— 11 —
les servants fatigués à ne pouvoir continuer leur besogne. Le soir venu, sa
colère n'était pas apaisée et la honte de sa disgrâce, qu'il croyait certaine,
serrait sa poitrine à l'étouffer.
Tourmenté par des idées lugubres, il se retira à la nuit tombante dans une
des chambres de sa maison; personne de ses femmes, de ses esclaves, ni de ses
intimes n'auraient songé à troubler sa solitude.
Vers minuit la porte de la rue fut ébranlée sous des coups redoublés. Il
entendit distinctement la voix bien connue de kowousche aghassy^, qui, entre
autres fonctions, avait celle de bourreau du Prince.
rr Aly Bey, disait-il, prends garde de nuire à Moustafa El Kalyouny. d Ayant
répété cette phrase par trois fois, il partit et on entendit résonner dans les
rues étroites et sonores le galop de son cheval.
Le sang d'Aly Bey se figea dans ses veines; qui est-ce qui lui valait cet aver-
tissement et pourquoi son maître était-il mécontent de lui?
Ses gens n'avaient pas osé ouvrir la porte, ayant tous reconnu la voix du
terrible messager du courroux du Maître.
rr Que veut dire tout ceci et qui est Moustafa El Kalyouny ?d, se disait Aly Bey.
Ne pouvant résister plus longtemps à l'importunilé de sa solitude et au
doute qui le dévorait, il ordonna qu'on allumât les fanaux, fit seller son cheval
et alla à la Préfecture.
On était habitué à le voir ainsi arriver la nuit à toutes les heures pour sur-
prendre ses subalternes, et malheur à qui n'était pas à son poste, malheur à
celui qui dormait, quand ses ordres étaient qu'il veillât!
11 trouva ce soir-là comme toujours tout en ordre mais ne fit attention
à rien ni à personne, alla droit à son cabinet et fit appeler l'officier de service.
rr As-tu quelqu'un du nom de Moustafa El Kalyouny ?«, lui demanda-t-il.
Celui-ci regarda dans son carnet et répondit négativement.
rr Quelqu'un de ce nom est-il venu à la police depuis ce matin'?•»
«Nonn fut la réponse.
rr Sachez, reprit Aly Bey en colère, qu'il me faut cet homme et avant le lever
du jour il faut qu'on me l'amène. Allez et qu'on ne me dérange pas sans avoir
emmené l'homme que je vous ai nommé lii
(1) Chef des huissiers ou des gardes.
les servants fatigués à ne pouvoir continuer leur besogne. Le soir venu, sa
colère n'était pas apaisée et la honte de sa disgrâce, qu'il croyait certaine,
serrait sa poitrine à l'étouffer.
Tourmenté par des idées lugubres, il se retira à la nuit tombante dans une
des chambres de sa maison; personne de ses femmes, de ses esclaves, ni de ses
intimes n'auraient songé à troubler sa solitude.
Vers minuit la porte de la rue fut ébranlée sous des coups redoublés. Il
entendit distinctement la voix bien connue de kowousche aghassy^, qui, entre
autres fonctions, avait celle de bourreau du Prince.
rr Aly Bey, disait-il, prends garde de nuire à Moustafa El Kalyouny. d Ayant
répété cette phrase par trois fois, il partit et on entendit résonner dans les
rues étroites et sonores le galop de son cheval.
Le sang d'Aly Bey se figea dans ses veines; qui est-ce qui lui valait cet aver-
tissement et pourquoi son maître était-il mécontent de lui?
Ses gens n'avaient pas osé ouvrir la porte, ayant tous reconnu la voix du
terrible messager du courroux du Maître.
rr Que veut dire tout ceci et qui est Moustafa El Kalyouny ?d, se disait Aly Bey.
Ne pouvant résister plus longtemps à l'importunilé de sa solitude et au
doute qui le dévorait, il ordonna qu'on allumât les fanaux, fit seller son cheval
et alla à la Préfecture.
On était habitué à le voir ainsi arriver la nuit à toutes les heures pour sur-
prendre ses subalternes, et malheur à qui n'était pas à son poste, malheur à
celui qui dormait, quand ses ordres étaient qu'il veillât!
11 trouva ce soir-là comme toujours tout en ordre mais ne fit attention
à rien ni à personne, alla droit à son cabinet et fit appeler l'officier de service.
rr As-tu quelqu'un du nom de Moustafa El Kalyouny ?«, lui demanda-t-il.
Celui-ci regarda dans son carnet et répondit négativement.
rr Quelqu'un de ce nom est-il venu à la police depuis ce matin'?•»
«Nonn fut la réponse.
rr Sachez, reprit Aly Bey en colère, qu'il me faut cet homme et avant le lever
du jour il faut qu'on me l'amène. Allez et qu'on ne me dérange pas sans avoir
emmené l'homme que je vous ai nommé lii
(1) Chef des huissiers ou des gardes.