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de la plus vigoureuse de ses haines, n'attendant que le moment
pour se jeter dans les bras du premier venu qui la soustrairait à
une dépendance odieuse ; avide de changement, elle ne regardait
pas où la mènerait une libération aussi précaire, rien ne lui parais-
sait devoir être pire que l'état où elle se trouvait, assez lâche pour
ne pas oser conquérir elle-même sa liberté, assez courageuse pour
porter le dernier coup à son ennemi renversé.
Au commencement du vu0 siècle, l'Egypte crut sans doute trou-
ver des libérateurs dans les Perses. En effet, forts de l'inaction
et de la mollesse d'Héraclius, les Perses conquirent une grande
partie des provinces orientales de l'empire grec : en 615, l'Egypte
était en leur pouvoir. Ils s'y répandirent comme un torrent dévas-
tateur et remontèrent le Nil jusqu'en Nubie, pillant, massacrant
sur leur passage tout ce qui leur plaisait ou leur résistait. C'est à
cette époque malheureuse que Pisentios était évêque de Keft, sous
le patriarchat de Damianos, archevêque d'Alexandrie. Les Perses
ne surent pas garder leur conquête : d'ailleurs ils étaient aussi haïs
que les Grecs parce qu'ils étaient infidèles et parce que les hor-
ribles cruautés de Cambyse n'étaient pas oubliées, étant passées
à l'état légendaire. D'ailleurs Heraclius sortait de sa torpeur : la
voix de l'univers chrétien, lui redemandant le bois de la Vraie
Croix, le tira de sa léthargie et la célèbre campagne contre Khos-
roës vint rendre aux armes grecques un peu de leur gloire passée.
L'Egypte n'y gagna rien et attendit encore. Déjà Mohammed
s'était enfui de la Mekke vers Médine : l'islamisme grandissait
avec une foudroyante rapidité. Dix-huit ans après l'hégire, vingt-
cinq ans seulement après l'invasion persane, l'Egypte était de
nouveau envahie, conquise : la conquête devait être irrévocable.
Jusqu'à nos jours les descendants des Pharaons devaient échapper
au joug des successeurs d'Alexandre et de César; mais à quel prix?
Pisentios qui fut contemporain de l'invasion persane ne vit pas
de la plus vigoureuse de ses haines, n'attendant que le moment
pour se jeter dans les bras du premier venu qui la soustrairait à
une dépendance odieuse ; avide de changement, elle ne regardait
pas où la mènerait une libération aussi précaire, rien ne lui parais-
sait devoir être pire que l'état où elle se trouvait, assez lâche pour
ne pas oser conquérir elle-même sa liberté, assez courageuse pour
porter le dernier coup à son ennemi renversé.
Au commencement du vu0 siècle, l'Egypte crut sans doute trou-
ver des libérateurs dans les Perses. En effet, forts de l'inaction
et de la mollesse d'Héraclius, les Perses conquirent une grande
partie des provinces orientales de l'empire grec : en 615, l'Egypte
était en leur pouvoir. Ils s'y répandirent comme un torrent dévas-
tateur et remontèrent le Nil jusqu'en Nubie, pillant, massacrant
sur leur passage tout ce qui leur plaisait ou leur résistait. C'est à
cette époque malheureuse que Pisentios était évêque de Keft, sous
le patriarchat de Damianos, archevêque d'Alexandrie. Les Perses
ne surent pas garder leur conquête : d'ailleurs ils étaient aussi haïs
que les Grecs parce qu'ils étaient infidèles et parce que les hor-
ribles cruautés de Cambyse n'étaient pas oubliées, étant passées
à l'état légendaire. D'ailleurs Heraclius sortait de sa torpeur : la
voix de l'univers chrétien, lui redemandant le bois de la Vraie
Croix, le tira de sa léthargie et la célèbre campagne contre Khos-
roës vint rendre aux armes grecques un peu de leur gloire passée.
L'Egypte n'y gagna rien et attendit encore. Déjà Mohammed
s'était enfui de la Mekke vers Médine : l'islamisme grandissait
avec une foudroyante rapidité. Dix-huit ans après l'hégire, vingt-
cinq ans seulement après l'invasion persane, l'Egypte était de
nouveau envahie, conquise : la conquête devait être irrévocable.
Jusqu'à nos jours les descendants des Pharaons devaient échapper
au joug des successeurs d'Alexandre et de César; mais à quel prix?
Pisentios qui fut contemporain de l'invasion persane ne vit pas