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prochaine par suite des gerçures, des exco-
riations produites par la chaleur et l’humi-
dité successives auxquelles elles demeurent
exposées. Un peuple moins insouciant que
le nôtre, une nation plus jalouse de ses
gloires exigerait qu’on agit autrement.

Sans doute ce n’est point le conservateur
de la sculpture moderne qu’il convient de
faire responsable d’un état de choses qu’il
n’a pas créé. Les réformes sont faciles à dé-
finir, plus difficile à exécuter. Voilà qu’un
premier pas vient d’être fait. U y a plus
d’air, plus d’espace, plus de luxe dans le
temple dont M. Barbet de Jouy est institué
le gardien. Cette victoire nous est un gage
qu’on ne s’arrêtera pas de longtemps sur la
voie des améliorations. Le Spartacus de
Fovatier, le Philopœmen de David, ont quitté
le jardin des Tuileries. D’autres œuvres plus
anciennes les suivront et viendront se ran-
ger dans les galeries du Louvre. Et si le
défaut d’espace redevenait un obstacle à la
conservation de nos chefs-d’œuvre sculptés,
si quelques centaines de mètres devaient
nous empêcher de rappeler de Versailles, de
Fontainebleau, de Compiègne, de Saint-
Cloud, de Saint-Denis, de Saint-Germain les
marbres déjà frustes que Barthélemi Prieur,
Germain Pilon, Goujon pent-être, ont sculp-
tés, nous dirions. «Qu’on les rentre aux
Tuileries. »

C’est qu’en effet, les ruines innocupées
des Tuileries attendent une] destination, et
ce serait une destination magnifique que
celle dont nous parlons. Le palais des rois
de France abritant des chefs-d’œuvre dont le
caractère national est visible, pour les moins
érudits ! U y a un an quelques bons esprits
se préoccupaient de cette pensée. Aujour-
d’hui personne n’y songe plus. C’est un tort.
Le Louvre s’agrandit à chaque heure pour
recevoir les toiles de nos maitres français
et jusqu’au moindre dessin sorti de leurs
mains. Lorsqu’il s’agit de nos sculpteurs, on
hésite. Pourquoi? Nul ne saurait le dire.

Dans l’exposé des motifs qui précède le
décret du 26 mai 1791 relatif à la création
des galeries du Louvre, Barrère écrivait ce
mot. «Il faut que le Louvre devienne un
Muséum célèbre» Le vœu du législateur
s’est confirmé. A notre tour, nous deman-
dons que le Louvre soit un Musée français.
Or, la France ne retrouvera jamais plus le
signe de son génie personnel dans les arts
du dessin que s’il lui est permis d’en cher-
cher la trace sur les marbres de ses sculp-
teurs. Henry Jouin.

- 11 —

MICHEL-ANGE

ET LES STATUES DE LA CHAPELLE FUNÉRAIRE
DE MÉDICIS

A L’ÉGLISE SAINT-LAURENT DE FLORENCE (1).

Messieurs,

Florence, l’année dernière, a fait à Michel-
Ange un honneur plus que légitime en
célébrant, avec une magnificence inaccou-
tumée, son quatrième Centenaire, qu’on a
entouré de toutes sortes d'honneurs.

On a fait une exposition de ses principales
œuvres. Sur la colline de San-Miniato, dont,
comme ingénieur et comme citoyen, il avait
défendu et fortifié les approches, on a élevé
une grande fontaine, avec, au centre, la fonte
en bronze de son David, du Giyante, comme
on disait au temps de sa jeunesse.

Tout cet ensemble de fêtes intellectuelles
et patriotiques, parce qu’il était à la fois
sympathique et passionné, a été plus long,
plus touchant, par cela même plus beau que
ne le sont habituellement ces sortes de
cérémonies.

Il ne faut pas, en France, oublier ce qui
est dans le souvenir de tous ceux qui ont
assisté à ces fêtes. M. Meissonier, au nom
de notre Académie des Beaux-Arts, y a parlé
brièvement, en son nom et au nôtre, de la
façon la plus digne et la plus haute. Il s’est
trouvé le faire dans des circonstances pres-
que singulières et que se rappellent tous
ceux qui l’ont entendu. La longue proces-
sion partie de la ville avait mis à parvenir
à San-Miniato plus de temps qu’on ne le
pensait, et l’on n’était arrivé qu’à la nuit.
C’est grâce à une bougie posée sur un guéri-
don que M. Meissonier a pu lire son dis-
cours ; mais, avec l’émotion bien naturelle
dans une telle occasion et dans un tel milieu,
émotion qui s’est ajoutée à la merveille du
lieu et de la scène, les courtes paroles ont
porté. Le silence s’est fait du premier coup
dans la foule jusqu’au bas de la colline, et
elles ont laissé le juste souvenir de leur
grand et solennel caractère.

Ici, à l’Union centrale, il m’a semblé que
dans ces Conférences, il était bon de vous
parler aussi de Michel-Ange, plus ou moins
incomplètement, bien entendu. Avec un
homme de cette valeur, il est impossible en
un entretien, de traiter, même d’indiquer,
soit sa biographie, soit l’énumération de ses
œuvres.On ne parle pas en quelques phrases
du carton de la Guerre de Pise, du tombeau
de Jules II, du plafond de la Sixline, du
Jugement dernier, de la coupole de Saint-
Pierre. Devant cette prodigieuse richesse,
je trouve plus modeste et plus convenable
de ne vous entretenir que d’un seul des
ouvrages de ce grand artiste. Il est tout à
fait du milieu de sa vie. — Michel-Ange, né

(1) Nous devons la communication de cette con-
férence à notre savant collaborateur et ami M. Ana-
tole de Montaiglon, qui voudra bien agréer nos
affectueux remerclments. fiV. B. L. R.)

en 1475, a commencé cette œuvre en 1520,
— ou, pour mieux dire, si cet ouvrage n’est
pas exactement du plein milieu de sa force
comme âge, il est d’un plus grand prix
comme valeur. Cette œuvre, dont je veux
vous entretenir, est la Chapelle des Médicis
à l’église San-Lorenzo de Florence. Elle
devait d’abord en être la Sacristie ; elle est
devenue, et elle est restée à juste titre, dans
l’appellation populaire, la Chapelle du tom-
beau, la Capella de depositi.

C’est dans cette chambre que se trouvent
les sépultures et les sarcophages des deux
Médicis dont les ligures sont si connues,
tant elles ont été reproduites par la gravure
et par la photographie, par le plâtre et par
le bronze, la figure assise du Penseur, celle
également assise du Médicis qui lui fait face
et les quatre statues, à demi couchées, de
l’Aurore et du Jour, du Crépuscule et de la
Nuit. L’étude de cette grande œuvre suffit,
et au delà, à notre entretien d’aujourd’hui.

C’est en 1520 que le cardinal Jules de
Médicis, celui qui devait être plus tard le
Pape Clément VII, et alors que vivait encore
son oncle Léon X, a, pour remplacer en
quelque sorte l’œuvre abandonnée de la
façade de San-Lorenzo par un travail à
l’honneur de la même église, commandé à
Michel-Ange la construction d’une nouvelle
sacristie, afin d’y ériger des tombeaux pour
sa famille, et passé avec l’artiste le marché
de leur exécution.

Les 'premiers projets ont été plus consi-
dérables que la réalisation. En effet, dans le
premier contrat il est question de six tom-
beaux, d’abord celui du grand Laurent, le
premier protecteur de Michel-Ange, celui
qui, lorsque celui-ci n’était encore qu’un
jeune garçon, l’avait paternellement accueilli
dans sa demeure et dans son musée à côté
du couvent des Dominicains de San-Marco
de Florence, celui qui, s’il n’a pas été lepoint
de départ de la valeur de Michel-Ange, puis-
que l’enfant avait cette valeur en lui, a été
au moins le point de départ de ses premières
études, de ses premiers travaux et du déve-
loppement de son intelligence.

Il devait y avoir aussi le tombeau du frère
de Laurent, le premier Julien, père de
Clément VII, ensuite ceux des Médicis dont
nous avons à l’heure qu’il est les statues,
c’est-à-dire d’un second Laurent et d'un
second Julien. Enfin, il devait y avoir encore
les tombeaux de Léon X et de Clément VII.

Dans ce premier projet, les statues allégo-
riques ne devaient pas être les quatre parties
du jour, comme je l’indiquais tout à l’heure.
Il n’était même pas question de les faire en
marbre ; elles devaient, tout en étant de
Michel-Ange, n’être qu’en terre cuite, et cha-
cun des six tombeaux devait être accompa-
gné d’une figure de fleuve. On y aurait repré-
senté les petites rivières de Toscane ; comme
grands fleuves, il devait y avoir le Tibre et
 
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