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MONUMENTS DIVERS
Reproduit, avec quelques corrections, dans les Records of the Past,
t. H, p. 79 sqq. ;
H. Brugsch-Bey, Die Sicgesinschrifl Konigs Pianchi von
Ethiopien, vollslândig ûbertragen von H. Brugsch-Bey, dans les
Nachrichten von der Kvnigl. Gescllscliafl der Wisscnschaften zu
Gotlingen, 1876, n° 19 (11 October), p. 457 sqq.; tirage à pari,
Gôttingen, 1876, W. Fr. Kàslner, 31 p. — Reproduit dans
Brugsch, Geschichte /Egyptens, Leipzig, Himïclis, 1877, p. 676-707
(traduction anglaise, t. II, p. 225-248) ;
Wiedemann, /Egyplischc Geschichte, Gotha, Perlhes, 1883-1884,
p. 564-576.
Pl. 7-8. Stèle dd Songe. Granit gris. — IL, 1"'32; larg.,
0'" 72. — Quelque temps après la conquête de l'Egypte par
Asshourbanipal, roi d'Assyrie, un des successeurs de Taharqou,
Tonouatamoun, décidé par un songe qui lui promettait la royauté
du Midi et du Nord, avait, dès les premiers jours de son règne,
envahi la Thébaïde. A Thèbes même, et dans les environs, où les
descendants éthiopiens des grands-prêtres d'Amon avaient toujours
conservé un parti puissant, il ne rencontra aucune résistance sur
son passage ; les riverains de l'Ouest et de l'Est se réjouirent en
grande joie, disant : « Va en pairl Va en paix! Rends la vie h
» l'Égypte, relève les temples qui tombent en ruines, redresse les
» statues et les images des divinités ! Rétablis les fondations pieuses
» faites aux dieux et aux déesses, les offrandes pour les mânes !
» Remets le prêtre en sa place pour satisfaire à toutes les cérémonies
» du culte ! » Il battit les troupes des petits rois confédérés du
Delta sous les murs de Memphis, enleva la ville et poursuivit les
vaincus. Ils n'osèrent plus l'attendre en rase campagne, s'enfermè-
rent dans leurs forteresses et le réduisirent à commencer une guerre
de sièges interminable. Impatienté de cette résistance, il rentra à
Memphis et ne savait comment sortir, à son honneur, de cette
difficile entreprise, quand les chefs égyptiens le tirèrent d'embarras
par leur soumission. Le plus puissant d'entre eux, Pakrourou de
Pasoupli, les amena rendre hommage au conquérant. « Accorde-
» nous les souffles de la vie, car il ne peut plus vivre celui qui te
» méconnaît I Nous serons comme des sujets, ainsi que tu l'as
» déclaré dès le début, le jour même où tu devins roi ! » « Le cœur
» de Sa Majesté fut rempli de joie, quand elle entendit ce discours :
» elle leur fit donner des pains, de la bière, toute sorte de bonnes
» choses. » Après avoir passé quelques jours à Memphis auprès de
leur nouveau suzerain, ils dirent : « Pourquoi restons-nous ici,
» ô prince, notre maître ! » Sa Majesté leur répondit : « Pourquoi? »
Ils dirent : « Laisse-nous aller dans nos villes, que nous donnions
» des ordres à nos gens, et que nous t'apportions nos tributs I » Ils
revinrent quelques semaines plus tard, et Tonouatamoun rentra dans
son royaume, chargé de butin. Son autorité sur le Nord ne dura
probablement que le temps do son séjour à Memphis; une inscrip-
tion, découverte et publiée par Champollion (Monuments, t. IV,
pl. CCCXLIX), déposée aujourd'hui au Musée de Berlin (Lepsius,
Catalogue, Berlin, 1872, p. 45, n° 223-224), prouve qu'elle continua
de s'exercer trois années au moins sur la Thébaïde.
La traduction complète de ce document a été publiée par :
G. Maspero, Essai sur la stèle du Songe, dans la Revue Archéo-
logique, 1868, t. XVII, p. 329 sqq.; tirage à part, chez Didier, in-8°,
11 p. et 2 planches. — Reproduit, avec quelques modifications,
dans les Records of the Past, t. IV, p. 81 sqq. ;
H. Brugsch, Geschichte /Egyptens, p. 707-715 (trad. anglaise,
l. II, p. 248-255).
Pl. 9. Stèle de l'Intronisation. Granit gris. — H., 1m62;
larg., 0'"71. — La royauté d'Ethiopie était une théocratie absolue.
Le dieu choisissait le roi à sa guise; la stèle de l'Intronisation est
le procès-verbal d'une élection princière. Le nom a été martelé,
dès l'antiquité, pour des raisons qui nous échappent, mais le pro-
tocole royal nous a permis de reconnaître dans le pharaon anonyme
Aspalouti, mentionné sur une stèle du Louvre (Pierret, Éludes
égyptologiques, p. 96-109). Au début de l'inscription, l'armée éthio-
pienne, assemblée près de la Montagne-Sainte à Napata, choisit six
officiers qui, réunis à d'autres délégués des grands corps de l'Etat,
proposent qu'on élise un roi en remplacement du roi défunt.
« Allons, donnons-nous un maître qui soit comme un jeune taureau
» irrésistible ! » Et cette armée se prit à se lamenter beaucoup,
» disant : « Notre maître est avec nous, sans que nous le con-
» naissions encore I Comment pourrons-nous le connaître ! » « Et
» chacun d'eux dit à l'autre : « Personne ne le connaît, sauf Bâ
» lui-même ; puisse le dieu détourner de lui tout mal en quelque
» lieu qu'il soit! »..... Lors, l'armée de Sa Majesté dit tout
» entière d'une seule voix : \< Mais il y a ce dieu Amon-Bà, de la
» Montagne-Sainte, qui est le dieu d'Ethiopie ! Allons, marchons
» vers lui, ne parlons pas en ignorance de lui, car elle n'est pas
» bonne la parole qu'on prononce en ignorance de lui ! Posons le
» cas à ce dieu, qui est le dieu du royaume d'Ethiopie, depuis le
» temps de Rà. Il nous guidera, car les rois d'Ethiopie sont de ses
» mains, et il donne le pays à son fils qui l'aime.....» Voici ce
» que dit cette armée entière : « C'est bien parlé, en vérité », un
» million de fois. » On se rend donc au temple. Les délégués,
dûment purifiés, vont se prosterner devant la statue d'Amon-Râ, et
lui présentent leur requête. Les prêtres éthiopiens savaient fabriquer
des images miraculeuses, capables de mouvement et de parole :
c'était un art qu'ils tenaient de leurs ancêtres égyptiens (Maspero,
Notes sur différents points de Grammaire et d'Histoire, dans le Recueil,
t. I, p. 152-160). Tous les membres de la famille royale défilent
devant la statue qui demeure impassible. Aspalouti arrive à son
tour, la statue le saisit et parle : « C'est lui votre roi I c'est lui
» votre maître qui vous fait vivre! » et les chefs de l'armée accla-
ment le nouveau Pharaon. Celui-ci entre dans le sanctuaire', se
fait couronner par le dieu lui-même, puis se rend au milieu de
ses soldats. La fête finit, comme finissent les fêtes de ce genre, par
des distributions de pain et de bière.
Cette stèle a été traduite en entier par G. Maspero, Sur la stèle
de l'Intronisation, trouvée au Djcbcl-Rarkal, dans la Revue Archéo-
logique, 1873, t. XXV, p. 300 sqq.; tirage à part, chez Didier,
in-8", 16 pages. — Reproduit dans les Records of the Past,
t. VI, p. 71-78.
Pl. 10. Stèle de l'Excommunication. Granit rose. —
H., 1m 24; larg., 0'" 69. — Un roi, dont le nom a été martelé avec
soin, raconte qu'en « l'an h de son avènement, il se rendit au
» temple de son père Amon de Napata, qui est sur la Montagne-
» Sainte, pour en chasser cette secte odieuse à Dieu, qui s'appelle
» les Toumposiou-Pirdoutkhaïou. » Ces gens paraissent avoir eu
pour principe de ne point cuire la viande du sacrifice, mais de la
manger crue, comme les Abyssins font aujourd'hui encore le blindé.
« Ils avaient conjuré en leurs cœurs de tuer tout individu qui ne
» partagerait pas leur doctrine criminelle, mais Dieu ne permit pas
» que leur parole s'accomplît. » Le roi « les fit passer par le feu, »
et défendit à leurs descendants, sous les peines les plus sévères,
de jamais entrer dans le temple d'Amon de Napata.
Cette stèle a été traduite en entier par G. Maspero, Sur un
Décret d'excommunication, trouvé au Djebel-Barkal, dans la Revue
Archéologique, 1871, t. XXII, p. 329 sqq.; tirage à part, chez
Didier, in-8°, 8 p. — Reproduit dans les Records of the Past, t. IV,
p. 95 sqq.
Pl. 11-13. Stèle d'Harsiatef. Granit gris. — H., 1m15;
MONUMENTS DIVERS
Reproduit, avec quelques corrections, dans les Records of the Past,
t. H, p. 79 sqq. ;
H. Brugsch-Bey, Die Sicgesinschrifl Konigs Pianchi von
Ethiopien, vollslândig ûbertragen von H. Brugsch-Bey, dans les
Nachrichten von der Kvnigl. Gescllscliafl der Wisscnschaften zu
Gotlingen, 1876, n° 19 (11 October), p. 457 sqq.; tirage à pari,
Gôttingen, 1876, W. Fr. Kàslner, 31 p. — Reproduit dans
Brugsch, Geschichte /Egyptens, Leipzig, Himïclis, 1877, p. 676-707
(traduction anglaise, t. II, p. 225-248) ;
Wiedemann, /Egyplischc Geschichte, Gotha, Perlhes, 1883-1884,
p. 564-576.
Pl. 7-8. Stèle dd Songe. Granit gris. — IL, 1"'32; larg.,
0'" 72. — Quelque temps après la conquête de l'Egypte par
Asshourbanipal, roi d'Assyrie, un des successeurs de Taharqou,
Tonouatamoun, décidé par un songe qui lui promettait la royauté
du Midi et du Nord, avait, dès les premiers jours de son règne,
envahi la Thébaïde. A Thèbes même, et dans les environs, où les
descendants éthiopiens des grands-prêtres d'Amon avaient toujours
conservé un parti puissant, il ne rencontra aucune résistance sur
son passage ; les riverains de l'Ouest et de l'Est se réjouirent en
grande joie, disant : « Va en pairl Va en paix! Rends la vie h
» l'Égypte, relève les temples qui tombent en ruines, redresse les
» statues et les images des divinités ! Rétablis les fondations pieuses
» faites aux dieux et aux déesses, les offrandes pour les mânes !
» Remets le prêtre en sa place pour satisfaire à toutes les cérémonies
» du culte ! » Il battit les troupes des petits rois confédérés du
Delta sous les murs de Memphis, enleva la ville et poursuivit les
vaincus. Ils n'osèrent plus l'attendre en rase campagne, s'enfermè-
rent dans leurs forteresses et le réduisirent à commencer une guerre
de sièges interminable. Impatienté de cette résistance, il rentra à
Memphis et ne savait comment sortir, à son honneur, de cette
difficile entreprise, quand les chefs égyptiens le tirèrent d'embarras
par leur soumission. Le plus puissant d'entre eux, Pakrourou de
Pasoupli, les amena rendre hommage au conquérant. « Accorde-
» nous les souffles de la vie, car il ne peut plus vivre celui qui te
» méconnaît I Nous serons comme des sujets, ainsi que tu l'as
» déclaré dès le début, le jour même où tu devins roi ! » « Le cœur
» de Sa Majesté fut rempli de joie, quand elle entendit ce discours :
» elle leur fit donner des pains, de la bière, toute sorte de bonnes
» choses. » Après avoir passé quelques jours à Memphis auprès de
leur nouveau suzerain, ils dirent : « Pourquoi restons-nous ici,
» ô prince, notre maître ! » Sa Majesté leur répondit : « Pourquoi? »
Ils dirent : « Laisse-nous aller dans nos villes, que nous donnions
» des ordres à nos gens, et que nous t'apportions nos tributs I » Ils
revinrent quelques semaines plus tard, et Tonouatamoun rentra dans
son royaume, chargé de butin. Son autorité sur le Nord ne dura
probablement que le temps do son séjour à Memphis; une inscrip-
tion, découverte et publiée par Champollion (Monuments, t. IV,
pl. CCCXLIX), déposée aujourd'hui au Musée de Berlin (Lepsius,
Catalogue, Berlin, 1872, p. 45, n° 223-224), prouve qu'elle continua
de s'exercer trois années au moins sur la Thébaïde.
La traduction complète de ce document a été publiée par :
G. Maspero, Essai sur la stèle du Songe, dans la Revue Archéo-
logique, 1868, t. XVII, p. 329 sqq.; tirage à part, chez Didier, in-8°,
11 p. et 2 planches. — Reproduit, avec quelques modifications,
dans les Records of the Past, t. IV, p. 81 sqq. ;
H. Brugsch, Geschichte /Egyptens, p. 707-715 (trad. anglaise,
l. II, p. 248-255).
Pl. 9. Stèle de l'Intronisation. Granit gris. — H., 1m62;
larg., 0'"71. — La royauté d'Ethiopie était une théocratie absolue.
Le dieu choisissait le roi à sa guise; la stèle de l'Intronisation est
le procès-verbal d'une élection princière. Le nom a été martelé,
dès l'antiquité, pour des raisons qui nous échappent, mais le pro-
tocole royal nous a permis de reconnaître dans le pharaon anonyme
Aspalouti, mentionné sur une stèle du Louvre (Pierret, Éludes
égyptologiques, p. 96-109). Au début de l'inscription, l'armée éthio-
pienne, assemblée près de la Montagne-Sainte à Napata, choisit six
officiers qui, réunis à d'autres délégués des grands corps de l'Etat,
proposent qu'on élise un roi en remplacement du roi défunt.
« Allons, donnons-nous un maître qui soit comme un jeune taureau
» irrésistible ! » Et cette armée se prit à se lamenter beaucoup,
» disant : « Notre maître est avec nous, sans que nous le con-
» naissions encore I Comment pourrons-nous le connaître ! » « Et
» chacun d'eux dit à l'autre : « Personne ne le connaît, sauf Bâ
» lui-même ; puisse le dieu détourner de lui tout mal en quelque
» lieu qu'il soit! »..... Lors, l'armée de Sa Majesté dit tout
» entière d'une seule voix : \< Mais il y a ce dieu Amon-Bà, de la
» Montagne-Sainte, qui est le dieu d'Ethiopie ! Allons, marchons
» vers lui, ne parlons pas en ignorance de lui, car elle n'est pas
» bonne la parole qu'on prononce en ignorance de lui ! Posons le
» cas à ce dieu, qui est le dieu du royaume d'Ethiopie, depuis le
» temps de Rà. Il nous guidera, car les rois d'Ethiopie sont de ses
» mains, et il donne le pays à son fils qui l'aime.....» Voici ce
» que dit cette armée entière : « C'est bien parlé, en vérité », un
» million de fois. » On se rend donc au temple. Les délégués,
dûment purifiés, vont se prosterner devant la statue d'Amon-Râ, et
lui présentent leur requête. Les prêtres éthiopiens savaient fabriquer
des images miraculeuses, capables de mouvement et de parole :
c'était un art qu'ils tenaient de leurs ancêtres égyptiens (Maspero,
Notes sur différents points de Grammaire et d'Histoire, dans le Recueil,
t. I, p. 152-160). Tous les membres de la famille royale défilent
devant la statue qui demeure impassible. Aspalouti arrive à son
tour, la statue le saisit et parle : « C'est lui votre roi I c'est lui
» votre maître qui vous fait vivre! » et les chefs de l'armée accla-
ment le nouveau Pharaon. Celui-ci entre dans le sanctuaire', se
fait couronner par le dieu lui-même, puis se rend au milieu de
ses soldats. La fête finit, comme finissent les fêtes de ce genre, par
des distributions de pain et de bière.
Cette stèle a été traduite en entier par G. Maspero, Sur la stèle
de l'Intronisation, trouvée au Djcbcl-Rarkal, dans la Revue Archéo-
logique, 1873, t. XXV, p. 300 sqq.; tirage à part, chez Didier,
in-8", 16 pages. — Reproduit dans les Records of the Past,
t. VI, p. 71-78.
Pl. 10. Stèle de l'Excommunication. Granit rose. —
H., 1m 24; larg., 0'" 69. — Un roi, dont le nom a été martelé avec
soin, raconte qu'en « l'an h de son avènement, il se rendit au
» temple de son père Amon de Napata, qui est sur la Montagne-
» Sainte, pour en chasser cette secte odieuse à Dieu, qui s'appelle
» les Toumposiou-Pirdoutkhaïou. » Ces gens paraissent avoir eu
pour principe de ne point cuire la viande du sacrifice, mais de la
manger crue, comme les Abyssins font aujourd'hui encore le blindé.
« Ils avaient conjuré en leurs cœurs de tuer tout individu qui ne
» partagerait pas leur doctrine criminelle, mais Dieu ne permit pas
» que leur parole s'accomplît. » Le roi « les fit passer par le feu, »
et défendit à leurs descendants, sous les peines les plus sévères,
de jamais entrer dans le temple d'Amon de Napata.
Cette stèle a été traduite en entier par G. Maspero, Sur un
Décret d'excommunication, trouvé au Djebel-Barkal, dans la Revue
Archéologique, 1871, t. XXII, p. 329 sqq.; tirage à part, chez
Didier, in-8°, 8 p. — Reproduit dans les Records of the Past, t. IV,
p. 95 sqq.
Pl. 11-13. Stèle d'Harsiatef. Granit gris. — H., 1m15;