Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
N° 5.

15 Mars 1878.

Vingtième Année.

JOURNAL DES BEAUX-ARTS

ET DE LA LITTÉRATURE.

DIRECTEUR: M. Ad. SIRET. paraissant deux fois par mois. ADMINISTRATION et CORRESPONDANCE :

MEMBRE DE l’académie ROY. DE BELGIQUE, ETC. PRIX PAR AN : BELGIQUE : Q FRANCS. RUE MARIE-THÉRÈSE, 22, LOUVAIN.

_ ÉTRANGER : 12 FR, _

SOMMAIRE. Belgique : Exposition du Cercle
d’Anvers. — Les grandes publications modernes :
Le musée d’Amsterdam. — Sur les meubles en
acajou.— France : La galerie religieuse du Lou-
vre. — Pensée de F. Clément. — Hollande :
Les collections de Pieter Langerhuizen à Amster-
dam. — Pensées et maximes. — Dictionnaire des
peintres. — Chronique générale. — Annonces.

Belgique.

EXPOSITION AU CERCLE ARTISTIQUE
A ANVERS.

Répétition, tel est le titre d’un grand ta-
bleau exhibé par Ch. Pierre Neuckens. Il
représente une bohémienne répétant dans
un galetas la danse des œufs, devant deux
de ses compagnons et d’un gamin, qui suit
avec plus d’intérêt encore les évolutions de
la danseuse. Il y a dans cette toile d’in-
contestables qualités de couleur et de fac-
ture, à côté de défauts de dessin visibles.
La bohémienne est d’une longueur et d’une
maigreur excessives, la tête de celui de ses
compagnons, qui paraît le chef de la troupe,
est trop grosse et le tout est peut-être d’une
franchise trop crue, frisant la brutalité; mais
la lumière est distribuée sagement, la com-
position est excellente, les personnages sont
typés crânement et les sentiments qui les
animent, exprimés avec une énergie rare.
Sous ces derniers rapports nous n’avons
qu’à féliciter l’artiste du résultat obtenu.
C’est une œuvre saine et vigoureuse, qui est
en même temps un acte de courage, puis-
qu’elle annonce la volonté bien arrêtée de
ne pas s’en tenir aux succès faciles qui lui
ont valu dans le dernier temps toute une
série de petits cadres d’un placement à peu
près sûr.

Le peintre ayant eu, je ne sais trop pour-
quoi, l’idée assez malencontreuse de coller
sur le mur une affiche, où s’étalent les noms
de Mignon et de Goëthe, on a voulu voir
dans la composition une scène du Wilhelm
Meister. Il faut ne jamais avoir lu le célèbre
roman, pour découvrir la moindre ressem-
blance entre la bohémienne de M. Neuckens
et la figure poétique rêvée par le grand écri-
vain allemand.

La visite de l'archiduc Charles (Charles V)
au serment des Arbalétriers à Anvers, de
M. Van der Ouderaa serait le meilleur ta-
bleau que nous ayons vu jusqu’ici de cet

artiste, s’il y avait plus d’air dans les groupes
du second plan. Le coloris est d’une fraî-
cheur admirable et les costumes sont peints
de main de maître. On pourrait désirer plus
d’expression dans certaines têtes, notam-
ment dans celles du jeune Charles et de
Marguerite d’Autriche.

Je vous ai dit le succès obtenu à la der-
nière exposition par un débutant, M. Farazyn,
avec une toile représentant un bambin qui
vient d’affubler d’un bonnet le chien de la
maison. Cette fois-ci ce jeune artiste n’a pas
été tout à fait aussi bien inspiré; ses enfants
ont le rire un peu grimaçant; la petite fille
qui menace de faire tomber son frère du
cheval de bois auquel il se cramponne en
criant Maman! Maman! est assez mal des-
sinée. — Si l'Education de M. Siberdt, une
mère en costume d’italienne, qui montre à
lire à son enfant, n’est pas bien neuf comme
sujet, la façon dont le peintre a su traiter
ce thème usé, lui donne cependant une va-
leur sérieuse. — Les musiciens ambulants
(encore des italiens), de M. De Jans, est com-
posé avec beaucoup d’habileté. Il y a de
très bonnes parties dans cet intérieur de
cabaret, dont l’exécution est également d’une
grande franchise. Certains personnages po-
sent trop; d’autres sont trop petits. — Le
Correcteur et le Retour de la conférence, de
M. Adrien De Braekeleer, rappellent l'Inté-
rieur, dont je vous ai parlé dernièrement
et qui nous montrait le talent de cet artiste
consciencieux sous une nouvelle face. Les
deux jolies choses qu’il vient d’exposer dans
le genre qu’il parait décidé à adopter, ne le
cèdent en rien à ses Antiquaires. — Camélia,
de M. Van Beers, est une peinture fort gen-
tille, qui plait énormément à certains ama-
teurs, bien que le dessin ne soit pas partout
irréprochable. La Rosa du même artiste, un
petit cadre tout rose, constitue un véritable
tour de force.

M. Em. Glaus, un jeune, qui cherche sa
voie et qui finira par la trouver, intitule le
Chemin des écoliers, une demi douzaine d’en-
fants de la campagne flânant dans les blés
inondés de soleil. Les enfants sont vrais et
très-amusants : le paysage, sauf un léger
défaut de perspective, ne demanderait qu'un
peu plus de solidité pour être des plus réus-
sis. — La Tentation, de M. Verhoeven-Bal,
deux enfants en extase devant un tas de

fruits appétissants, est une des toiles les
plus agréables que nous ayons vues de cet
artiste. — Très-agréable aussi Avant le con-
cert, de M. Serrure, une jolie femme bien
pimpante et une harpe peinte supérieure-
ment. — Dans le Rêve de Chriemhilde, de
M. Fraustadt, les accessoires sont superbes.
Quant à Chriemhilde, elle n’a que le nom de
l’héroïne du poème desNibelungen.—M.Neu-
haus était représenté encore une fois à l’ex-
hibition par un intérieur ravissant, c’est le
mot. — L'Attelage de M. Stobbaerts vaut infi-
niment mieux que son Chat, un plus petit
tableau, dans lequel il n’y a de réellement
bon que des harengs.

MM. Beaufaux et Delfosse avaient envoyé
des portraits d’une exécution soignée et
pleins de distinction; M. Melis un portrait
d’enfant, qui n’est pas mal; et M. Herbo des
têtes de fantaisie qui promettent. — Le corps
de délit, de M. Boks : pendant l’absence de
ses maîtres, la cuisinière a reçu la visite
d’un sien ami, probablement un pays, voire
un cousin. Rentrée inopinée des maîtres,
fuite précipitée de l’amant, indignation de
madame et fureur de monsieur à l’aspect du
shako oublié par le guerrier. Moins de charge
dans l’expression de madame et de deux des
domestiques stupéfaits, et ce serait parfait.
La cuisinière vaut son pesant d’or.

Dans ses Rochers de Tor More en Irlande,
M. Montgomery a fait un grand pas. L’eau est
toujours aussi transparente, mais les rochers
valent beaucoup mieux que ceux de sa der-
nière toile. — Le grand bassin à Anvers, de
M. R. Mois, a paru un peu dur de ton. Le
ciel n’est pas des plus heureux. Dans la Vue
des travaux de l'exposition à Paris, le joli
bout de panorama du fond mérite seul des
éloges. — La Vue de Burcht, de M. Pulinckx,
est un fort bon paysage; les Dunes de Zand-
voort, de M. Oppenoorth, et la Visite de la
douane, de M. Wolters, dénotent des progrès
considérables. — Dans sa Vue d'Anseremme,
M. Albert De Keyzer prouve qu’il sait faire
mieux, quand il ose. On dirait presqu’un
Van Luppen. — La Vue de Bruges et la Vue
sur la Lys, à Garni, de M. Lecmans, sont
deux charmants clairs de lune; mais pour-
quoi l’artiste varie-t-il si peu ses effets? Il y
a cependant moyen, témoin Van der Neer.
— M. Th. Verstraeten est retombé dans des
impressions au moins discutables. Par con-
 
Annotationen