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Journal des beaux-arts et de la littérature — 13.1871

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https://doi.org/10.11588/diglit.18908#0100
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peintres aiment tant, un ou deux prétendus
contcidine, représentant l’Italie rustique ; une
bonne, avec sa charge, regarde d’un air
d’envie une corbeille d’oranges que tient en
sa possession un marchand ambulant. Il y a
aussi deux prêtres ainsi qu’un petit groupe
d’artistes anglais, représentés avec cette
touche de caricature qui est le faible des
artistes du continent, lorsqu’ils réprésen-
tent les dames anglaises. Dans le fond, un
cardinal est attendu par deux laquais, vêtus
de cette livrée extravagante des princes de
l’Église romaine. (A continuer).

LA MÉMOIRE

dans l’enseignement du dessin.

Je n’insisterai pas sur l’importance du
rôle que joue la mémoire dans l’enseigne-
ment. Dépositaire des acquisitions journa-
lières, il importe que cette faculté soit bien
cultivée. Les hommes d’école savent à quoi
s’en tenir quant au traitement qui convient
le mieux pour 'a développer sans lui laisser
prendre la prépondérance.

La mémoire intervient dans presque tou-
tes les branches de l’enseignement. Il en
est une cependant où son intervention est
absolument trop restreinte : c’est le dessin.

Le but d’un cours de dessin ne doit pas
être uniquement de tracer des lignes cor-
rectes et élégantes, des contours gracieux,
de reproduire avec exactitude un objet quel-
conque,de comprendre un plan, de se repré-
senter une pièce figurée par un simple cro-
quis. J’appellerais volontiers cette partie le
but matériel. 11 y a, à côté de cela, le but
éducatif. Le cours de dessin doit inspirer le
sentiment du beau, le goût pour les belles
choses. Quelle que soit la méthode que l’on
emploie, elle doit comprendre deux séries
d’exercices bien distincts : des études pré-
liminaires pour exercer la main et l’œil, et
des études d’application, portant sur un
choix de modèles irréprochables comme
goût, comme style ou comme composition.

Un dessinateur sorti de quelque classe
que ce soit, doit être à même d’utiliser ses
connaissances ; si ses ouvrages ne se res-
sentent pas de l’enseignement qu’il a reçu,
on peut dire que celui-ci a été stérile. On est
donc en droit d’exiger que le dessinateur
devenu artisan donne à ses ouvrages un ca-
chet d’élégance et de bon goût.

Certains lecteurs se récrieront peut-être :
« Tous les jeunes dessinateurs ne devien-
dront pas des compositeurs ! » Je le sais.
Mais notre élève dessinateur, lorsqu'il sera
rompu aux difficultés pratiques, familiarisé
avec les détails techniques de son métier,

lorsqu’il aura terminé ou presque achevé
son apprentissage, ne devra-t-il pas donner
lui-même la dernière main à ses ouvrages !
— C’est ici qu’il doit donner ses preuves,
c’est ici que se produiront à l’évidence les
résultats de ses éludes graphiques. Or,
combien d’objets usuels,—qu’on les prenne
dans n’importe quelle catégorie, — ne de-
manderaient ni plus de temps ni plus de
main-d’œuvre pour acquérir ce cachet de
distinction si désirable et qui ne leur man-
que que trop souvent.

Demandez à un tourneur un fuseau, un
pied de table, à un potier un vase, une
casserole, un tesson quelconque d’une for-
me nouvelle ; recommandez-lui qu’il vous
fasse quelque chose de beau. Il sera flatté
de cette marque de confiance. 11 s’escrimera,
il forgera, suera sang et eau, contrariera
ses contours, multipliera ses saillies ou ses
moulures. Toutes ses lignes, prises isolé-
ment, pourront être correctes, mais l’en-
semble sera disgracieux, le style sera guin-
dé ou boursouillé : la pièce n’aura pas
grande valeur. Il pourra arriver aussi que
les contours soient assez simples et que les
prolils laissent néanmoins encore à désirer.
11 est curieux de constater combien il man-
que parfois peu de chose pour changer en-
tièrement le caractère d’un galbe quelcon-
que : une courbe moins accentuée, un
rendement placé ou plus bas ou plus haut,
une gorge plus creusée, un lilet interca-
laire, etc. Un maître de dessin a, du reste,
l’occasion de faire de ces remarques tous
les jours.

Le remède à apporter à ce mal consiste-
rait d’abord, à mon avis, à attirer davan-
tage l’attention des élèves sur le caractère
du modèle, à leur faire étudier et sentir la
beauté de la pièce qu’ils copient ou repro-
duisent ; qu’on leur fasse voir ensuite com-
ment, dans bien des cas, l’élégance est inti-
mement liée à la simplicité.

M’est avis qu'il ne sullit pas d’attirer sim-
plement l’attention des élèves sur le modèle
placé sous leurs yeux. Ils voient tant de
choses, leur esprit est attiré sur tant d’ob-
jets, que l’impression produite doit s’effacer
bientôt. Tout au plus reste-t-il, au bout d’un
certain temps, un souvenir vague et confus
qui ne peut avoir aucune valeur pratique.
Il faut, et de bonne heure, meubler la mé-
moire des lignes et des images pour arriver
ensuite à celles des objets.

Les exercices mnémoniques porterontd’a-
bord sur des profils gracieux, sur des con-
tours élégants, plus tard sur des motifs de
plus en plus compliqués, purs et corrects,
sur quelques-unes de ces lignes, combinai-

sons heureuses, qui sont comme la marque
de fabrique des belles productions de l’art
industriel. Que l’artisan ait une collection
de types bien choisis, avec lesquels il soit
familiarisé de longue main, qu’il y rapporte,
qu’il y compare ses ouvrages : la correction
lui deviendra plus facile en même temps que
la conception moins pénible.

Je ne puis m’empêcher de rapprocher le
dessin des autres branches de renseigne-
ment. Plus je médite sur ce sujet, plus je
trouve les rapprochements curieux, les ana-
logies frappantes. Les exercices graphiques
préliminaires correspondent à ces phrases
détachées,au style parfois un peu forcé,avec
lesquelles on rompt les élèves aux difficul-
tés de la syntaxe ; les motifs étudiés sont
l’analogue des dictées en texte suivi et des
extraits littéraires.

On sait l’importance de cette dernière
étude ; on sait que plus l’élève observe ou
analyse, plus sa diction s’épure, plus son
style se perfectionne : il contracte l’habitude
de travailler d’après un plan bien arrêté, il
habille ses pensées de ces tournures pures
sans affectation, simples sans recherche, dis-
tinguéessansprétentions, qu’il a rencontrées
et retenues. Ces constructions, quoique
imitées, revêtent cependant un caractère
spécial, et tout personnel. II en sera de
même pour le dessin : les lignes ne sont,
comme les mots, qu’une forme matérielle
revêtant une pensée ; aussi bien que les
mots, elles se plient docilement à la volonté
ou au caprice de celui qui conçoit.

Quelques lecteurs trouveront peut-être
que les exercices mnémoniques introduits
dans le cours de dessin présentent trop de
difficultés. Ils me permettent de n’être point
de leur avis ; peut-être se rallieront-ils au
mien. Quel instituteur ou professeur n’a
entendu certains élèves lui dire, au début
du cours de style : « Le devoir est trop dif-
ficile, je ne saurais pas le faire. » Que fait-
on en pareil cas ? — On encourage le jeune
homme,on le stimule,on vient discrètement
à son aide et bientôt l’élève revient de sa
première opinion ; il prend goût à ce travail,
ces exercices lui paraissent amusants, il
fait des progrès rapides. Partout les com-
mencemonts sont difficiles ; ici peut-être
plus qu’ailleurs, mais est-ce une raison ?...

La plus grande difficulté inhérente aux
exercices graphiques mnémoniques provient,
à mon avis,non pas de la chose en elle-même,
du dessin ou motif à confier à la mémoire,
mais bien de la méthode adoptée pour le
cours. Un travail exécuté d’après des prin-
cipes rationnels, un exercice fait avec intel-
ligence, une étude raisonnée, dans laquelle
 
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