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N® 13.

15 Juillet 1878.

Vingtième Année.

JOURNAL DES BEAUX-ARTS

ET DE LA LITTÉRATURE.

DIRECTEUR: M. Ad. SIRET. paraissant deux fois par mois. ADMINISTRATION et CORRESPONDANCE :

MEMBRE DE l’académie ROY. DE BELGIQUE, ETC. PRIX PAR AN : BELGIQUE : 9 FRANCS RUE MARIE-THÉRÈSE, 22, LOUVAIN.

_ ÉTRANGER : 12 FR

SOMMAIRE. Belgique : Les architectes néerlan-
landais (suite). — Stalles de Sainte-Gertrude. —
Italie : Corresp. part. Ecole de France à Rome.
—France : Corresp. part. Exposition universelle.

— Bibliothèque Firmin-Didot. Prix principaux.

— Chronique générale. — Dictionnaire des pein-
tres. — Annonces.

Be(()iqne.

L’ARCHITECTURE NÉERLANDAISE
AU XVIIe SIÈCLE. (Suite.)

Van Campen peignit aussi avec Grebber et
Jordaens des panneaux de'coratil's pour la
salle d’Orange élevée sur les dessins de Pierre
Post par la veuve du prince Henri-Frédéric
de Nassau en 1648. Les plafonds, grisailles,
ornements et grands tableaux qui ornent la
pièce principale de cet édifice, à laquelle il
doit son nom, représentent la naissance, la
vie et la mort d’un grand prince. Campo
Weijerman apprécie en ces termes le talent
pictural de van Campen : « wiens schilder-
» wijze groots was en breet, zo in zijne his-
» toriestukken als bijzondere beelden, sterk
» en trots op de manier van de konstrijke
» schilders, Jan Bijlaart en den beruchten
» Bronkhorst. »

Jacob van Campen architecte en titre des
Stathouders, mourut à son château de Ran-
denbroeck le i3 septembre 1654. Il était bon
peintre et étudia sérieusement les antiquités
romaines. Rembrandt lui fut toujours anti-
pathique, et toute son ambition semble s’être
concentrée à imiter les Italiens. Il y réussit
médiocrement en architecture, eut plus de
bonheur que de talent réel et manqua essen-
tiellement d’originalité.

Dans l’œuvre de Vingboons, dont nous
parlerons tantôt, l'on trouve à la fin du
premier volume un projet pour l’hotel de
ville d’Amsterdam, bien supérieur comme
conception à celui de van Campen. Selon le
texte qui accompagne ces planches, Vingboons
ne sait comment expliquer le brusque chan-
gement d’idées du magistrat d’Amsterdam à
propos de ses plans. Nous croyons, nous,
que, dans cet^e circonstance, comme il arrive
du reste assez souvent encore aujourd’hui, le
crédit et les relations mondaines dejoncheer
van Campen, seigneur de Randenbroeck et
architecte du prince d’Orange, ont plus
milité en fqveur de son projet auprès du

magistrat d’Amsterdam que le mérite intrin-
sèque de l’œuvre qui n’est pas à comparer
(faisant abstraction du mérite de la sculpture)
avec celui de Philippe Vingboons. Si le
nouvel Hôtel de ville que Christian Kramm
appelle si pittoresquement : liet Amsterdam-
sche heiligdom, obtint un succès populaire
et fut mis au rang de huitième merveille, la
postérité en rabattit quelque peu. En 1766
Le Philosooph, revue de Cornélius van En-
gelen, contient une lettre assez mordante sur
la dépravation du goût artistique chez les
Néerlandais et attaque ouvertement l’œuvre
de van Campen. Un enthousiaste anonyme
y répondit par une sorte de panégyrique
ampoulé qui parut l’année suivante chez
Yntensa et Tieboul. Dès lors cependant les
défauts réels de l’édifice apparurent et plus
d’un regretta que l’on n’eût pas suivi le plan
beaucoup plus large et plus grandiose de
Philippe Vingboons.

Ce qui fit la réputation de l’hôtel de ville
d’Amsterdam et la fortune de son architecte,
reste sans contredit la collaboration du fou-
gueux ébauchoir de notre Quellijn. L’habile
Anversois sut revêtir le squelette décharné du
Vitruve batave d’une chair , « rubenesque »
plantureuse et vivante. Les ordonnances des
cheminées, les bas-reliefs, les caryatides et
les parties décoratives constituent le meilleur
de l’œuvre.

Algarotti a décrit en détail l’hôtel-de ville
d’Amsterdam ; nous ne recommencerons donc
pas un travail identique. Faisons toutefois
remarquer que van Campen n’a pas jugé à
propos de motiver l’entrée principale d’un
édifice de cette importance. On y entre par
sept arcades de médiocre grandeur placées à
l’avant-corps de l’édifice; une seule entrée,
de peu d’importance, se voit à la face posté-
rieure. Vingboons n’avait pas répété une
bévue déjà commise par Floris au soubasse-
ment de l'hôtel de ville d’Anvers.

Dans le livre que van Campen a fait paraî-
tre sur l'hôtel de ville d’Amsterdam (plans,
coupes, élévations), la différence de mérite de
la gravure des planches, fort sensible, et leur
publication antérieure, définissent impartia-
lement la collaboration des deux artistes.

Van Campen mourut célibataire et fut
enterré dans la grande église réformée,
autrefois dédiée a saint Georges, de la ville
d’Amersfort.Le mausolée,assez remarquable,

est placé à proximité du chœur. Simon van
Beaumont,son ami intime, Raad-Pensionaris
d’abord de Middelburg, puis de Rotterdam,
qui nous a laissé, dans le genre où Cats
excellait, un volume intitulé Tydsnippering,
imprimé en 1640 à Amsterdam chez Nicolas
van Ravesteijn, lui composa cette épitaphe,
qui nous témoigne de l’estime exagérée que
lui vouèrent ses contemporains :

D’aerts bouwheer, uijt de stam van Campen rust hier-

fonder,

Die’t Raadhuis t’Amsterdam gebouwd heeft, ’t achtste

[wonder.

Ce tombeau faillit être détruit dans la
tourmente révolutionnaire de 1795. Un
membre de la Régence, M. van Leilair,
réussit à le préserver en faisant recouvrir de
plâtre les écussons héraldiques.

Le blason de van Campen porte une croix
ancrée—le marbre ne désigne pas d’émaux—
emblème en contradiction avec les armoiries
gravées sur le Tableau de la noblesse des
Pays-Bas, dédié en 1600, aux archiducs
Albert et Isabelle. Sur ce document la fa-
mille van Campen porte d'argent à deux
fasces de sinople (?). Nous appelons sur ce
point l’attention des spécialistes.

Après van Campen, une place fort hono-
rable parmi les artistes de la renaissance
italo-néerlandaise doit être donnée à Hendrik
de Keijser, fils de Corneille de Keijser, bahu-
tier (kistemaecker), né à Utrecht le i5 mai
1565. Sa famille cependant était patricienne
et ses ancêtres occupèrent dès le commence-
ment du XVe siècle des charges dans la ma-
gistrature communale d’Utrecht. Les Jaar-
boeken de cette ville compulsés par Burman
citent plusieurs oudermannen issus de ce
lignage qui occupèrent leur fonction en 1428,
1429 et 1433.

Hendrik de Keijser fut élève d’Abraham
Bloemaert, peintre et statuaire à Utrecht.
En 1594, à l’âge de vingt-neuf ans, il fut
nommé bouwmeister de la ville d’Amster-
dam. Ses principales œuvres ont été publiées
dans VArchitectura moderna de Corneille
Dankertz van Sevenhoven, éditée à Amster-
dam en 1631.

Ce livre intéressant par des Lofsonneiten
sur Hendrik de Keijser et Corn. Danckertz,
est accompagné d’un texte long et filandreux,
véritable style de prédicant huguenot, d’un
autre artiste, Salomon de Bray, à la fois

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