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du livre, et j’engage vivement tous les amis
de l’art à aller mir ces œuvres, dont quel-
ques-unes, les portraits surtout, ont une
valeur dont, pour ma part, je l’avoue, je
ne me doutais pas.

(Correspondance particulière.)

Monsieur le Directeur,

C’est un temps bien agréable que celui
des vacances, non pas seulement à cause
du repos qu’il nous procure, mais aussi à
cause de l’occasion qu’il nous fournit,à nous,
confinés dans le désert, entièrement absor-
bés par nos travaux scolaires, de sortir un
peu de notre coquille, d’aller respirer un
peu l’air de la ville, de nous retremper dans
cette atmosphère artistique qui enveloppe
nos grandes cités embellies de tant de mo-
numents admirables, enrichies de collections
si précieuses. 11 y a toujours quelque chose
à recueillir de ces visites, quelque petite bribe
à glaner dans ces champs tant de fois explo-
rés. J’ai donc fait cette fois comme de cou-
tume; j’ai erré quelques jours à Bruxelles.

Les changements, cette fois, étaient peu
considérables. Le musée de la porte de liai
était fermé : c’est l’ordinaire, quoique cette
fois il y eût un motif assez plausible : les tra-
vaux d’agrandissement. Peu versé dans les
connaissancesarchitecturales particulières au
tvpe de ce monument, je n’en dirai rien ; je
laisserai à d’autres l’appréciation des chan-
gements qui ont été apportés à son aspect
extérieur.

Au musée des Beaux-Arts, rien de neuf ;
toujours les mêmes toiles qu’on ne se lasse
point d’admirer ; même galerie des gothi-
ques où l’on n’est jamais distrait par les
profanes ou les importuns ; de même que
dans les catacombes, on n’entend là que
le bruit de ses pas se répercutant de salle
en salle. Et cependant, que de toiles admira-
bles ! Ce fait seul suffirait pour donner la
mesure de ce qu’il reste à faire pour com-
pléter l’éducation artistique chez nous.

Au Palais Ducal plus de visiteurs. Bon
nombre de places étaient libres cependant :
les occupants sont sans doute allés faire une
petite excursion en Angleterre. Une heu-
reuse innovation à signaler, ce sont les pro-
ductions photographiques en fac-similé des
esquisses des grands maîtres. Nous avons
vu cette splendide collection à la Gare du
Midi en 1867; nous ne pouvons que féliciter
l’Administration des Beaux-Arts de l’avoir
annexée à notre brillante galerie.Seulement,
faute d’espace, quelques specimens peuvent
seuls être mis en vue dans des casiers vi-
trés parfaitement disposés. Comme appli-
cation de la même idée, on a placé au-des-

sous des trois tableaux marquant les étapes
de la carrière artistique de notre illustre et
regretté Leys, une série de photographies
formant sans doute une frise ou fresque dé-
corative; il est regrettable que le sujet n’en
soit pas indiqué, comme pour les tableaux.
Toujours est-il que cette adjonction peut
aider à se faire une idée plus complète et
plus exacte de notre grand peintre trop tôt
enlevé à la gloire et à ses succès.

En fait de constructions, il n’y a guère à
signaler que le Palais de Justice et la nou-
velle Bourse. Du premier de ces monuments,
on ne voit encore que peu de chose, si ce
n’est du côté de la rue des Minimes et de la
rue du Sabot. Là, au-dessus des solides ar-
catures en blocaille, apparaît le soubasse-
ment en pierre bleue, aux lignes larges et
sévères, percé des soupiraux des vraies ca-
ves, celles du moins qui correspondent com-
me telles au niveau de la rue de la Régence.
Pour le reste, ce n’est qu’une forêt de pou-
tres énormes, dressées et reliées entre elles
à leur sommet, au milieu desquelles gémis-
sent et s’agitent les grues aux longs bras
décharnés, les cabestans aux chaînes mul-
tiples et les locomobiles enpanachés. Tout
cela animé par une multitude d’ouvriers,
véritable fourmilière humaine, qui se meut
au milieu de ces engins ou circule sur les
échafaudages. A voir tout ce monde em-
porté d’un si beau zèle, je crois que nous
pouvons espérer de contempler un jour
dans son complet achèvement, ce temple de
Thémis.

Je passerai de ce temple à l’autre sans
transition. Les constructions, de ce côté,
ont été vigoureusement poussées pendant
l’année 1870. On voit aujourd’hui se dessi-
ner l’ensemble de l’édifice ; les abords en
sont déblayés et l’on commence à distin-
guer les grandes lignes architectoniques.
Attendons,pour juger cette œuvre colossale,
qu’elle soit débarrassée de ses échafaudages ;
prenons patience jusqu’à ce que les artistes
aient mis la dernière main à sa parure. II
est cependant une observation qu’on peut
faire dès maintenant.

La nouvelle Bourse occupe un immense
rectangle dont les petits côtés sont paral-
lèles à base de la rue du Midi. La façade
donnant sur cette dernière rue,promet beau-
coup. La façade latérale droite est entière-
ment visible, et d’une assez grande distance ;
on peut l’embrasser dans son ensemble
d’une ancienne petite rue qui débouche à
angle droit dans la rue du Midi, mais dont
le nom m’échappe en ce moment. Cette fa-
çade présente à ses extrémités deux pavillons
en saillie peu considérable, et, au milieu,

un avant-corps du même alignement. Cet
avant-corps se termine en pignon ou ponton
triangulaire moins les moulures de la base.
Au-dessous se trouve une vaste fenêtre demi-
circulaire reposant sur des arcatures plein-
cintre avec colonnettes, ordonnance qui se
rencontre assez fréquemment dans les styles
byzantin et romano-byzantin. Derrière le
tympan ou partie supérieure du pignon, se
dresse un mur en saillie considérable sur le
toit et dont les arêtes supérieures sont pa-
rallèles à celles du mur d’avant-plan. Enfin,
en arrière s’élève la coupole ou dôme à char-
pente en fer, à quatre faces et à arc surbaissé.
C’est ici que se présente l’observation que
je signalais tantôt. Placé le plus loin pos-
sible du monument, le sommet du premier
fronton se profile presque au niveau de la
corniche de la coupole. Le mur qui se trouve
derrière —- le second fronton, — est en
briques, ce qui fait supposer qu’il attend un
revêtement en pierre, comme le reste de la
construction. Or,ce revêtement prendra une
certaine épaisseur, qui, en rapprochant d’au-
tant le plan antérieur de la muraille, relève-
ra la projection du sommet beaucoup plus
qu’elle ne l’est aujourd’hui. Or, ce sommet,
dans la situation actuelle des choses, arrive
au-dessus de la corniche du dôme. Lorsqu’il
sera complètement habillé, il est à craindre
que le second pignon nele masque, du moins
en grande partie. Il en résultera que le corps
du milieu, partie principale de cette façade,
assez élancé dans sa partie inférieure et
moyenne, se trouvera littéralement écrasé
dans son couronnement.

On dira peut-être que cette critique est
exagérée ou du moins prématurée. Cela est
possible, je le désire ; mais je rapporte sim-
plement mes impressions, je note l’effet
produit, effet que chacun peut constater et
qu’il est difficile, pour ne pas dire impossi-
ble, à mon avis, de modifier. Mais, ajoute-
t-on : « comment cela se fait-il? les plans
étaient si beaux !... » — Oui, mais il y a
bien longtemps qu’on fait des plans forl beaux
sur le papier. Ces plans, pour l’ordinaire, ne
donnent qu’une idée imparfaite du relief ou
plutôt de l’aspect que présentera le monu-
ment. Il importerait,et c’est là la conclusion
pratique que je veux tirer de mon observa-
tion, que les plans géométraux, les épures
exactes fussent accompagnés de vues pers-
pectives établies d’après la disposition des
lieux et indiquant le rapport des grandes
masses, les effets qu’elles produiront les
unes sur les autres. C’est là une étude à-peu-
près négligée dans la plupart de nos écoles
ou académies. J’ai demandé qu’on s’en oc-
cupât; je reviens à la charge parce que l’oc-
 
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