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LA POPULATION

— LES GOURKHÀS

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et d'obtenir la reconnaissance expresse de son rang. Le
chef du clan Sisodhiya, le Bajpoule par excellence, se
laissa éblouir par l'arbre généalogique de Rama Sàh ; il
était sur le point de faire droit à la requête quand un con-
seiller avisé lui suggéra d'interroger l'ambassadeur sur sa
propre caste. On verrait bien si les bruits qui couraient sur
l'horrible impureté des gens de la montagne étaient simple
médisance. L'ambassadeur, qui s'était donné comme
ksatriya, dut reconnaître à bout de faux-fuyants qu'il était
du clan Pânde ; or les Pânde de l'Inde sont un clan de
brahmanes ! La cause était entendue, et l'ambassadeur dut
s'en retourner penaud1.

Cet accouplement monstrueux d'un nom de clan brahma-
nique avec le titre de ksatriya, qui scandalisait les puritains
de l'Inde, s'était pourtant réalisé dans les vallées de
l'Himalaya sous le patronage et sous le contrôle des
brahmanes. Leur ingéniosité, toujours prête à seconder
leur intransigeance, avait créé, sous l'apparence d'une
simple résurrection, une caste nouvelle qui combinait deux
traits théoriquement inconciliables: C'était les Khaças, les
Khas.

Les Khas étaient le résultat local d'un groupe de phéno-
mènes déjà constaté dans la vallée du Népal, mais qui y
avait suivi un autre développement. Les Brahmanes montés
de l'Inde orthodoxe en pèlerins, en missionnaires ou en
aventuriers, avaient usé de leur prestige aristocratique et
sacerdotal sur le beau sexe ; accueillis avec honneur et
avec vénération par ces rudes tribus de montagnards, qui
saluaient et redoutaient en eux la magie des formules
toutes-puissantes, ils avaient fondé des familles irrégu-
lières ; les enfants de ces unions, réprouvées par les codes

1. Hodgsoin rapporte celte anecdote comme authentique: Languages
and Lilevaiure of Népal, part. II, p. 38.

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