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Journal des beaux-arts et de la littérature — 20.1878

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https://doi.org/10.11588/diglit.18915#0018
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— 10 •

jouit à bon droit de la réputation d’un de nos
meilleurs écrivains flamands. L’Histoire de
la littérature néerlandaise de Wendel le
le nomme le premier de nos nouvellistes fla-
mands, et feu le baron de Reinsberg exprime
la même opinion dans l’excellente étude sur
la littérature néerlandaise, qui parut, il y a
quelques années dans VIllustration de Leipzig.

Ge qui prouve du reste que la valeur litté-
raire de la plupart des oeuvres de notre
écrivain flamand doit être réellement très
grande, c’est qu’elles ont survécu à la plu-
part de celles des écrivains ses contempo-
rains, lors même que les dernières obtinrent
à leur apparition un succès très brillant. Il
y a telle nouvelle de Sleekx, qui pour avoir
été publiée la première fois, il y a quelques
vingt cinq à trente ans, n’en reste pas moins
aujourd’hui un modèle du genre pour tous
les jeunes littérateurs flamands. Réimpri-
mée jusqu’à dix fois, elle est encore aussi
fraîche qu’à son apparition, et continue d’être
lue et relue avec le même plaisir. La raison
en est simple. C’est que tout ce qui est sorti
de cette plume aussi élégante que féconde,
est réellement flamand, réellement sain, lors
même que ses productions portent le cachet
de ce réalisme de bon aloi, qui est et t estera
toujours le caractère dominant de notre lit-
térature nationale, aussi bien que de notre
école de peinture.

C’est surtout comme peintre de mœurs et
de types anversois que Sleeckx mérite le nom
de maître. Le Sehipperskwarlier, qui forme
le premier volume de la collection et qui
vient de paraître, en fournit une preuve élo-
quente. Les nombreux personnages de ce
roman sont vrais d’un bout à l’autre. C’est
la nature prise sur le vif : des anversois de la
vieille race, de braves jeunes gens, aussi
studieux, laborieux qu’intelligents; de jeunes
filles aussi modestes et actives, que jolies et
avenantes; des mères, des épouses, des mé-
nagères, aussi sensées que soigneuses, met-
tant tout leur bonheur à aimer et à rendre
heureux tout ce qui les entoure. Le Schip-
perskwartier est positivement non seulement
un livre bien pensé et bien écrit, mais avant
tout un livre consolant, n’ayant rien de com-
mun avec les productions de la littérature
malsaine, qui ne nous arrive que trop abon-
damment d’outre-Quiévrain pour pervertir
nos femmes et nos filles, après avoir perverti
celles du pays qui les ont vues éclore.

Cette publication est une nouvelle preuve
de la vitalité qui caractérise la littérature
flamande en Belgique. Où donc sont ils l’édi-
teur et le public qui oseraient en patronner
une semblable d’un de nos écrivains français?

X.

DICTIONNAIRE D’ARCHITECTURE DE BOSC.

livraisons 4, 5, 6, 7 et 8. — Paris : Firmin Didot.
Voici un livre qui s’améliore au fur et à

mesure de son avancement ; j’entends parler des
gravures, car le texte ne subit sans doute de
changements que dans des cas exceptionnels.
Ce texte est toujours ce qui convient à un
livre de ce genre : d’une grande clarté, d’une
réserve académique et très coulant. Cinq li-
vraisons ont paru coup sur coup depuis que
nous en avons parlé ici et plus on avance, plus
on s’aperçoit que l’auteur reste fidèle à son
plan, c’est-à-dire qu’il ne se borne pas à la
définition des fermes propres à l’architecture,
mais qu’il comprend aussi la définition des
termes afférents aux sciences et aux arts qui
se rattachent à l’architecture. Au fond, ce
développement pourrait prendre une énorme
extension, mais M. Bosc ne se laisse aller que
juste ce qu’il faut pour justifier sa méthode.
S’il devie quelquefois de son chemin c’est à
bon escient comme par exemple quand il veut
traiter du Cahier de* charges et de l'Entre-
preneur, matières délicates et peu architectu-
rales à coup sûr et qui donnent à son livre une
portée quasi juridique mais enfin, cela peut
encore se justifier par la tournure qu’ont
prises,en ce temps,les relations entre le public
et les architectes-constructeurs.

Passons donc là dessus. L’outillage aussi
prend beaucoup de développement dans le
livre et peut-être aurait-on pu élaguer cette
fraction technologique de l’ouvrage au profit
de l’architecture proprement dite, car nous ne
comprenons pas que M. Bosc, arrivé au deux
cinquièmes de son livre, au mot fouille, puisse
terminer son oeuvre dans la même proportion
sans dépasser les quatre volumes annoncés.
Du reste s’il les dépassait nul ne s’en plaindrait.

La partie illustrée n’est point le côté le
moins brillant de ce Dictionnaire. Les nom-
breux bois qu’il renferme sont dessinés éner-
giquement, savamment et gravés avec tact. Il
faut en féliciter les artistes exécutants, mais ce
qui est réellement digue des plus sincères
éloges ce sont les polychromies traitées à la
façon des grands maîtres de l’aquarelle. Un
goût extraordinaire a présidé au choix des
sujets et l’exécution est aussi parfaite que
possible. Citons spécialement VAtrium pom-
péien d’une grande délicatesse de touche; la
basilique de Pompei et le Nécropole d'Athènes
d’une exquise finesse; la Chapelle palatine de
Païenne, planche ravissante et artistique dans
l’ensemble comme dans les détails (d’après
Hittorf), la Maison de Strasbourg, espèce
d’aquarelle bistrée dont le dessin et le colo-
riage sortent de mains expertes; la Fontaine
arabe, très adroitement nuancée; les beaux
détails du Temple de Jupiter et enfin la vigou-
reuse planche représentant,dans sa splendeur,
une des magnifiques travées de la sainte cha-
pelle à Paris.

Les grands bois tirés à part sont aussi
dignes de fixer l’attention du public et de
provoquer son approbation.

Somme toute, voici un excellent et beau
livre que doivent posséder non seulement tous

ceux qui font de l’architecture mais aussi ceux
qui l’aiment. C’est, à la fois, un manuel, un
guide, un maître, un ami, un révélateur, un
livre enfin où l’intelligence et le goût pourront
se plonger toujours sans se rassasier jamais.

France.

(Correspondance particulière).

LES NOUVELLES GALERIES
DE SCULPTURE AU LOUVRE.

Enfin le Louvre a rouvert ses portes. La
sculpture moderne que notre Direction des
Musées nationaux a dû sacrifier longtemps,
non-seulement au Louvre mais au Luxem-
bourg, vient de recevoir une installation
moins indigne. Elles reparaissent au jour
les statues d'Ariane endormie, d’Hercule Com-
mode de Vénus auxquelles s’ajoute le groupe
du Laocoon-, il est surprenant, n’est-il pas
vrai, que ces œuvres décorées du titre pom-
peux de Fontes du Primatice fussent gardées
dans l’ombre depuis plusieurs années. Je
sais qu’on peut objecter que les Fontes du
Primatice ne sont que des copies d’après
l’antique mais de pareilles traductions mé-
ritent une place d’honneur, et uous félicitons
M. Barbet de Jouy d’avoir pu à force de dé-
marches, de requêtes, obtenir que la claus-
tration de ces œuvres de choix eut un terme.

Un critique d’art se faisant l’écho du vœu
général demandait il y a quelques jours que
le groupe de deVries l’Enlèvement de Psy-
ché, Anchise et Aria par Lepautre, les Saisons
par Coysevox, fussent retirés des jardins où
leur épiderme se détruit pour être abrités
dans le Louvre.

Qu’on ne songe pas à lire entre les lignes.
Le vœu que nous rappelons n’a rien que de
naturel. Ce ne sont pas des esprits chagrins
qui le formulent, se sont des amis désinté-
ressés de notre école de sculpture.

Eh quoi ! nos peintres ont subi l’influence
des maîtres de l’Italie ou des Flandres, tan-
dis que nos sculpteurs se sont affranchis
dès le premier jour des méthodes et des
styles que les étrangers avaient su porter à
un degré d’eminente perfection pour cher-
cher à leur tour un style et une méthode
qui caractérisassent notre peuple. Nos sculp-
teurs ont été Français à l’heure ou nos
peintres, nos architectes, nos graveurs et
nos musiciens étaient grecs, allemands,
espagnols, italiens ou flamands dans les
œuvres de leur pensée, et ce sont nos sculp-
teurs que l’on traite avec parcimonie dans
les Palais Nationaux!

Qu’est-il besoin de laisser au plein air, à
la pluie, au soleil ardent des marbres mous
et fouillés à l’excès en prévision du demi-
jour des galeries. Non-seulement certaines
œuvres souffrent au point de vue esthétique
d’nne lumière trop abondante, mais elles
sont toutes en péril sérieux de destruction
 
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