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https://doi.org/10.11588/diglit.47598#0122
Jean Leclant
Les verreries de la nécropole méroïtique
de l’Ouest à Sedeinga (Nubie soudanaise)
L’importance du site méroïtique d’“Adeye”, l’actuelle Sedeinga, au coeur de la Nubie soudanaise,
vient d’être mise en évidence par les recherches de la mission Michela Schiff Giorgini1. Non loin
du temple de la reine Tiy, une immense nécropole s’y allonge sur environ 500 mètres et groupe,
sur plusieurs rangées, plus de deux cents pyramides en briques crues. Les premières campagnes
de fouilles menées à proximité, sur une petite butte isolée dans le désert, ont fait connaître neuf
sépultures qui ont été dénommées les “tombes de l’Ouest”. Selon un dispositif original, plusieurs
d’entre ces dernières comportaient des pyramides couplées, avec deux inhumations successives.
A l’exception d’une des tombes, sur les vestiges de laquelle on lit le nom de Taharqa (690-664
av.J.C.), les autres sépultures datables peuvent être attribuées à l’époque méroïtique, plus précisément
même, pour les secondes inhumations, à la phase finale de celle-ci (Ilème — IVème siècle de notre
ère).
Les tombes de l’Ouest de Sedeinga ont subi un pillage intense. Les objets recueillis attestent
cependant l’abondance, la diversité et la qualité de leur équipement funéraire. Parmi tous les
vestiges retrouvés, la trouvaille le plus remarquable — surtout lors de la IVème campagne en
1969-1970 à été celle d’un lot magnifique de fragments de verreries.
De façon exceptionnelle, une douzaine de flacons de verres ont été retrouvés, presque tous intacts,
dans le caveau W T 6 ; ce sont des bouteilles (u n g u e n t a r i a) en verre transparent de couleur
verte, de 12 cm env. de hauteur, à base élargie sous un col allongé ; certaines d’entre elles étaient
encore entourées des vestiges d’un chemisage en fibres végétales peintes en vert, rappelant les
paillons qui revêtent les flasques ; ce lot comportait également un flacon carré, à l’épaule duquel
s’appuyait primitivement une large anse.
Dans une autre tombe (W T 7) a été découvert, intact aussi, un joli amphoriskos au corps
très élancé, avec fond rapporté en forme de boule et col long, flanqué de deux verticales. Le décor,
vert Nil sur fond vert noir, dessine des sortes de jolies spirales.
Mais tout le reste a été retrouvé en éclats, certains infimes — plus de 3.000 pour la seule tombe
W.T8. Au prix d’une reconstitution extraordinairement patiente et habile, Cl. Robichon a pu mettre
en évidence plus d’une trentaine de vases et récipients. Etant donné la valeur archéologique d’un
tel lot, sur la demande expresse de la mission, les verreries n’ont pas été soumises à l’habituel
partage ; l’ensemble presque complet est conservé au Musée de Khartoum ; seules quelques
verreries-témoins et la flûte en verre bleu W T8 cl3 ont été attribuées à la mission Μ. Schiff
Giorgini ; la flûte a été léguée à l’Université de Pise.
Les vases sont de formes et de matières très diverses. Quatre grands plats et une coupe en verre
transparent incolore atteignent un diamètre d’une vingtaine de cms. Également de verre transparent
incolore sont deux flûtes à pied et un beau canthare, qui présentent un décor incisé. De l’une des
grandes flûtes à pied, 209 fragments ont été retrouvés ; le vase devait avoir une hauter totale de
38 cm.4. L’autre flûte a été recomposée à partir de 118 fragments ; elle atteint 34 cm, 7 de haut ;
1 Pour les travaux menés aux tombes de l’ouest de Sedeinga, on se reportera à Μ. Schiff Giorgini, Kush, XIII (1965),
p. 115-130, fig. 1-7 et pl. XXXI-XXXII ; Kush, XIV (1966, paru 1969) p. 244-261, fig. 4, pl. XXIX-XXXIV ; Levante,
XVIII (1971), p. 6-22; J. Leclant, Orientalia, XXXIV (1965), p. 215-219, fig. 36-45 ; XXXV (1966), p. 161-164, fig.
50-64 ; XXXVI (1967), p. 211 ; XXXVII (1968), p. 121 ; XXXVIII (1969), p. 288-289, fig. 54-59 ; XL (1971), p. 252-255,
fig. 49-64 ; XLI (1972), p. 274-276, fig. 35-36; id., La nécropole de l’Ouest à Sedeinga, en Nubie soudanaise dans :
Comptes Rendus de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, Paris 1970, p. 246-276, fig. 19.
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Les verreries de la nécropole méroïtique
de l’Ouest à Sedeinga (Nubie soudanaise)
L’importance du site méroïtique d’“Adeye”, l’actuelle Sedeinga, au coeur de la Nubie soudanaise,
vient d’être mise en évidence par les recherches de la mission Michela Schiff Giorgini1. Non loin
du temple de la reine Tiy, une immense nécropole s’y allonge sur environ 500 mètres et groupe,
sur plusieurs rangées, plus de deux cents pyramides en briques crues. Les premières campagnes
de fouilles menées à proximité, sur une petite butte isolée dans le désert, ont fait connaître neuf
sépultures qui ont été dénommées les “tombes de l’Ouest”. Selon un dispositif original, plusieurs
d’entre ces dernières comportaient des pyramides couplées, avec deux inhumations successives.
A l’exception d’une des tombes, sur les vestiges de laquelle on lit le nom de Taharqa (690-664
av.J.C.), les autres sépultures datables peuvent être attribuées à l’époque méroïtique, plus précisément
même, pour les secondes inhumations, à la phase finale de celle-ci (Ilème — IVème siècle de notre
ère).
Les tombes de l’Ouest de Sedeinga ont subi un pillage intense. Les objets recueillis attestent
cependant l’abondance, la diversité et la qualité de leur équipement funéraire. Parmi tous les
vestiges retrouvés, la trouvaille le plus remarquable — surtout lors de la IVème campagne en
1969-1970 à été celle d’un lot magnifique de fragments de verreries.
De façon exceptionnelle, une douzaine de flacons de verres ont été retrouvés, presque tous intacts,
dans le caveau W T 6 ; ce sont des bouteilles (u n g u e n t a r i a) en verre transparent de couleur
verte, de 12 cm env. de hauteur, à base élargie sous un col allongé ; certaines d’entre elles étaient
encore entourées des vestiges d’un chemisage en fibres végétales peintes en vert, rappelant les
paillons qui revêtent les flasques ; ce lot comportait également un flacon carré, à l’épaule duquel
s’appuyait primitivement une large anse.
Dans une autre tombe (W T 7) a été découvert, intact aussi, un joli amphoriskos au corps
très élancé, avec fond rapporté en forme de boule et col long, flanqué de deux verticales. Le décor,
vert Nil sur fond vert noir, dessine des sortes de jolies spirales.
Mais tout le reste a été retrouvé en éclats, certains infimes — plus de 3.000 pour la seule tombe
W.T8. Au prix d’une reconstitution extraordinairement patiente et habile, Cl. Robichon a pu mettre
en évidence plus d’une trentaine de vases et récipients. Etant donné la valeur archéologique d’un
tel lot, sur la demande expresse de la mission, les verreries n’ont pas été soumises à l’habituel
partage ; l’ensemble presque complet est conservé au Musée de Khartoum ; seules quelques
verreries-témoins et la flûte en verre bleu W T8 cl3 ont été attribuées à la mission Μ. Schiff
Giorgini ; la flûte a été léguée à l’Université de Pise.
Les vases sont de formes et de matières très diverses. Quatre grands plats et une coupe en verre
transparent incolore atteignent un diamètre d’une vingtaine de cms. Également de verre transparent
incolore sont deux flûtes à pied et un beau canthare, qui présentent un décor incisé. De l’une des
grandes flûtes à pied, 209 fragments ont été retrouvés ; le vase devait avoir une hauter totale de
38 cm.4. L’autre flûte a été recomposée à partir de 118 fragments ; elle atteint 34 cm, 7 de haut ;
1 Pour les travaux menés aux tombes de l’ouest de Sedeinga, on se reportera à Μ. Schiff Giorgini, Kush, XIII (1965),
p. 115-130, fig. 1-7 et pl. XXXI-XXXII ; Kush, XIV (1966, paru 1969) p. 244-261, fig. 4, pl. XXIX-XXXIV ; Levante,
XVIII (1971), p. 6-22; J. Leclant, Orientalia, XXXIV (1965), p. 215-219, fig. 36-45 ; XXXV (1966), p. 161-164, fig.
50-64 ; XXXVI (1967), p. 211 ; XXXVII (1968), p. 121 ; XXXVIII (1969), p. 288-289, fig. 54-59 ; XL (1971), p. 252-255,
fig. 49-64 ; XLI (1972), p. 274-276, fig. 35-36; id., La nécropole de l’Ouest à Sedeinga, en Nubie soudanaise dans :
Comptes Rendus de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, Paris 1970, p. 246-276, fig. 19.
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