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N° 1.

15 Janvier 1871.

Treizième Année.

JOURNAL DES BEAUX-ARTS

ET DE LA LITTÉRATURE

paraissant deux fois par mois, sous la direction de M. Ad. SIKET, memlire de l'Académie royale de Belgique, memlire correspondant de la Commission royale des monuments, memlire de
l'Institut des provinces de France, de la Société française d!Archéologie, de IAcadémie impériale de Reims, de l'Académie d!Archéologie de Madrid, etc.

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EOSTE et ROGGE ; à Liège, chez DE SOER el.DF.CQ ; dans les autres villes, chez tous les libraires. Pour l’Al-
lemagne, la Russie et l’Amérique : C. MUQUARDT. La France: VeRENOUARD, Paris. Pour la Hollande :
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stration ou les annonces s’adresser à M. le Directeur du Journal des Beaux-Arts, rue du Casino, à
St-Nicolas. — Il pourra être rendu compte des ouvrages dont un exemplaire sera adressé à la rédaction.

Pour tout ce qui concerne la partie française s’adresser a M. J. J. GUIFFREY, rue d’Hauteville N6 1, a Paris.

M. C. Muqoap.dt est le seul éditeur et représentant du Journal des Beaux-Arts pour VAllemagne, la Russie et l'Amérique,

SOMMAIRE : Belgique. Corr. part, de Gand.
— Corr. part, de Bruxelles. — Journal d’un ar-
chéologue. Audenarde. — Charles de Bériot. —
Allemagne. Corr. part, de Berlin. — Chronique
générale. — Annonces.

BELGIQUE.

Gand, Janvier 1871.

Restaurations a l’hôtel de ville, au Beffroi
et a St. Jacques. — Cuivres tumulaires de
l’hospice Wenemaer.

Mon cher Directeur,

Les archéologues gantois sont en fête, et
vraiment, il y a de quoi. Songez donc! l’hô-
tel de ville, le Beffroi, l’église St. Jacques
en pleine voie de restauration ! mais procé-
dons avec ordre. Commençons par l’hôtel
de ville.

Ce beau monument est actuellement livré
aux tailleurs de pierre et aux charpentiers,
et tout marche à souhait. Le grand vestibule
est,comme vous savez,rendu à son ancienne
splendeur. Le superbe plafond avec ses pou-
tres sculptées et son plancher mouluré, les
arcatelles en pierre blanche sculptée, les
portes avec chambranles taillés et couron-
nements à motifs d’une rare élégance, les
fenêtres à meneaux, tout cela caché jadis
par d’indignes plafonnages,tout cela est res-
titué à la lumière du jour. Un détail inté-
ressant à noter est celui-ci. Le plafond du
grand vestibule est formé de ces poutres
immenses en chêne qui font l’admiration des
connaisseurs et des curieux. Eh bien ! ces
poutres étaient presque toutes vermoulues
à l’endroit où elles sont encastrées dans le
mur et l’on peut mesurer aujourd’hui l’horri-
ble danger dont était menacée la salle du trô-
ne dans ces jours nombreux où la foule s’y
entassait,soit pour les concerts,soit pour les
élections. Afin de conserver à ce plafond son
aspect primitif, on a imaginé la chose ingé-
nieuse que voici. Les poutres sont sciées en
deux dans leur longueur et les parties sciées
sont appliquées contre une cime en fer qui
forme le véritable soutien du plancher. Cette
combinaison est amenée de manière à dissi-
muler parfaitement l’alliance du fer et du
bois et à donner à celui-ci toute l’importance

qu’en réalité il n’a plus, sans altérer en
quoi que ce soit l’harmonie d’aspect de la
primitive charpente.

Vous vous rappelez, sans doute, le vaste
escalier moderne à deux sections qui condui-
sait à la salle du trône ; il occupait l’empla-
cement de l’ancienne chapelle échevinale.
L’escalier a disparu et la chapelle est sortie
de ses cendres. C’est une salle d’une archi-
tecture exquise, et l’on ne peut s’empêcher
d’admirer le tact avec lequel l’architecte
a su tirer parti d’un espace relativement
restreint. De longues nervures courent sur
les murailles et vont former dans le plafond
un charmant réseau dans les mailles duquel
apparaissent les voûtes formées de briquet-
tes rouges reliées par un ciment blanc. La
restauration de cette salle, restauration du
reste assez facile, marche également avec
rapidité. L’ancienne chapelle servira désor-
mais de salle aux mariages. Puisque nos
échevins ne vont plus à la messe avant d’en-
trer en séance, on ne pouvait exiger que la
restitution de cette partie du monument fut
complète, aussi ne voyons-nous aucun in-
convénient à la consacrer à la perpétration
du mariage. C’est encore, sinon une espèce
de sanctification, du moins un rôle solennel
qu’on fait jouer à ces vieux lambris où le
Magistrat de Gand venait demander le re-
cueillement et l’inspiration au Très Haut
dans les jours difficiles.

La salle échevinale, grande, sévère, un
peu sombre, est également rendue à son
ancien lustre. C’est la menuiserie et la ver-
rerie qui en sont aujourd’hui les transfor-
mateurs. O11 assure que cette salle sera or-
née de peintures murales que son admirable
disposition rend indispensables. Au-dessus
de cette salle se trouve celle de l’arsenal,
l’ancien musée de la Société des Beaux-Arts,
qui a également un cachet sui generis digne
de l’ensemble.

Je ne vous parlerai pas de cet escalier de
pierre , un véritable chef-d’œuvre laissé
longtemps sans emploi et que nul ne con-
naissait. Depuis qu’il est redécouvert, on ne
cesse de venir lui rendre visite et de lui

vouer l’admiration dont il est digne. En ef-
fet, je ne connais rien dans notre pays qui
puisse être comparé à cet éblouissant entre-
lacement de motifs gothiques plus ingénieux
les uns que les autres et qui font pâmer
d’aise tous les hommes de goût. N’oublions
pas deux petites salles voisines de cet esca-
lier ; on les appelle les cuisines. Elles sont
voûtées, à nervures, avec portes et ouver-
tures moulurées et cheminées ffanquées de
ces lions penchés si pittoresques d’allures
et qui ont l’air de vous raconter les histoires
du temps passé.

Voilà pour l’intérieur. A l’extérieur, on
marche tout aussi vitemais cela paraît moins.
Ce que l’on voit de la restauration achevée
nous promet un travail réussi.

Tout cela, mon cher Directeur, se fait
avec une activité qu’on rencontre rarement
dans de semblables circonstances et un goût
très fin, très pénétré de ce qui doit être. On
a, paraît-il, tout ce qu’il faut sous la main
pour terminer à souhait cette vaste et belle
entreprise, hommes et argent. Ceux qui
dirigent cette belle restauration, sont : MM.
Pauli, Hoffman et Rogghé. Je les en félicite
et j’en félicite la ville de Gand. M. Van
Eenaeme est chargé de la partie sculpturale.
Disons qu’il le fait avec talent et un visible
amour d’artiste.

On voit depuis quelque temps aux vitrines
de nos libraires une jolie estampe représen-
tant l’hôtel de ville de Gand à l’extérieur.
C’est le dessin primitif qu’on se propose de
suivre, du moins pour la façade qui donne
sur la rueHaute-porte et au coin du marché.
Je n’ose espérer qu’on démolira cet informe
amas de colonnes en pierre bleue qui consti-
tue la façade du Marché au beurre.

Au Beffroi, on raccommode la corniche qui
tombait en ruine et on rejointoie les pierres
de cette lourde masse que récemment quel-
ques municipaux utilitaires voulaient abso-
lument démolir. Heureusement ils n’ont pas
eu chez nous le succès des vandales d’Anvers,
qui ont réussi à raser ces deux portes qui
valaient plus que notre beffroi. On a, au con-
traire, fait ànotre vieux monument l’honneur
 
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