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— 34

tre VAutomne et la Matinée d'hiver sont peints
réellement, ce qui n’empêche pas le senti-
ment d’être vrai. — En route pour la ville,
de M. Moerman : le paysage est assez bon
mais les paysans sont d’une vulgarité déso-
lante et d’une laideur encore plus affreuse.
M Moerman a cependant du talent. Avec plus
de goût il ferait de très bonnes choses.

M. De Haas, l’excellent animalier, avait
deux cadres. Une Vache dans une prairie et
une Tête de vache, qui est un véritable chef-
d’œuvre. — Les Chats de M. De Bruycker.
La beauté incomparable du pelage ne rachète
pas suffisamment les défaillances du dessin.
— Les Natures mortes, de MM. Nauwens et
Ryssens-De Lauw sont d’estimables produc-
tions. Que ne pouvons nous en dire autant
de celles de M. Crabeels !—M. Fabri devrait
bien exposer parfois des choses plus impor-
tantes que les portraits ou bustes de fantai-
sie en terre cuite. C’est très-bien fait assu-
rément mais on est en droit d’attendre
davantage d’un statuaire de cette valeur.

X.

LES GRANDES PUBLICATIONS MODERNES.

LE MUSÉE D’AMSTERDAM

FUBLIÉ PAR LA MAISON BUFFA.

Dans notre n° 24 de 1876, page 189, nous
avons longuement parlé des cinq premières
livraisons de ce magnifique ouvrage qui,
comme nous l’avions annoncé, fait son tour
d’Europe avec un succès que faisaient pré-
voir avant tout le nom de William Unger et
les soins donnés à l'entreprise. Nous avons
aujourd'hui à entretenir nos lecteurs des der-
nières livraisons parues récemment et des
onze planches qui complètent ainsi les 32 eaux-
fortes promises.

C’est d’abord la Kermesse de Corneille
Dusart, composition assez froide qui ne pa-
raît pas avoir inspiré violemment la science
de Unger. C’est d’une pointe facile et grasse,
mais la valeur des tonalités de l’œuvre peinte
n’a pas préoccupé l’artiste, il y a de la mono-
tonie dans l’effet général et un certain ennui
semble avoir présidé à la confection de ce
cuivre. Corneille Dusart est un maître fort
agréable à voir en passant, mais il ne retient
pas et vous laisse froid. Unger doit être de
cet avis.

Autre chose est ce Fabritius rutilant qui
serait Rembrandt si Rembrandt n’existait
pas. Réalisme puissant mais vulgaire en
somme et malgré cela d’une individualité
envahissante. A coup sûr il n’y a rien de
bien noble ni de bien naturel dans cette Hé-
rodiade à la main sur la hanche, au pouce
levé et parlant au bourreau qui lui présente
la tête saignante de St-Jean, comme si elle
lui donnait un message insignifiant à rem-
plir. Le bourreau, lui, a la face d’un stupide
boucher qui porterait une tête de veau ; les

figures du fond sont assez vulgaires à l’excep-
tion de la vieille femme de gauche et de la
servante d’Hérodiade. Malgré tout cela, ce
tableau vous attire et vous retient. Et dire
que l’auteur de ce chef-d’œuvre de la brosse
porte un nom encore contesté! Unger s’est
plu à cette lumineuse peinture passionnée et
il s’est lui-même comme transfusé dans le
sang de son modèle pour le ressusciter dans
son œuvre gravée. C’est un cuivre très osé,
très chaud, très réussi, plus artistique qu’aca-
démique et qui semble peint tant les empâ-
tements du maître et ses calculs de lumière
ont été respectés.

Voici un Willem Van de Velde clair et
joyeux comme la lumière elle-même. Près
de la côte; c’est calme, c’est amusant à voir
Le ciel est un peu gratté à certaines places et
l’eau du premier plan est un peu trop solide.

La Nature morte d’après Kolf est traitée avec
beaucoup d’énergie et une prodigieuse entente
des ressources de l’eau-forte, notamment dans
les parties ombrées des fruits qui sont sur le
plat.

Nous voici devant l’admirable Van der
Helst, chef-d’œuvre de l’art hollandais, ce
Banquet de la garde civique de 1648 qui au-
rait mérité une planche de plus grande di-
mension si le format de l’ouvrage l’eût permis.
Ici Unger s’est mis à l’aise; s’il est l’homrne
de Rubens, le peintre foudroyant, il est aussi
l’homme des Rembrandt, des Hais et des
Van der Helst, ces artistes humains qui ont
si admirablement compris et rendu leur
époque. Il a reproduit ce Banquet avec une
volupté visible. Les personnages, dont quel-
ques-uns, ici comme dans l’original, sont un
peu écourtés dans les fonds, ont l’expression
voulue; un sentiment de joviale fraternité
règne sur toutes les physionomies avec une
intensité telle qu’il arrive parfois au specta
teur de se croire de la partie. Les costumes
pittoresques de l’époque contribuent néces-
sairement au succès de l’œuvre peinte, mais ici
ce genre de succès n’a pas la même puissance,
et Unger cependant a su l’égaler par l’éton-
nante adresse de sa pointe à interpréter les
couleurs de l’original. Evidemment nous ne
prétendons pas que le graveur aît rendu ces
couleurs dans leurs nuances mêmes, mais il
est évident aussi que pour toute organisation
artiste les valeurs nuancées du coloris se re-
produisent dans sa mémoire avec une accen-
tuation indiscutable. Phénomène de nature
ou puissance d’imagination, cela est et il faut
en attribuer le mérite tout entier au graveur.
Du reste, quand 011 examine attentivement
la variété calculée des travaux de la pointe de
Unger, on comprend mieux comment il ar-
rive à ce prodigieux résultat qui est ici très
sensible et qui s’apprécie encore mieux dans
la Fête de Venus d’après Rubens, du musée
de Vienne dont nous parlerons plus tard. Re-
marquez dans ce Van der Helst le trait on-
dulé, gras et croisé clair, de certaines étoffes

lourdes, le trait menu et un peu haché, à
petites sections, des étoffes de toile ou de
soie, le trait presque pointillé des dentelles,
le trait lourdement buriné des velours s’enle-
vant sur un fond d’aspect estompé dans la
lumière, les bavures noires, courbes, droites
et angulaires de certains détails métalliques,
le pointillé espacé des physionomies avec les
rehauts tracés adroitément aux endroits proé-
minents; dans les étoffes ou matières raides,
voyez la ligne courante interrompue seule-
ment par une ligne transversale qui marque
l’ombre, voyez partout ce semis intelligent
de grains de différentes valeurs et songez que
chacun de ces traits, quelque minuscule qu’il
soit, a sa raison d’être et que la main de l’ar-
tiste ne l’a tracé que quand son génie lui a dit:
que la lumière soit! En vérité, c’est prodi-
gieux! et je crois qu’aucun amateur sérieux
ne répudiera notre enthousiasme s’il veut se
pénétrer de ce qu’il faut de talent, je dirai
même de génie,pour arriver à faire d’une ad-
mirable œuvre peinte une admirable œuvre
gravée sans qu’aucune des deux soit amoin-
drie par l’autre.

U ne très belle lumière est répandue sur la
Femme adultère de Van den Eeckhout.
J’oserai même avouer que la gravure me
semble s’être mieux rendue compte des clairs-
obscurs que l’original. L’action du temps est
sans doute pour quelque chose dans l’aspect
du tableau. Ici encore, Unger a calculé son
effet et ses moyens d’exécution avec la pon-
dération et la science qui font sa force. Ce
cuivre a une superbe allure et nous en faisons
volontiers un éloge sans restriction.

Dans la Bourse des bateliers de Beerstraa-
ten le graveur s’est révélé dans un ciel d’une
admirable légèreté. Les personnages sont
lourds ; leurs contours trop accusés les figent
un peu malgré le mouvement qu’ils sont cen-
sés représenter. Ils font, de plus, l’effet de
petites taches noires surtout par les têtes. Le
tableau peint n’a pas cet aspect et le graveur
nous a prouvé ailleurs qu’avec du blanc et
du noir il savait peindre.

Nous voici devant la Cascade de Ruisdael.
Mais comme nous avons à insister quelque
peu sur le tableau lui-même, ce sera pour le
prochain n°.

fA suivre.) Ad. S.

SUR LES MEUBLES EN ACAJOU.

Veut-on savoir l’origine de ces fameux meu-
bles en acajou, l’orgueil et les délices de nos
grands parents, lesquels meubles historiés de
cuivres mytliologico-classiques sur les dessins
de MM. Fontaine et Percier, furent presqu’ex-
clusivement acceptés par l’univers entier pen-
dant le demi siècle de décadence artistique qui
suivit la Révolution Française de 1789.

Pendant deux siècles, les Espagnols avaient
possédé l’Amérique centrale sans songer à se
servir du bois d’acajou comme article de com-
merce, et, après eux, personne n’y aurait
 
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