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Laborde, Léon Emmanuel Simon Joseph de [Editor]; Laborde, Alexandre Louis Joseph de [Editor]
Voyage de la Syrie — Paris, 1837

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https://doi.org/10.11588/diglit.6093#0123
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— 62 —

des facilités de toutes sortes, pour relever cette ancienne ville et s'en faire une idée exacte. Je ne crois
pas que le résultat en valut la peine. Quoique ces ruines, comparées aux autres restes antiques du
Hauran, aient plus d'élégance et soient mieux appareillées, ce n'en est pas moins une détestable ar-
chitecture, un art en décadence, des matériaux rebelles et enfin une ville d'une médiocre importance
historique. Chercher des inscriptions serait un labeur plus fructueux, et je suis persuadé qu'on en
formerait un corpus entier rien qu'à Canoual. Nous en copions quelques-unes, nous laissons les autres
à nos successeurs.

decANouAT De Canouat à Suèda il y a une heure et demie de marche. Nous sommes reçus dans ce lieu, avec
5 iLure^t*demie ,,lie franche hospitalité, par le prince des Druses, l'émir Joussouf-el-Hamedan, qui est un chef consi-
,iemarci.e. dérable. A la vue de son habitation, on ne se douterait pas de sa puissance; il paraît que des revers
de fortune ont momentanément compromis sa position.

SUÈDA (Planche LVI, 119

Vue et un tombeau antique.

Suèda a été la ville la plus importante des Druses; comme toutes les autres, elle est aujourd'hui
en pleine décadence. Quant à la ville ancienne dont elle occupe l'emplacement, il en reste un
amoncellement de pierres disséminées sur une grande étendue; il reste aussi d'immenses citernes et
le dallage des anciennes voies publiques bordées encore, au moins en partie, des maisons et des
boutiques qui dès l'origine ont formé ses rues. Parmi ces maisons, il y aurait à distinguer diverses
couches de constructions antiques, arabes, chrétiennes, les unes laissées en ruines, les autres trans-
formées en églises ou en mosquées; mais où serait l'utilité d'un semblable travail, quand ni l'art, ni
l'archéologie, ni même l'histoire, n'y sont intéressés? En effet, il n'y a presque plus rien debout. Le
tombeau, que je vais décrire, et dont j'ai dessiné une vue, fait exception, et il mérite, sous tous les
rapports, une attention particulière, car c'est un des rares exemples d'une influence locale et nationale

sur le stvle de l'architecture.

j

Avant d'entrer dans le village de Suèda et avant d'avoir passé la grande arche du pont jeté par les
anciens sur le ravin, on trouve sur la droite cet édifice carré, massif, trapu, qui sans doute se terminait
par un couronnement pyramidal soutenu de chacun de ses cotés par six colonnes d'ordre dorique
engagées. Le monument n'ayant que trente pieds sur chacune de ses faces, on peut se former une
idée de sa hauteur probable. Des casques, des cuirasses et des boucliers sont sculptés, comme trophées
funéraires, entre les colonnes, et une inscription nous apprend qu'Odenatus a élevé ce tombeau à son
épouse Chamiate.

Le monument est orienté exactement, et il faut dire avec quel soin et quelle puissance il a été établi
pour en faire comprendre la solidité et expliquer l'impression qu'il donne d'une résistance à toute
épreuve. Il a été fouillé de manière à laisser bien peu d'espérance d'y trouver quelque chose; il n'en
reste pas moins un des monuments les plus curieux de la Syrie, puisqu'il fixe une date à cette archi-
tecture nationale dont il est l'un des représentants avec les tombeaux construits ou sculptés dans le roc
depuis Tortose jusqu'à Pétra, et particulièrement aux environs de Jérusalem.

SUÈDA (Planche LVI, 120).

Vue d'un temple en ruines au milieu des habitations.

L'ancien édifice, transformé de nos jours en mosquée, et les neuf colonnes encore debout d'un temple
situé très-près de notre demeure, sont les autres monuments remarquables de cette ancienne cité. Je
n'eus le temps de dessiner que ces derniers restes, et mon dessin n'a pu exprimer suffisamment la
décadence des principes de l'architecture qui a présidé à sa construction. La nature défectueuse des
matériaux, ajoutée à cette imperfection de l'art, prive ces ruines de tout intérêt. On apprend seule-
ment par elles qu'il y a eu là assez d'activité commerciale et de prospérité pour que les habitants aient
eu le luxe, sinon le sentiment des arts.

Nous voulons aller directement d'ici à Djerasch en prenant l'émir pour répondant des arrangements
({ue nous ferons avec les Arabes. Il nous dit qu'il enverra prévenir le cheik des Benisaker, Ll-Hamedi,
 
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