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N® 16.

31 Août 1878.

Vingtième Année.

JOURNAL DES BEAUX-ARTS

ET DE LA LITTÉRATURE.

DIRECTEUR: M. Ad. SIRET.

MEMBRE DE l’aCADÉMIE ROY. DE BELGIQUE, ETC.

PARAISSANT DEUX FOIS PAR MOIS.

PRIX PAR AN : BELGIQUE : 9 FRANCS

ÉTRANGER : 12 FR.

ADMINISTRATION et CORRESPONDANCE :

RUE MARIE-THÉRÈSE, 22, LOUVAIN.

SOMMAIRE. Belgique : Concours de gravure. —
Allemagne : Tableaux de la collection von Hirsch

— Les architectes néerlandais (suite).— France:
Corresp. part. : Les belges à l’exposition de Paris.

— Chronique générale. — Correspondance. —
Dictionnaire des peintres. — Annonces.

Belgique.

CONCOURS DE GRAVURE

A L’EAU FORTE POUR 1878.

L’ouverture des billets cachetés et
les informations des artistes, nous
font connaître que le prix unique du
Genre (3oo fr.) a été remporté par
M. Lucien Gérard, artiste-peintre à
Bruxelles,pour le n° 1, représentant :
une vieille femme endormie.

Le premier prix de paysage (200 fr.)
a été remporté par M. François Van
Cuyck,artiste-peintre à Anvers, pour
le n° 16 représentant : village en
Campine.

Le second prix ayant été remporté
par un artiste déjà primé précédem-
ment, pour un prix de la même caté-
gorie, n’a pu lui être décerné. De
plus, d’après la décision du jury, il
n’y a pas lieu d’accorder le prix à la
planche qui vient immédiatement
dans l’ordre de mérite.

Allemagne.

(Correspondance particulière.)

COLLECTION VON HIRSCH.

TABLEAUX ANCIENS ET MODERNES.

L’importance et la notoriété de la Galerie von
Hirsch qui va être dispersée, nous ont engagé à
charger un de nos correspondants d'Allemagne de
faire une visite particulière â ce célèbre cabinet et
de nous communiquer ses annotations. C’est ce
travail auquel, vu son intérêt et son actualité, nous
donnons aujourd’hui la place d’honneur.

D’après vos instructions je suis allé visiter
à Wurzbourg cette grande curiosité qu’on
nomme la Galerie de tableaux du banquier
Joël von Hirsch, mort il y a deux ans, et qui

était un des plus célèbres connaisseurs de
l’Allemagne. Je suis resté plusieurs jours au
milieu de cette réunion tout à fait extraor-
dinaire d’œuvres picturales et après m’être
orienté quelque peu au milieu d’elles, je viens
vous rendre compte de mes impressions.

11 y a là près de 400 tableaux anciens et
modernes, parmi lesquels j’ai rencontré des
chefs-d’œuvre, beaucoup de tableaux d’une
qualité supérieure, une certaine quantité de
productions très recommandables et fort peu
de choses médiocres. Les chefs-d’œuvre sont
d’une pureté et d'une conservation admirables
et, en général, on sent qu’un tact très fin, une
organisation d’élite a passé par là. Presque
tous les morceaux portent la signature indé-
niable du maître à côté de la griffe du lion;
peu, très peu de retouches, pas de chanei, pas
de crevasses ; des vernis purs et légers, des
cadres adroitement appropriés au style et à la
manière des maîtres, en un mot, je dois le
redire ici, c’est le tact d’un éminent connais-
seur qui a veillé avec un soin jaloux à la
conservation la mieux entendue de cette col-
lection assurément unique.

Les écoles anciennes jusqu’au milieu du
xvuL siècle, y sont le mieux représentées,
mais tout est un peu mêlé et je serai obligé
de marcher sans suite. Mais vos lecteurs s’y
retrouveront. Je les préviens aussi que je ne
m’attacherai qu’au-dessus du panier, car il me
faudrait cinq ou six fois plus d’espace que
celui que vous m’accordez pour satisfaire,
même sommairement, aux exigences de la
situation (i).

C’est par Jean Bellini que j’enlre en matière.
L’œuvre du célèbre Vénitien est une perle.
Elle représente la Madone et l'Enfant Jésus.
La Vierge est vue à mi-corps, l’Enfant est de-
bout sur un seuil de pierre. Ce qu’il y de grâce
austère dans ce groupe divin est intraduisible.
Comme toutes les Vierges de Bellini, celle-ci
a un air grave et placide. Les yeux sont bais-
sés vers l’Enfant, la bouche est petite, fermée
et semble obéir à une légère contraction in-
térieure. La joue droite est forte et pleine, la
gauche fuit dans l’ombre. Le cou est un peu
fort. Les draperies sont traitées sans ostenta-
tion, ce sont les plis un peu raides et symétri-
ques de dessin habituels au maître. Ce qui ne

(1) Malgré ces réserves nous avons dû supprimer
plus de la moitié de l’article de notre correspondant
de Wurzbourg. N. de la R.

se peut définir, c’est l’expression du sentiment
de cette Vierge uniquement occupée de l’Enfant.
Celui-ci est posé debout, absolument nu, la
tête tournée vers le haut à droite, de la main
gauche il tient un fruit. La main droite est
posée sur celle de sa Mère ; l’expression de
son visage est d’une saisissante portée et il ne
faut pas beaucoup d’efforts d’imagination pour
sentir que l’Enfant divin prévoit qu’il sera le
Christ. Si c’est là le caractère que Bellini a
voulu donner à cette superbe création, il y a
pleinement réussi. Le modelé et le coloris du
corps de l’Enfant Jésus constituent un travail
devant lequel on ne saurait trouver d’expres-
sion assez laudative. Tout ce panneau, qui
mesure 64 c. sur 54 c. est d’une coloration
puissante, pleine et sonore, si je puis m’ex-
primer ainsi. Le corps de l’Enfant est une
chair à petites ondulations frémissantes, c’est
la vie. Les mains de la Vierge sont plus rigides.
Le paysage italien est traité avec le même soin
ainsi que le ciel que deux groupes de petits
nuages meublent à droite et à gauche. Bref,
tout ce panneau est resplendissant, et s’il a
subi des retouches, ce dont je doute, elles ont
été faites avec une discrétion et un respect
que l’émail patiné, dont le temps l’a revêtu,
ne permet pas de constater.

Voici un superbe Bartholomé Spranger dans
des proportions un peu restreintes pour le
sujet : Mercure et Venus. Dessin ferme et on-
dulé comme celui des Goltzius, des Heems-
kerk, mais plus carré et plus spirituel. Les
chairs sont grasses et parlantes. La composi-
tion est étrange, les corps se meuvent dans un
sentiment de contorsion qui ne manquent ni
de grâce, ni de vérité. Il y a là de la sculpture
grandiose et du nerf. OEuvre excellente pour
un musée. — Une Madone de Cranach, au-
thentique, nous saisit par sa tonalité rude et
franche, non moins que par le type féminin
particulier au maître et où l’on rencontre plus
de matière que d’idéal. Je vois encore autour
de moi plusieurs gothiques à l’endroit desquels
je dois me taire, obligé que je suis de mesurer
mon papier.

Voici une Scène d'hiver qui caractérise par-
faitement son auteur, Henri Van Avercamp.
Au premier plan figure un groupe de per-
sonnages qui valent leur pesant d’or à cause
des costumes étranges dont ils sont affu-
blés. Non loin de là sont deux tableaux
très purs, très soignés et, qu’en termes de
 
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