Société des Antiquités <Kassel> [Hrsg.]: Mémoires de la Société des Antiquités de Cassel (1.1780)

DISCOURS
SUR L'EFFET DE LA TRADITION DE L'ANNEAU
CHEZ LES ANCIENS PRINCES.
La dignité Royale & celle des Princes a toujours été revêtue dés
marques extérieures, qui imprimoient la crainte & le respeét. On
trouve déjà des couronnes dans la Sainte écriture (*) comme
des sceptres, dont Homère fait aussi mention. Car il sait jurer
Agamemnon le chef des Grecs qui assiegerentla ville de Troye,par
son sceptrede n'avoir jamais eu de privautés avec la belle Brifëïs,
qui étoit l'amante d'Achille. Le galant Ovide se moque de ce ser-
ment, car Agamemnon, dit-il, ne croy oit point que le sceptre étoit
un Dieu. Ce qui est bien singulier c'est que les Princes se servo-
ientdes sceptres non seulement pour battre, comme Ulyjsele sait
dans le sécond livre de l'Iliade, châtiant le laid Thersite, qui avoit
mal parié d'Agamemnon, mais aussi pour montrer leur bienveil-
lance. C'est ainsi que le Roi Asfuerus tendoit son sceptre d'or à
Eßer sonEpouse, dont les charmes avoient gagné son coeur. Il
en toucha aussi le cou de cette belle juive. (**)

(*) Eßer Chap. IL v. 17..
(**) Eßer Chap. V. v. a. Addit. Chap. V. v. ir;