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accompagnées en outre de 55 gravures à l'eau-
forte, d'après les tableaux de la collection. On
a tiré mille exemplaires sur papier teinté du
prix de 80 frs. (une bagatelle) et trois cents
exemplaires sur papier de hollande au prix
de 100 frs. Le prix intégral de la vente de ces
catalogues a été versé moitié dans la caisse
des pauvres de Florence et moitié dans la
caisse formée pour l'achèvement du Duomo.
On le voit, tout a été fait princièrement dans
cette affaire qui sera bien certainement le prin-
cipal épisode artistique du siècle au point de
vue commercial.
Les gravures sur bois et les photogravures
de ce catalogue ont un cachet éminemment
français. Le dessin est toujours piquant et
spirituel. Le crayon des artistes s'y montre
dans son essence native, soit qu'il s'agisse
d'un sujet à personnages, soit d'un objet d'art
industriel quelconque. C'est toujours ce brio
étincelant et magique qui est le fond de l'art
français dont l'industrie de luxe offre les plus
heureux échantillons au palais San Donato.
Les gravures sur bois ont un moelleux éton-
nant qui prouve les progrès réalisés chaque
jour dans la xylographie aidée du clichage
sur cuivre. Je n'en veux pour preuves, entre
cent autres, que ce portrait si pur et si ve-
louté de la princesse Pauline d'après le buste
de Canova, lequel a été gravé par Thiriat; le
beau groupe gravé par Rousseau d'après
Pajou, etc. Les objets d'art, tels que meubles^
pendules, tables, tentures, tapisseries, porce-
laines, assiettes, etc., sont rendus dans le
caractère elle sentiment qu'y a imprimés l'ar-
tiste. Tout cela se tient et se lie de manière à
faire de ce catalogue un livre précieux dont
on sera peut-être obligé de faire une deuxième
édition.
Aux yeux des amateurs forcenés les eaux-
fortes ont sans doute le tort d'avoir déjà été
en partie publiées dans l'Art et de constituer
ainsi une double mouture sortie d'un môme
sac. II n'y a rien à dire à cela si ce n'est que
l'aciérage a détruit pour jamais la spéculation
commerciale sur les premiers tirages puisque
l'aciérage donne un tirage uniforme et équi-
valent du premier au millième exemplaire.
Est-ce un progrès? évidemment oui, s'il ne
s'agit que de servir un nombrenx public. Non,
s'il fallait se restreindre au chiffre des ama-
teurs dignes de ce nom. N'avons-nous pas vu
assez récemment, des eaux-fortes vendues
5 à 600 frs. par l'éditeur, à condition que le
cuivre serait poncé devant témoins au cin-
quantième exemplaire? Ce sont là des exagé-
rations avec lesquelles on ne raisonne pas plus
que devant la mauvaise édition de ce livre
bourré de fautes et par cela même plus re-
cherchée que les éditions sans fautes de ce
même livre.
Parmi ces bo eaux-fortes citons : le lumi-
neux Marché de Harlem, gravé par Greux
avec un charme indicible; les planches de
Jacquemart toujours si coloré, si pictural, si
sûr de lui-même, celles de Gaucherel où je
rencontre un peu de sécheresse; le superbe
Jean Steen, gravé par Henri Lefort avec un
sentiment très exact des jeux de lumière,mais
avec un peu de confusion dans les plans ; c'est
dommage : cette planche est d'un effet su-
perbe; Y Abreuvoir, d'Yon, planche bien com-
prise dans le style du maître; l'esquisse de
Rubens, très noblement travaillée par Milius;
le Château, d'après Ruisdael, eau-forte d'un
agréable aspect, par Fr. Flameng; la Halte,
par Geaujean, travail un peu lourd ; le Trom-
pette, par Le Rat, cuivre grassouillet; l'En-
fant prodigue planche légèrement caressée
la Femme du Bourgmestre, très belle tête,
par Courtry, fond d'un travail calculé; une
Perspective très réussie de Chauvel, d'après
Koninck ; la Fête dans la chaumière, de
Van Ostadc, gravée par Jacquemart, une vraie
perle ; les Cinq sens, de Teniers, par Lurat,
Carred, Vion, Greux et Ramus, tous un peu
secs de touche, sauf Vion; la Lucrèce, de Rem-
brandt, grassement gravée par Kœpping ; la
Dame au chien, gravure étincelante, de L. Fla-
meng; un Portrait de Schmidt, très réussi, de
Monziès ; deux eaux-fortes très proprettes et
Unes de Hedouin, d'après Drouais et Lagrenée;
deux Milius, un peu durs, d'après.Freuden-
berger, une grande eau-forte, un peu sèche,
de Mongin, d'après Natoire; les Lavandières,
d'après Boucher , par Desbrosses , planche
intéressante et enfin, pour terminer, la plus
belle de toutes, à notre sens : la Bataille de la
Moslcowa, d'après Bellangé, par Boulard. Le
ciel de cette eau-forte est notamment superbe
d'entrain, d'effet, de lumière, de vigueur et
d'originalité.
Ce catalogue peut rivaliser avec celui de
Wilson. Si les eaux-fortes de celui-ci ont plus
d'importance que celles de San Donato, on
doit convenir que la partie typographique de
celui-ci est beaucoup plus soignée et fait infi-
niment d'honneur aux presses de MM. Du-
moulin et Pillet auxquels on doit déjà le
Saint-Vincent-de-Paul, une des beautés de la
librairie parisienne moderne.
France.
LE SALON DE PAU.
(suite et fin.)
les aquarelles.
Cette année l'exposition de Pau a un con-
tingent assez considérable d'aquarelles, et le
petit salon que l'on a disposé à cet effet donne
a cette exposition un attrait tout particulier,
on se croirait un instant transporté au palais
Ducal, au milieu des clief-d'œuvres de nos
maîtres Belges, Hollandais, qui sont à juste
titre, très remarqués à l'étranger ; celui qui a
décroché la palme de l'éloge et de l'admira-
ration, c'est Théodore Hannon, qui a envoyé
deux effets de neige, pris dans les environs
de Bruxelles. Ses saules au milieu de la neige,
sont majestueux, ils ont cette grande qualité,
que, faits d'un rien, ils cachent en eux toute une
poésie. Ancillolti vient après Hannon ; cet Ita-
lien qui est venu se fixer en France traite
d'une façon très large l'aquarelle ; son In-
croyable , assis sur un banc des Tuileries ,
donne à rêver aux seigneurs de la haute
gomme du temps jadis, qui étaient beaucoup
mieux trempés, que les petites crevés de nos
jours.
Victor Venat a envoyé deux aquarelles. Le
Lac de Penticola et la Valée d'Argiles, très
largement peintes et hardiment traitées. La
famille Venat, à elle seule, pourrait faire une
exposition, car le père et la fille ont envoyé
dix toiles. Notons que la fille a beaucoup plus
de talent que son père et que les leçons qu'elle
reçoit de M. Barrias en sont sans doute la
cause.
Si les aquarelles sont en petit nombre, elles
ont ce mérite, c'est qu'elles sont bonnes. La
peinture sur faïence prend, depuis quelques
années, une très grande extension, surtout en
France, Aussi le salon de Pau en a-t-il son
contingent. Je ne parlerai que d'une artiste,
c'est de Madame Delphine de Cool, qui a ob-
tenu, à Paris, en 1862 et 1863, une mention
honorable; son émail la Manola est extrême-
ment fine et très bien exécutée ; ce qui rend
la chose plus difficile, c'est que l'artiste n'a
pas essayé de reproduire tel ou tel tableau,
elle est elle ; si en revanche, Madame de Cool
excelle en ce genre, elle devrait y rester, et
ne pas exécuter des tableaux comme ceux
portant les numéros 79 et 80 du catalogue,
surtout le numéro 80 portant le titre très pom-
peux de l'Estrade d'Ostende, qui n'est ni l'es-
trade d'Ostende, ni les effets de la mer du
nord; qu'il me suffise de dire que ce tableau
a fait un plongeon dans la gare de Pau.
Généralement dans les expositions de pro-
vince, la sculpture est médiocrement repré-
sentée, excepté dans les villes comme Lyon,
Bordeaux et Lille qui fournissent à la grande
ville un grand nombre de sculpteurs. Ensuite,
M. Prudhomme n'aime pas cela; lorsqu'il est
jeune il aime mieux dans son salon ou sa salle
à manger une toile, représentant un paysage
de Suisse, ou une nature morte par exemple,
un hibou mangeant un rat ; s'il est chasseur,
cela lui rappelle des faits cynégitiques. Quand
M. Prudhomme devient vieux, il aime à voir
quelques sculptures légères qui lui rappel-
lent ses beaux jours. Mais Madame Pru-
dhomme le lui défend, et les sculptures n'ont
pas chance de vente. Les sculpteurs ont
donc raison de ne rien envoyer en province.
Cependant M. Chalrousse, élève de Rude, a
envoyé une terre cuite très jolie, intitulé le
Songeur.
L'exposition de Pau va se terminer. Les
achats laits par la Commission seront à ce que
l'on dit peu nombreux. Messieurs les répu-
blicains, ayant conservé cette phrase sacra-
mentelle et éternelle des serviteurs de FEm-
accompagnées en outre de 55 gravures à l'eau-
forte, d'après les tableaux de la collection. On
a tiré mille exemplaires sur papier teinté du
prix de 80 frs. (une bagatelle) et trois cents
exemplaires sur papier de hollande au prix
de 100 frs. Le prix intégral de la vente de ces
catalogues a été versé moitié dans la caisse
des pauvres de Florence et moitié dans la
caisse formée pour l'achèvement du Duomo.
On le voit, tout a été fait princièrement dans
cette affaire qui sera bien certainement le prin-
cipal épisode artistique du siècle au point de
vue commercial.
Les gravures sur bois et les photogravures
de ce catalogue ont un cachet éminemment
français. Le dessin est toujours piquant et
spirituel. Le crayon des artistes s'y montre
dans son essence native, soit qu'il s'agisse
d'un sujet à personnages, soit d'un objet d'art
industriel quelconque. C'est toujours ce brio
étincelant et magique qui est le fond de l'art
français dont l'industrie de luxe offre les plus
heureux échantillons au palais San Donato.
Les gravures sur bois ont un moelleux éton-
nant qui prouve les progrès réalisés chaque
jour dans la xylographie aidée du clichage
sur cuivre. Je n'en veux pour preuves, entre
cent autres, que ce portrait si pur et si ve-
louté de la princesse Pauline d'après le buste
de Canova, lequel a été gravé par Thiriat; le
beau groupe gravé par Rousseau d'après
Pajou, etc. Les objets d'art, tels que meubles^
pendules, tables, tentures, tapisseries, porce-
laines, assiettes, etc., sont rendus dans le
caractère elle sentiment qu'y a imprimés l'ar-
tiste. Tout cela se tient et se lie de manière à
faire de ce catalogue un livre précieux dont
on sera peut-être obligé de faire une deuxième
édition.
Aux yeux des amateurs forcenés les eaux-
fortes ont sans doute le tort d'avoir déjà été
en partie publiées dans l'Art et de constituer
ainsi une double mouture sortie d'un môme
sac. II n'y a rien à dire à cela si ce n'est que
l'aciérage a détruit pour jamais la spéculation
commerciale sur les premiers tirages puisque
l'aciérage donne un tirage uniforme et équi-
valent du premier au millième exemplaire.
Est-ce un progrès? évidemment oui, s'il ne
s'agit que de servir un nombrenx public. Non,
s'il fallait se restreindre au chiffre des ama-
teurs dignes de ce nom. N'avons-nous pas vu
assez récemment, des eaux-fortes vendues
5 à 600 frs. par l'éditeur, à condition que le
cuivre serait poncé devant témoins au cin-
quantième exemplaire? Ce sont là des exagé-
rations avec lesquelles on ne raisonne pas plus
que devant la mauvaise édition de ce livre
bourré de fautes et par cela même plus re-
cherchée que les éditions sans fautes de ce
même livre.
Parmi ces bo eaux-fortes citons : le lumi-
neux Marché de Harlem, gravé par Greux
avec un charme indicible; les planches de
Jacquemart toujours si coloré, si pictural, si
sûr de lui-même, celles de Gaucherel où je
rencontre un peu de sécheresse; le superbe
Jean Steen, gravé par Henri Lefort avec un
sentiment très exact des jeux de lumière,mais
avec un peu de confusion dans les plans ; c'est
dommage : cette planche est d'un effet su-
perbe; Y Abreuvoir, d'Yon, planche bien com-
prise dans le style du maître; l'esquisse de
Rubens, très noblement travaillée par Milius;
le Château, d'après Ruisdael, eau-forte d'un
agréable aspect, par Fr. Flameng; la Halte,
par Geaujean, travail un peu lourd ; le Trom-
pette, par Le Rat, cuivre grassouillet; l'En-
fant prodigue planche légèrement caressée
la Femme du Bourgmestre, très belle tête,
par Courtry, fond d'un travail calculé; une
Perspective très réussie de Chauvel, d'après
Koninck ; la Fête dans la chaumière, de
Van Ostadc, gravée par Jacquemart, une vraie
perle ; les Cinq sens, de Teniers, par Lurat,
Carred, Vion, Greux et Ramus, tous un peu
secs de touche, sauf Vion; la Lucrèce, de Rem-
brandt, grassement gravée par Kœpping ; la
Dame au chien, gravure étincelante, de L. Fla-
meng; un Portrait de Schmidt, très réussi, de
Monziès ; deux eaux-fortes très proprettes et
Unes de Hedouin, d'après Drouais et Lagrenée;
deux Milius, un peu durs, d'après.Freuden-
berger, une grande eau-forte, un peu sèche,
de Mongin, d'après Natoire; les Lavandières,
d'après Boucher , par Desbrosses , planche
intéressante et enfin, pour terminer, la plus
belle de toutes, à notre sens : la Bataille de la
Moslcowa, d'après Bellangé, par Boulard. Le
ciel de cette eau-forte est notamment superbe
d'entrain, d'effet, de lumière, de vigueur et
d'originalité.
Ce catalogue peut rivaliser avec celui de
Wilson. Si les eaux-fortes de celui-ci ont plus
d'importance que celles de San Donato, on
doit convenir que la partie typographique de
celui-ci est beaucoup plus soignée et fait infi-
niment d'honneur aux presses de MM. Du-
moulin et Pillet auxquels on doit déjà le
Saint-Vincent-de-Paul, une des beautés de la
librairie parisienne moderne.
France.
LE SALON DE PAU.
(suite et fin.)
les aquarelles.
Cette année l'exposition de Pau a un con-
tingent assez considérable d'aquarelles, et le
petit salon que l'on a disposé à cet effet donne
a cette exposition un attrait tout particulier,
on se croirait un instant transporté au palais
Ducal, au milieu des clief-d'œuvres de nos
maîtres Belges, Hollandais, qui sont à juste
titre, très remarqués à l'étranger ; celui qui a
décroché la palme de l'éloge et de l'admira-
ration, c'est Théodore Hannon, qui a envoyé
deux effets de neige, pris dans les environs
de Bruxelles. Ses saules au milieu de la neige,
sont majestueux, ils ont cette grande qualité,
que, faits d'un rien, ils cachent en eux toute une
poésie. Ancillolti vient après Hannon ; cet Ita-
lien qui est venu se fixer en France traite
d'une façon très large l'aquarelle ; son In-
croyable , assis sur un banc des Tuileries ,
donne à rêver aux seigneurs de la haute
gomme du temps jadis, qui étaient beaucoup
mieux trempés, que les petites crevés de nos
jours.
Victor Venat a envoyé deux aquarelles. Le
Lac de Penticola et la Valée d'Argiles, très
largement peintes et hardiment traitées. La
famille Venat, à elle seule, pourrait faire une
exposition, car le père et la fille ont envoyé
dix toiles. Notons que la fille a beaucoup plus
de talent que son père et que les leçons qu'elle
reçoit de M. Barrias en sont sans doute la
cause.
Si les aquarelles sont en petit nombre, elles
ont ce mérite, c'est qu'elles sont bonnes. La
peinture sur faïence prend, depuis quelques
années, une très grande extension, surtout en
France, Aussi le salon de Pau en a-t-il son
contingent. Je ne parlerai que d'une artiste,
c'est de Madame Delphine de Cool, qui a ob-
tenu, à Paris, en 1862 et 1863, une mention
honorable; son émail la Manola est extrême-
ment fine et très bien exécutée ; ce qui rend
la chose plus difficile, c'est que l'artiste n'a
pas essayé de reproduire tel ou tel tableau,
elle est elle ; si en revanche, Madame de Cool
excelle en ce genre, elle devrait y rester, et
ne pas exécuter des tableaux comme ceux
portant les numéros 79 et 80 du catalogue,
surtout le numéro 80 portant le titre très pom-
peux de l'Estrade d'Ostende, qui n'est ni l'es-
trade d'Ostende, ni les effets de la mer du
nord; qu'il me suffise de dire que ce tableau
a fait un plongeon dans la gare de Pau.
Généralement dans les expositions de pro-
vince, la sculpture est médiocrement repré-
sentée, excepté dans les villes comme Lyon,
Bordeaux et Lille qui fournissent à la grande
ville un grand nombre de sculpteurs. Ensuite,
M. Prudhomme n'aime pas cela; lorsqu'il est
jeune il aime mieux dans son salon ou sa salle
à manger une toile, représentant un paysage
de Suisse, ou une nature morte par exemple,
un hibou mangeant un rat ; s'il est chasseur,
cela lui rappelle des faits cynégitiques. Quand
M. Prudhomme devient vieux, il aime à voir
quelques sculptures légères qui lui rappel-
lent ses beaux jours. Mais Madame Pru-
dhomme le lui défend, et les sculptures n'ont
pas chance de vente. Les sculpteurs ont
donc raison de ne rien envoyer en province.
Cependant M. Chalrousse, élève de Rude, a
envoyé une terre cuite très jolie, intitulé le
Songeur.
L'exposition de Pau va se terminer. Les
achats laits par la Commission seront à ce que
l'on dit peu nombreux. Messieurs les répu-
blicains, ayant conservé cette phrase sacra-
mentelle et éternelle des serviteurs de FEm-