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N° 15.

17 Août 1878.

Vingtième Année.

JOURNAL DES BEAUX-ARTS

ET DE LA LITTÉRATURE.

DIRECTEUR : M. Ad. SIRET.

MEMBRE DE L’ACADÉMIE ROY. DE BELGIQUE, ETC.

SOMMAIRE. Belgique : Concours de gravure de
1878. — La critique. — Les architectes néer-
landais. — Pensées et maximes. — Hilarion
Eslava, — Allemagne : Corespondance particu-
lière : La collection d’objets d’art de J. von
Hirsch de Gereuth. — France : Correspondance
particulière : L’exposition universelle. — Chro-
nique générale. — Dictionnaire des peintres. —

Annonces.

Belgique.

CONCOURS DE GRAVURE

A L’EAU-FORTE

ouvert par T administration du
Journal des Beaux-Arts pour 1878.

MM. Stallaert, professeur à l’aca-
démie royale de Bruxelles, W.Geets,
directeur de l’Académie des Beaux-
Arts à Malines,et Coosemans, artiste
paysagiste, à Louvain, ont bien voulu
se constituer, à notre prière,membres
du jury chargé de décerner les prix
dans le concours que nous avons
ouvert en 1878.

La décision de ce jury est celle-ci :
i° Il n’y a pas lieu de décerner le
premier prix d’histoire.

20 Même décision pour le deu-
xième prix de la même catégorie.

3° Le prix unique de 3oo francs,
pour le genre, est accordé à l’unani-
mité au n° 1 représentant Une vieille
femme endormie.

40 Le premier prix de paysage de
200 francs est décerné à l’unanimité
à la planche représentant un Village
en Campine et portant le n° 16.

5° Le second prix de la même caté-
gorie, prix de 100 francs, est accordé
au n° 20 représentant un Moulin à
eau.

Nous prions les auteurs de ces
planches de vouloir bien se faire con-
naître dans le cas où ils accepteraient
ces décisions. Cette formalité a été
résolue par l’administration du Jour-

PARAISSANT DEUX FOIS PAR MOIS.

PRIX PAR AN : BELGIQUE : 9 FRANCS

ÉTRANGER : 12 FR.

nal à la suite de certaines difficultés
que cette mesure tend à faire dispa-
raître.

Le numéro prochain contiendra
les noms des auteurs qui se seront
fait connaître.

Nous saisissons cette occasion pour
offrir aux membres du jury l’expres-
sion de notre profonde et affectueuse
gratitude.

Le directeur du Journal,

Ad. Siret.

LA CRITIQUE.

Il faut nous expliquer sur ce grand art
qu’on nomme la critique. Beaucoup s’imaginent
que c’est critiquer que faire de la critique, et
que porter un jugement sur un écrivain, c’est
juger un accusé comme on le fait en cour
d’assises. A leurs yeux, la critique n’est pas
un plaidoyer, c’est un réquisitoire. C’est qu’en
réalité le plus souvent ceux qui prétendent
exercer la critique ne comprennent pas ou ne
veulent pas comprendre les devoirs qu’elle
impose. C’est que les passions haineuses en
font une machine de guerre pour combattre,
amoindrir et nier le talent. Ils mettent les
défauts en lumière et les qualités dans l’ombre.
Plus il y aura d’éloquence dans un écrit, plus
ils s’acharneront à transformer en vices toutes
les vertus du style, à juger la Composition
d’après les procédés de telle ou telle école, à
citer la pensée au tribunal de leurs préjugés
prétentieusement décorés du nom de principes,
sans tenir compte à l’auteur de ses idées à lui
et du droit inaliénable qu’il possède de les
exprimer librement, sincèrement, franchement,
à ses risques et périls, dans toute l’indépen-
dance de sa conscience et de sa raison. Cet
art, je me trompe, ce métier méprisable ce
n’est point de la critique, c’est de la censure
et du pamphlet. C’est dégrader l’art en le fai-
sant descendre dans l’arène des partis pour en
faire un instrument de haine, au lieu d’en faire
ce qu’il doit être : Parme de la vérité. Ce n’est,
pas même de la satire qu’une telle critique,
car le critique français l’a dit :

L’ardeur de se montrer et non pas de médire

Arma la vérité du vers de la satire.

C’est le procédé des siècles de décadence

ADMINISTRATION et CORRESPONDANCE :

RUE MARIE-THÉRÈSE, 22, LOUVAIN.

où l’on ne sait plus admirer ni blâmer ce qui
est bon ou mauvais en soi, et où l’on réserve
l’éloge ou le blâme pour ceux qui pensent ou
ne pensent pas comme nous, embourbés que
nous sommes dans l’ornière de nos âpres et
mesquines passions.

La critique est un imiem<mf maie «« jnyo-
ment impartial, qui dans l’ordre de la philo-
sophie et de l’histoire prend la raison pour
guide, et dans l’ordre du beau, de l’idéal, de
l’imagination et du sentiment n’a d’autre bous-
sole que le goût, cette conscience de l’esprit
qui nous dit : Ceci est bien et ceci est mal.
Comment ce mot critique est-il entré dans la
langue? On l’a tiré du grec dont le sens originel
est : passer au crible, pour séparer la paille
et l’ivraie du bon grain. Qu’est-ce que la pas-
sion a donc à faire ici? La passion est nuage,
et la critique est lumière.

Mais, direz-vous, pour juger, faut-il donc
parler froidement? Autant vaudrait supprimer
l’âme. Non, vous pouvez vous échauffer, mais
seulement quand la lumière est faite. Louez
chaudement ce que la raison et le goût vous
auront fait trouver digne d’éloge, et blâmez
vigoureusement tout ce qui outrage le goût,
la conscience et la raison. Sachez vous placer
enfin au point de vue où s’est placé l’auteur
et dans le milieu où il a vécu, et jugez son
talent d’après sa pensée et non d’après la vôtre.
Libre ù vous ensuite de dire que ce ne sont
pas lù vos principes, que l’auteur s’est placé
à un faux point de vue et que sa doctrine vous
paraît stérile ou funeste à la littérature d’un
pays on aux progrès de l’humanité. Ceci est
une question à part et qui n’enlève rien an
talent. Si c’est l’art que vous avez à apprécier,
appréciez-le comme art, c’est-à-dire comme
moyen de rendre la pensée de l’écrivain qui
l'a conçue et ne le condamnez pas, en substi-
tuant d’avance vos vues personnelles, vos pré-
jugés et vos passions aux vues désintéressées
et loyales, à l’inspiration consciencieuse et
libre qui ont dicté l'ouvrage dont vous voulez
vous constituer juge. Ce n’est qu’à ce prix que
la critique pourra rendre hommage à la vérité,
service à la morale, honneur et courage aux
travailleurs de la pensée.

Je disais tout à l’heure que la critique avait
à discerner le bien du mal en littérature
comme en toute chose. Est-ce à dire que, sous
peine de manquer de critique, il faille cher-
cher toujours à signaler les défauts, même
 
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