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N° 22.

2 Décembre 1878.

Vingtième Année.

JOURNAL DES BEAUX-ARTS

ET DE LA LITTÉRATURE.

DIRECTEUR: M. Ad. SIRET.

MEMBRE DE l’aCADÉMIE ROY. DE BELGIQUE, ETC.

SOMMAIRE. Belgique : Album d’eaux-fortes. —
Le Salon de Bruxelles (fin). — Les artistes belges
jugés par M. Ch. Blanc. — L’architecture néer-
landaise. — Les grandes publications modernes :
Le costume historique : Les tapisseries décora-
tives. — Bibliographie : Publications nouvelles de
la maison Seeman : Les Beaux-Arts de Charles
Blanc. — Mes médailles de Camille Lemonnier.
,— Tapisseries décoratives du garde-meuble. —
L’art et l’industrie. — Le nouvel opéra.— Publi-
cations de la société pour la propagation des œu-
vres d’art de Vienne. —Pensées et maximes. —
Périodiques illustrées. — Chronique générale.—
Dictionnaire des peintres. — Annonces.

Be^ique.

ALBUM D'EAUX-FORTES

POUR 1878.

Les difficultés que nous avons rencontrées
pour le tirage des planches de notre Album
ne nous permettront pas de les distribuer
avant le Ier janvier prochain; aujourd’hui ces
difficultés sont levées ; ce sera donc pour le
prochain trimestre. Nous pouvons dès à pré-
sent annoncer à nos abonnés que cet Album
sera digne en tous points de ses précédents.

LE SALON DE BRUXELLES.

(fin).

SCULPTURE.

On ne s’est point montré très sévère pour
l’admission des oeuvres de sculpture au Salon.
Cette circonstance est due sans aucun doute
à ce que l’espace permettait d’offrir une large
hospitalité aux oeuvres du ciseau, du plâtre
et de la terre cuite. Aussi, il y a eu abus et
jamais somme plus grande de médiocrités
n’a été étalée sous les yeux du public. Pas-
sons vite et allons droit aux choses de va-
leur.

La Musique de M. Delà Planche constitue
une création plus suave que juste, car on ne
saurait approuver que le violon soit destiné,
dans la pensée du maître, à remplacer la lyre
classique. J’aurais compris que cette statue
se fût appelée la Violoniste, mais en faire la
personnification de la musique est un trait
osé. Après cela, il importe peu : l’œuvre est
charmante et vous ravit. — Le monument
de Van Houte de Paul Devigne a des défauts,

PARAISSANT DEUX FOIS PAR MOIS.

PRIX PAR AN : BELGIQUE : q FRANCS.

ÉTRANGER : 12 FR.

mais c’est un morceau original un peu vide
où il faut louer de sérieuses qualités. L’ar-
tiste est une intelligence adroite qui sait
allier les règles de l’art aux exigences de la
modernité et qui dans l’étude de cette al-
liance a trouvé d’excellentes rubriques. Sa
Poverella, est une œuvre d’élite qui nous
donne la mesure exacte du talent de M. Paul
Devigne où règne avant tout le sentiment.
C’est au cœur qu’il vise et il atteint son but.
Heureux artiste ! il dominera bien vite la si-
tuation s’il continue à nous charmer de cette
façon. Ajoutez à cela un travail serré et con-
tenu, un dessin d’une distinction idéale et
vous aurez le secret du franc et large triom-
phe remporté par l’artiste. — M. Samain a
exposé sa Campagnarde romaine si noble et
si pure, mais si malencontreusement affublée
d’une effroyable poterie. N’a-t-il donc pas
compris que cet accessoire intempestif appelle
immédiatement le regard et tue l’émotion
soudaine qui doit frapper le spectateur de-
vant toute œuvre supérieure ? — La Diane
de M. Herman a de l’élégance, mais c’est peu
sculptural. — M. De Tombay expose des
œuvres très-audacieuses. Il y a là de grandes
promesses. Attendons.—Le buste de Gevaert
par M. Godebski est fort bien travaillé, mais
le modèle est vieilli et l’auteur a donné au
développement de la poitrine des propor-
tions ridicules qui font croire à une hydro-
pisie. — M. Comeyn est un peu affecté dans
sa petite mère où il y a, du reste, de bonnes
choses. — M. Van Oemberg a un buste ex-
cellent de Madou et une exquise tête de jeune
homme pleine de mélancolie et de poétique
expression. — Le buste de M. Allard par
M. L. Wiener est d’une ressemblance ache-
vée. — Le Léonidas de M. G. Geefs est une
œuvre solide, académique, sérieuse. — Le
David de Nelson est encore un plâtre distin-
gué où il y a du mouvement et de la correc-
tion. — Le buste de M. Bamps par Cour-
rait est heureux, mais manque d’abandon
dans le travail. — M. Laborne, un statuaire
très amoureux de son art, mais visant peu au
tapage, a exposé une Solidarité des forces
(titre prétentieux), très remarquable comme
étude anatomique. Si cet artiste voulait viser
à des sujets simples et clairs il se ferait vite la
place qu’il mérite au soleil. —Le Réveil de
Deckers offre de jolis détails.— L'Hérodiade
de M. Desenfants manque de style. C’est

ADMINISTRATION et CORRESPONDANCE :

a st-NicoLAS (Belgique).

dommage; on y rencontre de fortes qualités.—
Un des beaux bustes du Salon est celui de M.
Van Havermaet. C’est unMercaforcommandé
par le gouvernement : physionomie profonde
et studieuse, regard étrange obtenu par un
coup de ciseau trouvé, c’est le cas de le dire;
travail large et serré à la fois, tels sont les
mérites de ce beau buste qui révèle dans son
auteur une nature privilégiée et une main
habile ; le même artiste a exposé un buste
en terre cuite d’une rare flexibilité de travail.
— Citons encore Y Espiègle de M. Willems;
le Berger de M. V. D. Kerckhove; Y Hal-
lali très vivant de M. Cuypers; le Flûtiste
de M. Verdeyen : Thusnelda de M. Van
Biesbrouck, le buste de M. Dumortier par
M. Melot ; une Extase de M. Saïbas, la
Toupie de M. Joris; un Enfant lisant de
M. Jules Griendl ; une Jeunefille au papillon
du Milanais Barcaglia ; la jolie maquette de
Charles de Ligne par M. Brunin et Sa Char-
meuse; une délicieuse statue de M. Halkin;
un buste très puissant du docteur Crocq par
Degroot; deux marbres de M. Namur; un
beau buste de M. G. Vanderlinden ; une
terre cuite de Kastelyn; une Daphnis de
M. Cattier ; un projet de monument à Wiertq
par MM. Elias et Mewis; deux statues de
M. Fiers; et puis... un affreux médaillon
portant le n° 1277 et devant représenter
Sara Bernard.

N’attendez pas de moi, cher lecteur, que
je termine cette Revue du Salon de Bruxelles
par une analyse détaillée des dessins, aqua-
relles,eaux-fortes, etc. Le Journal des Beaux-
Arts, fidèle à ses habitudes, entretiendra ses
lecteurs, au fur et à mesure que les circon-
stances se produiront, des travaux qui, dans
ces matières, mériteront des mentions parti-
culières. A notre sens les grandes expositions
devraient être fermées à ces catégories, non
pas quelles soient indignes d’y figurer, mais
parce que rarement elles savent encore aiguil-
lonner l’intérêt d’un public qui s’est fatigué à
la peinture et à la sculpture ; ajoutons que le
critique se sent plus ou moins épuisé de sa
course On devrait faire pour ces dérivés du
grand art des expositions spéciales : nous
sommes certain que tout le monde y trouverait
son profit. Maintenant que nous allons avoir
un palais des Beaux-Arts il sera possible de
mettre cette idée à exécution ainsi que plu-
sieurs autres, E. L.
 
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