nous l’espérons, sera
entendu.

Le groupe des artistes namurois vivants
ne sera pas des derniers à répondre à cet
appel. Rofïîaen, Quinaux, Kindermans, Bo-
net, Baudin,Laborne,(i) Dandoy,Sodar, Ma-
rions, et tant d’autres dont les noms nous

(i) Ces trois artistes sont élèves de Marinus.

échappent, ne laisseront pas passer cette
occasion d’envoyer à Namur une preuve
nouvelle, de leur affection pour le clocher
natal, et,si nos renseignements sont exacts,
il s’en trouve dans ceux que nous venons
de nommer, quelques-uns qui parachèvent
avec amour leur œuvre d’envoi.

(Correspondance particulière.)

Liège, Mai 1871.

Monsieur le Directeur,

Nos journaux affirment qu’il est question
d’intenter une action devant les tribunaux à
l’auteur de la statue de Charlemagne pour
l’obliger à restaurer les dégâts commis au
monument, qui, à l’exemple de la colonne
du Congrès,a subi déjà des avaries; les cau-
ses, toutefois, comme vous allez en juger,
n’en sont pas exactement les mêmes.

On se rappellera que quelque temps après
son inauguration, le monument fut à diverses
reprises, en butte aux attaques de malfaiteurs
qui, enhardis par l’attitude débonnaire des
agents de l’autorité, se concertèrent au nom-
bre d’une douzaine d’individus et lui livrè-
rent en pleine nuit, un assaut sérieux. Mal-
gré leurs efforts désespérés pour renverser
la statue de Charlemagne,ils ne purent y par-
venir ; ils tournèrent leur rage sur une des
statues du piédestal qu’ils réussirent à abat-
tre (i) non sans causer des dégâts considé-
rables au monument, comme on peut se
l’imaginer. Tout cela se faisait à la barbe des
nuitteurs, comme le disait un journal de
Liège, l’Avenir. On se demande si le régime
actuel de la Commune de Paris a quelque
chose à envier à cet acte de mauvais gré,
comme le qualifie aussi l'Avenir en en de-
mandant la répression profonde et sévère.
On s’est bien gardé toutefois d’en rechercher
les auteurs ; on pense même que tout est
désormais oublié; mais il est encore, de par
le monde,des âmes honnêtes que la malveil-
lance et les injustices révoltent et qui se
vouent à leur répression. Un auteur fran-
çais, M.Montalant, que nous avons vu pren-
dre tant d’intérêt à l’érection de la statue de
Charlemagne en notre ville, (2) ayant lu
dans les Débats du 6 Octobre 1869 une re-
lation de cet acte de vandalisme,ne put con-
tenir son indignation ; elle se traduisit par
une nouvelle épitre à l’adresse cette fois du
statuaire, comme un témoignage de sa sym-
pathie. Le poète de Versailles qui est en
rapport intime avec plusieurs notabilités lié-
geoises, ayant appris la responsabilité que 1 2

(1) Celle-ci, la face contre terre, resta quatre
jours sur la voie publique avant que l’admini-
stration ne la fît remettre en place.

(2) Voir Journal des Beaux-Arts, 1868n°16.
 
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