I
xviij INTRODUCTION
l'exislence d'une corporation (geschiossene Gilde) d'artistes d'origine athé-
nienne et que l'on considérât ces artistes comme autant de métèques toscans.
La faiblesse de ces hypothèses, qui ne s'appuient sur aucune analogie ni même
sur aucune vraisemblance, a été justement relevée par les adversaires de la
fabrique locale; mais ce n'est pas la première fois qu'en histoire on a eu la con-
science d'un fait sans pouvoir en expliquer les causes, et nous ne serions pas
plus heureux que MM. Gerhard et Welcker dans l'appréciation de la plus haute
difficulté que puisse présenter ce problème, qu'on ne devrait pas se croire en
droit de se refuser à admettre le témoignage matériel des monuments eux-mêmes.
vu. Bases Nous ne reprenons pas l'étude de cette question avec une entière confiance;
. "°tlc nous savons d'avance l'inévitable inconvénient attaché à des travaux auxquels
manque la base essentielle des témoignages littéraires; c'aurait été, ce nous
semble, une vaine tentative que de chercher à découvrir des textes qui auraient
échappé à l'attention de nos devanciers ; leur érudition si exercée nous est un
sûr garant que l'antiquité aurait cessé pour eux d'être muette, si ce miracle
eût été possible. Il y a même quelque danger à trop pressurer les phrases, dans
l'espoir d'arriver à un résultat, et c'est encore là un des reproches que nous
devons, entre beaucoup d'autres, adressera M. Kramer, lequel a voulu mono-
poliser, pour ainsi dire, au profit de la céramographie, ou de la poterie peinte,
des textes qui se rapportent évidemment k la céramique, ou à la poterie en gé-
néral. Privés donc d'avance du secours de nouvelles autorités, quelle voie pou-
vons-nous suivre? Quelque effort que nous fassions pour arriver à des conclu-
sions précises , nous sommes forcés de recourir à un emploi très-large de l'hy-
pothèse; mais qu'on ne nous condamne pas d'après ce seul aveu! L'hypothèse
est utile", nous ajouterons même qu'elle est nécessaire, pourvu qu'on n'ait rien de
mieux à mettre à la place, et qu'on ne s'enivre pas surtout de sa propre supposi-
tion, au point de la juger équivalente à la vérité démontrée. L'hypothèse bien con-
duite, c'est-à-dire maniée avec un heureux mélange de vigueur et de prudence,
a pour arme principale l'induction. Celle-ci, quand elle procède en faisant ab-
straction complète des différences que le temps et l'espace introduisent dans
les choses de ce monde, est elle-même une force trompeuse ; mais le procédé de
l'assimilation n'est vraiment périlleux que quand il porte sur des faits isolés; en
histoire (qu'on nous permette cette métaphore), on ne gagne rien à rappro-
cher deux fils l'un de l'autre; il faut avoir deux écheveaux dans la main; il faut
que non-seulement chaque couleur prise abstractivement, mais encore les
xviij INTRODUCTION
l'exislence d'une corporation (geschiossene Gilde) d'artistes d'origine athé-
nienne et que l'on considérât ces artistes comme autant de métèques toscans.
La faiblesse de ces hypothèses, qui ne s'appuient sur aucune analogie ni même
sur aucune vraisemblance, a été justement relevée par les adversaires de la
fabrique locale; mais ce n'est pas la première fois qu'en histoire on a eu la con-
science d'un fait sans pouvoir en expliquer les causes, et nous ne serions pas
plus heureux que MM. Gerhard et Welcker dans l'appréciation de la plus haute
difficulté que puisse présenter ce problème, qu'on ne devrait pas se croire en
droit de se refuser à admettre le témoignage matériel des monuments eux-mêmes.
vu. Bases Nous ne reprenons pas l'étude de cette question avec une entière confiance;
. "°tlc nous savons d'avance l'inévitable inconvénient attaché à des travaux auxquels
manque la base essentielle des témoignages littéraires; c'aurait été, ce nous
semble, une vaine tentative que de chercher à découvrir des textes qui auraient
échappé à l'attention de nos devanciers ; leur érudition si exercée nous est un
sûr garant que l'antiquité aurait cessé pour eux d'être muette, si ce miracle
eût été possible. Il y a même quelque danger à trop pressurer les phrases, dans
l'espoir d'arriver à un résultat, et c'est encore là un des reproches que nous
devons, entre beaucoup d'autres, adressera M. Kramer, lequel a voulu mono-
poliser, pour ainsi dire, au profit de la céramographie, ou de la poterie peinte,
des textes qui se rapportent évidemment k la céramique, ou à la poterie en gé-
néral. Privés donc d'avance du secours de nouvelles autorités, quelle voie pou-
vons-nous suivre? Quelque effort que nous fassions pour arriver à des conclu-
sions précises , nous sommes forcés de recourir à un emploi très-large de l'hy-
pothèse; mais qu'on ne nous condamne pas d'après ce seul aveu! L'hypothèse
est utile", nous ajouterons même qu'elle est nécessaire, pourvu qu'on n'ait rien de
mieux à mettre à la place, et qu'on ne s'enivre pas surtout de sa propre supposi-
tion, au point de la juger équivalente à la vérité démontrée. L'hypothèse bien con-
duite, c'est-à-dire maniée avec un heureux mélange de vigueur et de prudence,
a pour arme principale l'induction. Celle-ci, quand elle procède en faisant ab-
straction complète des différences que le temps et l'espace introduisent dans
les choses de ce monde, est elle-même une force trompeuse ; mais le procédé de
l'assimilation n'est vraiment périlleux que quand il porte sur des faits isolés; en
histoire (qu'on nous permette cette métaphore), on ne gagne rien à rappro-
cher deux fils l'un de l'autre; il faut avoir deux écheveaux dans la main; il faut
que non-seulement chaque couleur prise abstractivement, mais encore les