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Institut Egyptien <al-Qāhira> [Hrsg.]
Mémoires présentés à l'Institut Egyptien — 2.1889

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Amélineau, Émile: Un évêque de Keft au VIIe siècle
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https://doi.org/10.11588/diglit.11322#0275
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— 263

d'humilier autant que d'appauvrir, le peuple égyptien eût pu beau-
coup leur pardonner; mais d'un côté les Grecs se croyaient le
premier peuple du monde, et ils avaient certains droits à le croire,
et de l'autre les Egyptiens étaient persuadés, non sans quelque
raison, que l'empire pharaonique dont ils étaient les héritiers avait
été le plus brillant empire de l'univers; leurs monuments encore
debout étaient là pour l'attester. Il eût été d'une sage politique
de respecter cette vanité puérile d'un peuple tombé en enfance,
qui se consolait de sa décadence en se rappelant confusément ce
qu'il avait été autrefois, comme les vieillards décrépits les jeux et
la force de leur premier âge; le gouvernement grec ne le comprit
pas, parce que lui-même marchait rapidement à la décadence. La
vanité blessée du peuple égyptien fut l'un des éléments les plus
actifs du schisme et de la révolte. On avait osé condamner, déposer
et exiler le patriarche d'Alexandrie, le successeur de S* Marc; la
cour de Constantinople avait eu ses candidats à la succession des
Athanase et des Cyrille, c'était assez pour jeter dans le schisme
un pays qui se glorifiait d'avoir possédé les plus grands docteurs
du christianisme et d'avoir produits les saints les plus extraordi-
naires de la chrétienté, les Antoine, les Macaire, les Pachôme,
sans compter les myriades de martyrs qui avaient versé leur sang
pour le Christ pendant l'horrible persécution de Dioclétien. De
plus, le plus petit des fonctionnaires grecs n'hésitait pas à arracher
les poils de la barbe à un Egyptien qui lui résistait, à le faire
s'agenouiller devant lui portant sur la tête le plateau où étaient
les mets qui devaient servir au repas du maître;1 en fallait-il plus
pour rendre odieux un régime déjà détesté? Aussi la population
égyptienne tout en tremblant devant ses maîtres les haïssait-elle

1. Ces souvenirs sont encore vivants dans la population copte de l'Egypte actuelle,
je les ai entendus rappeler bien souvent. Ils montrent à la fois l'incurable faiblesse de
l'esprit copte et la vigueur de sa haine concentrée par lâcheté.
 
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