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N° 14.

31 Juillet 1878.

Vingtième Année.

JOURNAL DES BEAUX-ARTS

ET DE LA LITTÉRATURE.

DIRECTEUR: M. Ad. SIRET.

MEMBRE DE l’aCADEMIE ROY. DE BELGIQUE, ETC.

SOMMAIRE. Belgique . La situation. — Le Stan-
dard et l’exposition belge.—L’église Saint-Joseph
à Louvain. — Les architectes néerlandais. —
Enseignement élémentaire du dessin. — Resur-
rectio.— Correspondance. — Pensées et maximes.
France : Correspondance particulière. — Chro-
nique générale. — Dictionnaire des peintres. —
Annonces.

Belgique.

LA SITUATION.

Le personnalisme dans les arts offre
en ce moment, en Belgique, le spec-
tacle navrant de ce que deviennent
certaines individualités lorsqu’elles
ne s’inspirent que de legoïsme et de
l’orgueil. Au lieu de travailler en
commun à la gloire de la patrie et à
sa prospérité matérielle, nous voyons
des hommes de valeur qui devraient
être des exemples de civisme, échouer
misérablement et encourir les sévé-
rités de l’opinion. En effet, rien de
plus douloureux, rien de plus poi-
gnant que d’assister à ce qui se passe
à l’exposition universelle de Paris où
l’audace inconcevable de quelques-
uns se subsitue brutalement et cyni-
quement à la conscience publique
qu’ils prétendent diriger. Il est temps
que cela finisse ; il est temps que l’é-
cole belge se rasséréné, se tranquil-
lise et chasse au loin les ennemis per
sonnels et absorbants de son bonheur
et de sa force ; qui, s’attribuant tous
les mérites, veulent appeler à eux tous
les succès et dénient aux autres le ta-
lent et la gloire qu’ils confisquent allè-
grement au profit de certains opéra-
teurs dont ils sont, peut-être, les com-
parses ou les complices. Oui, il est
temps que ce genre de terreur prenne
fin ; les intérêts d’un groupe considé-
rable de citoyens le réclament et la
réputation du pays l’exige. On pourra
dès lors espérer que, grâce à une en-

PARAISSANT DEUX FOIS PAR MOIS.

PRIX PAR AN : BELGIQUE : q FRANCS

ÉTRANGER : 12 FR.

tente entre les intéressés et le gouver-
nement dont l’action est indispensable,
notre école reprendra dans le calme
et la confiance sa marche austère et
progressive, oubliant les aventures
auxquelles a donné lieu cette exposi-
tion universelle où l’on aura vu plus
d’un naufrage et plus d’un scandale.

D’autres préoccupations devraient,
nous semble-t-il, tenir le haut bout
de la situation. C’est d’abord la crise
continue dans laquelle est plongée
notre population artistique et d’où
on pourrait la faire sortir au moyen
de quelque grande mesure vigoureuse
et patriotique débarassée de cet esprit
mesquin et étroit qui depuis une
vingtaine d’années annihile toute
entreprise généreuse. C’est encore
l’étude sérieuse et approfondie des
moyens d’exportation de nos œuvres
artistiques à tenter loyalement en éta-
blissant des comptoirs autour des-
quels on rallierait, par des combinai-
sons officielles, les sympathies ou tout
au moins l’attention des populations
lointaines (î) ; c’est ensuite la forma-
tion de groupes puissants comme l’Z7-
nion centrale de Paris, entre autres,
pour ne citer qu’une entreprise réali-
sée avec un plein succès depuis vingt
cinq ans, et qui, profitant aux masses
comme instruction,répand parmi elles
l’émulation, le travail et le bien-être.
Nous pourrions allonger démesuré-
ment cette liste de desiderata ; bor-
nons-nous pour le moment à ce qui
précède ; tout est à faire en ce genre
d’innovations utiles où, il faut l’avouer,
le gouvernement s’est rarement exercé
et où, quand il l’a fait, les choses ont
été résolues au bénéfice exclusif de

(i) En Amérique il se forme actuellement, dans
presque toutes les villes importantes, des musées
colossaux d’œuvres anciennes et surtout modernes.
Le sait-on en Belgique ?

ADMINISTRATION et CORRESPONDANCE :

RUE MARIE-THÉRÈSE, 22, LOUVAIN.

quelques-uns, ainsi que le prouve
brutalement l’examen des réformes
réalisées par lui.

Rentrons donc dans notre atmos-
phère un instant troublée par des
orages violents et malsains et recon-
fortons-nous en cherchant à conjurer
une crise qui de momentanée quelle
était prend des proportions inquié-
tantes. Que l’initiative privée, jointe
à une action puissante et officielle,
s’ingénie sérieusement à sauvegarder
des intérêts multiples et sacrés : il y
va de notre existence, il y va de notre
honneur.

LE STANDARD

ET L’EXPOSITION BELGE.

Nous trouvons dans le Journal anglais : Le
Standard, l’article suivant sur les artistes
belges à l’exposition universelle de Paris.

« ...Il n’y a pas de doute que pour ce qui
regarde la peinture, la Belgique partage la
palme avec l’Allemagne, la Suède et l’Angle-
terre. Je ne fais naturellement allusion ici,
qu’aux expositions des nations étrangères,
car la France étant chez elle, la comparaison
serait inégale. Les tableaux Belges sont,
comme les Allemands, choisis avec soin et
la médiocrité, sauf pour quelques portraits
officiels, a été sévèrement écartée.

» Le tableau capital de cette exposition,
est celui de M. Verlat : « Le Christ quittant
le Prétoire » ; j’espère qu’on l’exposera en
Angleterre, pour l’éducation des admirateurs
de M. G. Doré. M. Verlat met un titre à son
tableau : « Nous voulons Barrabas » ; ce
n’était pas nécessaire, le sujet se montre
clairement. Barrabas, musculeux voleur,
dont les mains sont encore chargées de
menottes, est porté sur les épaules d’une
foule enivrée et grossière, dont les figures
sémétiques sont admirablement rendues; la
figure du Sauveur garotté, avec ses vête-
ments lacérés, forme un superbe contraste,
dans sa calme tristesse et sa sérénité plus
surhumaine. Le tableau est daté de « Jéru-
salem 1876 »; tous les types sont méridio-
naux et traités avec une vigueur qui rappelle
 
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