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N° 18.

30 Septembre 1878.

Vingtième Année.

JOURNAL

ET

DES BEAUX-ARTS

DE LA LITTÉRATURE.

DIRECTEUR : M. Ad. SIRET.

MEMBRE DE l’aCADÉMIE ROY. DE BELGIQUE, ETC.

paraissant deux fois par mois. ADMINISTRATION ET CORRESPONDANCE :

PRIX PAR AN : BELGIQUE : g FRANCS. rue MARIE-THÉRÈSE, 21, LOUVAIN.

ÉTRANGER : 12 FR. _

SOMMAIRE. Belgique. Poésie. In Excelsis.— Le
Salon de Bruxelles.-—David d’Angers, par Henry
Jouin.—France: Corr. part. Les artistes belges
à l’exposition universelle. — Allemagne : Corr.
part. Collection Oppenheim. — Chronique. —
Annonces.

Belgique.

La végétation nocturne des étoiles
Pour toi fleurit au seuil du ciel éblouissant,

Et, dans l’ombre des soirs, plus belle sous tes voiles,
Tu cueilles à chaque astre un rayon en passant.

Mais vous, soleils éteints, en vain dans l’agonie
Vous avez salué le bonheur du néant;

Vous gardez pour errer ce qu’il vous faut de vie :
L’Eternité vous tient dans l’Infini béant !

POÉSIE.

La Revue générale disait dernièrement en
appréciant l’accueil fait à notre littérature en
France : « Ce qui est sûr, c’est que Wacken,
Clesse, Potvin, etc... ont été fraternellement
reçus. Au dernier concours des jeux Floraux
deToulouse M. E.VanArenbergh a été com-
blé de vives félicitations par le jury; c’est un
augure de succès certains ; et, si nous ne nous
trompons, d’un éclatant et prochain triom-
phe. »

La prédiction de la Revue vient de se réali-
ser : l’Académie des Arts, Sciences et Lettres
de Saint-Quentin,a décerné la médaille à une
nouvelle poésie de notre jeune collaborateur.

Nous la donnons ici en entier, persuadés
que depuis l’origine du mouvement littéraire
en Belgique, on a publié bien peu de vers
qui eussent cette trempe de pensée et cette
harmonie d’expression.

Nous mettrons M. E. Van Arenbergh
en garde contre un penchant un peu trop
prononcé vers les régions inconnues de
l’infini. L’imagination se perd parfois à ces
hauteurs, précisément parce que son champ
d’action est immense.

A part cette observation qui, du reste, est
plutôt un conseil pour l’avenir qu’un repro-
che pour le passé, nous n’avons que des
éloges pour la belle inspiration qui va suivre.
C’est de la grande poésie; ferait-elle un effort
pour se relever comme la grande peinture ?...

IN EXCELSIS!

A M. OCTAVE PIRMEZ.
Hommage affectueux.

Le silence dans la clarté immatérielle, i’immobilité dans
l'éternel repos, serait-ce la fin de toutes choses?...

O. PIRMEZ.

Parmi les globes morts, ô Terre voyageuse,
Tu cherches le repos qu’ils avaient espéré.
Au travers de la nuit tu t’en vas, lumineuse,
Dans l’effrayante paix de l’Infini sacré!

Qu'aviez-vous donc surpris, soleils, mondes funèbres !
Dans le livre de Dieu qu’il ferme à triple sceau.

Pour que, vous punissant de sonder leurs ténèbres,
Des cieux, votre conquête, il vous fît un tombeau !

Ce que vous avez vu, c’est le vide implacable !

Rien que vos propres feux dans votre ombre n'a lui ;
Et, lançant vers ce Dieu votre course indomptable,
Vous êtes morts, brisés, sans arriver à lui !

O Terre, astre béni, monte et vois sur ta route
Se tordre en leur enfer ces spectres d’univers,

Et sache au moins par eux, hélas ! ce qu’il en coûte
De chercher le secret de ces grands cieux déserts !

Etreints par l’Infini dans cette nuit livide,

En signe de détresse ils secouaient leurs feux ;
Hagards, ils ont fouillé les entrailles du vide,

Et n'ont enfin trouvé que la mort dans les cieux !

Ivres de l’air sacré qui passait sur leur face,

Us se précipitaient au gouffre, à corps perdu !

Et, bondissant sans trêve à l'assaut de l’espace,

Us appelaient quelqu’un qui n’a pas répondu !

Et maintenant, ô Terre, en l’étendue immense
Regarde les traîner leur cadavre immortel,

Eux qui, n’entendant rien dans l’éternel silence,

Sont morts, — épouvantés d’être seuls dans le ciel !

Et, tandis que là haut ces univers sans nombre,
Roulent éperdûment en leur cercle de feu,

Toi, parmi cette horreur infernale de l’ombre,

Tu t’élèves, sereine, emportant l’homme à Dieu !

II.

Au loin le jour s’efface ; — avec ce doux sourire
De tout ce qui meurt jeune, ô poète, il expire !
Comme une gaze d’or pend le dernier rayon,

Et le rouge soleil, qui glisse à l’horizon,

Sur la face des cieux descend, larme sanglante !...
Voici qu’avec lenteur la Nuit étincelante,

S’enchasse au firmament comme un diamant noir ;
Tu sens descendre en toi la tristesse du soir,

Et la vague douleur des choses te pénètre !

Ah ! c’est qu’un vide immense oppresse aussi ton être,
Et que cet Infini, qui t’écrase d’effroi,

Pour supplice et pour gloire, homme, tu l’as en toi !...
Ame humaine!— univers éblouissant et sombre!

Tu brillas dans ta nuit aussi d’astres sans nombre,
Qui, dans ton ciel mystique, ont tenté tour à tour,
Pâles soleils humains de faire le grand jour.

Ces soleils, c’étaient vous, philosophes, poètes !
Esprits, qui, dans la nuit dont no* âmes sont faites,
Resplendissiez, pareils aux célestes soleils,

Ces moissonneurs géants chargés de feux vermeils,
Qui s’en vont vers le Maître, et, de leur front superbe,
Dans les champs de la nuit laissent traîner leur gerbe !.. .

Prêtres de l’Infini, penseurs prodigieux,

Dont l’extase jadis, au seuil obscur des cieux.
S’enivrait de l’assaut lumineux des étoiles,

Comme elles, vous cherchiez à soulever des voiles;
Vous fouilliez jusqu'à Dieu les entrailles d’un ciel,
Ephémères sondeurs du mystère éternel !

Vous scrutiez l’Infini de l’âme — noir orbite
Où, dans l’ombre sacrée, un œil caché palpite,

Et frères, des soleils consumés par leur feu.

Vous vous sentiez aussi des fanges, cherchant Dieu !...
— Vous aussi, vous tentiez, éternelle chimère !
D’escalader un ciel, Titans de la lumière,

Et toujours retombaient sur vos cœurs écrasés
Le silence et la nuit et l’espace, entassés 1...

Enfin, Astre pareil à la Terre sereine,

Parmi ces vieux penseurs jetant leur clarté vaine,
Enveloppé d’aurore, ô Christ, tu resplendis!

Plus haut, toujours plus haut, superbe, tu bondis,

Et parmi les débris de la sagesse antique,

Tu jetas ton rayon vainqueur et pacifique !

Toute lueur est morte en ta pleine clartéj
Et c’est en toi que vit la vieille Humanité !

Seul asile de l’homme au sein du vide immense,

O Christ, tu le nourris de ta propre substance,

Tu l’emportes goûter, en ton Père éternel,

Le repos dans l’amour, — ce rêve universel !...

Emile Van Arenbergh.

SALON DE BRUXELLES.

(suite).

MM. Delpérée. — Lebrun. — Mme Geefs. — MM. Bo-
net. — Lybaert. — Van Severdonck. — Van Beers.
— Soubre. - Van Hammée. — Malboux. — E. Sa-
cré. — Witkamp. — Geets. — Cornet. — Ooms. —
Van der Ouderaa. — A. De Vriendt.

M. Delpérée a pris décidemment sa place
parmi les maîtres de l’école et l’éloge que
nous aurions à faire de cette organisation
serait complet si nous ne remarquions dans
son Martin Luther une tendance à mépriser
l’histoire au profit des passions du jour.
Chercher le succès dans cette voie, c’est
arriver au triomphe facile et éphémère que
vous fait une foule ignorante et aveuglée,
mais c’est aussi arriver tout droit au mépris
public. Il faut, quand on veut être peintre
d’histoire, il faut chercher la vérité et la res-
pecter comme une chose d’autant plus sacrée
qu’elle a mission d’enseigner et que si vous
la dénaturez elle corrompt. L’instituteur qui
falsifie les vérités qu’il a charge de montrer
aux jeunes intelligences, ressemble au peintre
qui prendrait pour base de son enseigne-
 
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