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Le Roy, David
Les ruines des plus beaux monuments de la Grèce — Paris, 1758 [Cicognara, 2705]

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https://doi.org/10.11588/diglit.1641#0017
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r* LES RUINES DES MONUMENTS
qu'il reçut ces titres du Sénat. On poussa même alors la ssaterie jusqu a l'appeller Dieu. Alii
Jmperatorespojl mortem inter Deos relatifint; Augusius autcm v'vuus menât b.
Il est AISE' de juger, par la magnificence de ce Temple, que ce fut en reconnoissànce de quel-
que biensait important que la Ville de Pola l'éleva à cet Empereur : l'inscription ne marque pas
de quelle nature étoit ce bienfait ; la situation du Monument le fait conjecturer. C'étoit la coutume
des Anciens de bâtir lés Temples de leurs Divinités dans différents lieux, sélon les faveurs qu'ils
croyoient.en recevoir. Us mettoient ceux de Jupiter, de Junon , de Minerve, qu'ils regardoient
comme leurs Dieux tutelaires, fur le lieu le plus éminent delà Ville, afin qu'ils fussent découverts
de toutes parts. Apollon &T3acchus qui présidoient aux beaux Arts , avoient les leurs près des
Théâtres, celui de Mars étoit situé dans un champ hors de la Ville , & celui de Vénus près des
portes. Il y a donc tout lieu de croire que les habitants de Pola, en élevant un Temple à Auguste
dans leur place publique, lieu consacré à Mercure, à Isis, & à Sérapis, qui présidoient au négoce
& à l'industrie, voulurent lui faire le même honneur qu'à ces Divinités, parce qu'il leur avoit
accordé quelques grands privilèges dans leur commerce. Quoi qu'il en soit, ce Temple frappe
d'admiration par sa belle disposition, par les proportions heureuses de sès maCes principales & de
ses parties, & par ses ornements. Il est d'ordre Corinthien & du genre de ceux que Vitruve ap-
pelle prostyles, c est-à-dire, qu'il n'a des colonnes qu'à sa saçade. On a_yoit rendu son aspeâ
majeslueux en l'élevant sur plûsieurs marches, & la variété des marbres dont il est consirait, pro-
duit encore à présent un effet agréable aux yeux ; celui des colonnes particulièrement est très-beau.
Il est rouge, tacheté de blanc. Ces colonnes sontlissès, mais leurs chapiteaux sont ornés de feuilles
de chêne & d'olivier. Cette particularité de deux sortes de feuilles dans le même chapiteau, est
fort remarquable ; peut-être l'Architeâe ne les employa-t-il pas sans dessein. On sait que les Ro-
mains décernèrent à Auguste la couronne d'olivier pour avoir donné la paix à l'Univers, & celle
de chêne pour avoir conservé les citoyens de la République. L'entablement de l'ordre est riche-,
& les profils en sont très-élégants. Rien n'est d'un meilleur goût & d'une plus belle exécution' que
l'ornement qui règne sur la frisè des faces latérales de ce Temple. Le médaillon du fronton est:
ovale; là Sculpture est si ruinée, qu'il me fut impossible de découvrir le sujet qui y étoit représenté.
Je ne parle pas de différentes particularités de cet édifice, qui peuvent intéresser les Architectes ;
on les trouvera dans la séconde parue de cet ouvrage.
L'Architecture des autres Monuments de cette Ville est trop médiocre , pour que j'en
donne ici les DesfeinSj.Serlio l'ayant déjà fait ; mais ils ont des singularités que je ne crois pas
devoir paiser sous-silence. L'Arc triomphal élevé à Caïus Sergius est orné de colonaes accouplées,
comme on en voit au frontispice du Temple du Soleil à Palmyre : exemples uniques .dans l'Anti-
quité ; & l'Arène dont les gradins étoient de bois, & se plaçoient dans le temps des fêtes entre
deux enceintes de pierre qui les renfermoient, ressembloit en partie aux premiers Amphithéâtres qui
n'étoient que de bois , & à ceux qui furent construits dans la suite tout en pierre. Pompée le
premier en fit çonstruire un à Rome de cette dernière espece ; & Tacite rapporte qu'il en fat blâmé
par le Sénat. . ,
Apre's avoir satisfàit notre curiosité à Pola, nous retournâmes à Castel-Nuovo , d'où nous
partîmes vent en poupe le ij Mai. Nous avançâmes en deux jours jusqu'à la Pélagose , l'Auguste,
& le Porno , écueils sinies au milieu du Golphe Adriatique, & qui en rendent la navigation
difficile. Deux courants continuels augmentent encore le danger de ce Golphe , l'un va de son
embouchure en faivant les côtes d'Albanie, de Dalmatie & d'Istrie jusqu'à Venise ; l'autre au
contraire retourne de Venise vers l'embouchure , en faivant les côtes d'Italie. Au-delà des trois
écueils dont je viens de parler, nous joignîmes vers Cattaro une frégate destinée à accompagner
le vaisseau de rAmbasïàdeur jusqu'à Ténédos.
LA «Grèce, si célébrée par les Poètes, & dont nous suivions les côtes, a été le théâtre d'é-
vénements si remarquables que la moindre isse, le plus petit cap que l'on y découvre, rappelle à
l'esprit des traits d'histoire intéressants. Nous vîmes far les côtes d'Albanie, Durazo & Polina, au-
trefois célèbres sous les noms de Dyrrachium & d'Apollonia. C'est là que Pompée & Césàr débar-
quèrent ; Pompée pour défendre en Grèce la liberté de sa patrie expirante ; Césàr pour la détruire,
& renverser par un horrible attentat cette République, fàmeuse qui avoit été si Aurisiante pendant
plûsieurs siecles.

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