VERRES ET TERRES-CUITES DE POMPÉE
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(a, e, f) lacrymatoires—(&, c, d, h, i) am-
phores — (y, k, l) urnes cinéraires conte-
nant les ossements des morts. (Pompéi.)
102. Vases domestiques en verre et en
terre-cuite—savoir: (a) huilier placé dans
une boîte en plomb—(&, c , d) coupes et
soucoupes—(e) vase à parfum — (f, g) en-
tonnoirs—(Z, m, ri) verres à boire. (Pompéi.)
103. Deux coupes en terre-cuite avec
de superbes décorations. (Pompéi).
104. Deux coupes en terre-cuite avec
de riches décorations. (Pompéi.)
Les dames romaines ayant aimé les bijoux ni plus, ni moins , mais autant que celles qui les avaient
précédé depuis la création du monde, il n’est point surprenant qu’il y ait eu du temps de l’empire romain
une pléiade si complète de bijoutiers et d’orfèvres, et les travaux si remarquables qu’ils produisirent, s’ils
peuvent être imités de nos jours, ne sauraient être dépassés, surtout au point de vue de l’ingéniosité, de la
grâce, de la finesse et de la somptuosité. Le luxe , qui forme 1’ apanage des nations civilisées, se traduisit
chez les peuples anciens, par un raffinement presqu’idéal, dans tous les cas étonnant pour nous qui sacrifions
volontiers au goût prosaïque et positif de notre époque , et les perles brillèrent dans la Rome antique au
premier rang de la toilette des dames. Tertullien (de cuit. fem. 1, 9) affirme qu’un seul fil de perles était
estimé de son temps cent mille francs. Pline (IX, 20) nous fait connaître ce détail aussi intéressant
que fantastique de Lollia Paolina, dame romaine, paraissant dans un festin particulier avec une garniture de
perles et d’émeraudes qui valait environ quatre millions de francs. La ville éternelle occupait à cette époque
la place que tient Paris aujourd’hui quand il s’agit d’allier la mode au bon goût. De là cette avalanche de
bijouterie si artistique et si rutilante. Les patriciens, alors excessivement riches, non seulement entretenaient
ce luxe chez leurs femmes, qu’ils paraient comme des chasses, mais encore se plaisaient à meubler leurs
maisons avec splendeur qui fait rêver: c’est ainsi qu’ils faisaient dorer leurs appartements.
Virgile et d’autres auteurs qui font autorité racontent qu’on dorait les voûtes des chambres, les lambris et
même les colonnes de marbre ou de bois. De même on se servait pour 1’ usage de la table des vaisselles
d’or et d’argent merveilleuses. Martial (liv. 8 , epigr. 32) assure qu’on poussait la folie jusqu’à dorer les
aliments, les cornes des animaux qui devaient servir aux sacrifices.
La collection du Doc de Luynes que possède aujourd’hui la Bibliothèque nationale à Paris est, au point
de vue des bijoux romains, l’une des plus belles du monde, mais même avec son admirable camée, même
avec le plat fameux des Antonins (Patène de Rennes), elle offre moins d’intérêt que celle du Musée de Na-
ples, à cause de l’époque précise qui peut être attribuée aux objets trouvés à Pompéi.
Un dernier détail avant de terminer se court exposé des objets précieux. Les archéologues ont longtemps
disputé sur l’usage probable des loupes dans l’antiquité, cet instrument ne se trouvant mentionné dans les
auteurs anciens, et l’on a toujours pensé qu’ils travaillaient leurs agates et leurs camées à l’oeil nu.
La propriété des verres lenticulaires, pour aider à la vue, était connue des anciens, puisque Néron qui
était myope (Pline 1. 47, c. V), se servait pour voir, au Cirque, d’une émeraude concave ; et puisqu’ il est
certain aussi que les lentilles en cristal de roche trouvées par M. Layard dans les ruines du palais de Nemra,
à Ninive, devaient servir de loupes ou microscopes, d’autre part M. E. Blanchard a constaté que les globes
de verre remplis d’eau cités par Pline, furent aussi des espèces de microscope “ pour quelque savant de
l’antiquité ”. Dès lors il ne faut pas s’étonner, autant que le faisait Cuvier, des observations si minutieuses
et si exactes d’Aristote sur la conformation des insectes.
Le doute pourra donc être éclairci quelque jour, si l’objet que Ton a trouvé dans les fouilles de Pompéi
et qui figure dans la collection des objets en or sous le n. 27613, est une loupe, ainsi qu’ on Tespère. On
en aura la preuve quand la surface du verre, aujourd' hui dépolie, aura reprise sa primitive transparence.
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(a, e, f) lacrymatoires—(&, c, d, h, i) am-
phores — (y, k, l) urnes cinéraires conte-
nant les ossements des morts. (Pompéi.)
102. Vases domestiques en verre et en
terre-cuite—savoir: (a) huilier placé dans
une boîte en plomb—(&, c , d) coupes et
soucoupes—(e) vase à parfum — (f, g) en-
tonnoirs—(Z, m, ri) verres à boire. (Pompéi.)
103. Deux coupes en terre-cuite avec
de superbes décorations. (Pompéi).
104. Deux coupes en terre-cuite avec
de riches décorations. (Pompéi.)
Les dames romaines ayant aimé les bijoux ni plus, ni moins , mais autant que celles qui les avaient
précédé depuis la création du monde, il n’est point surprenant qu’il y ait eu du temps de l’empire romain
une pléiade si complète de bijoutiers et d’orfèvres, et les travaux si remarquables qu’ils produisirent, s’ils
peuvent être imités de nos jours, ne sauraient être dépassés, surtout au point de vue de l’ingéniosité, de la
grâce, de la finesse et de la somptuosité. Le luxe , qui forme 1’ apanage des nations civilisées, se traduisit
chez les peuples anciens, par un raffinement presqu’idéal, dans tous les cas étonnant pour nous qui sacrifions
volontiers au goût prosaïque et positif de notre époque , et les perles brillèrent dans la Rome antique au
premier rang de la toilette des dames. Tertullien (de cuit. fem. 1, 9) affirme qu’un seul fil de perles était
estimé de son temps cent mille francs. Pline (IX, 20) nous fait connaître ce détail aussi intéressant
que fantastique de Lollia Paolina, dame romaine, paraissant dans un festin particulier avec une garniture de
perles et d’émeraudes qui valait environ quatre millions de francs. La ville éternelle occupait à cette époque
la place que tient Paris aujourd’hui quand il s’agit d’allier la mode au bon goût. De là cette avalanche de
bijouterie si artistique et si rutilante. Les patriciens, alors excessivement riches, non seulement entretenaient
ce luxe chez leurs femmes, qu’ils paraient comme des chasses, mais encore se plaisaient à meubler leurs
maisons avec splendeur qui fait rêver: c’est ainsi qu’ils faisaient dorer leurs appartements.
Virgile et d’autres auteurs qui font autorité racontent qu’on dorait les voûtes des chambres, les lambris et
même les colonnes de marbre ou de bois. De même on se servait pour 1’ usage de la table des vaisselles
d’or et d’argent merveilleuses. Martial (liv. 8 , epigr. 32) assure qu’on poussait la folie jusqu’à dorer les
aliments, les cornes des animaux qui devaient servir aux sacrifices.
La collection du Doc de Luynes que possède aujourd’hui la Bibliothèque nationale à Paris est, au point
de vue des bijoux romains, l’une des plus belles du monde, mais même avec son admirable camée, même
avec le plat fameux des Antonins (Patène de Rennes), elle offre moins d’intérêt que celle du Musée de Na-
ples, à cause de l’époque précise qui peut être attribuée aux objets trouvés à Pompéi.
Un dernier détail avant de terminer se court exposé des objets précieux. Les archéologues ont longtemps
disputé sur l’usage probable des loupes dans l’antiquité, cet instrument ne se trouvant mentionné dans les
auteurs anciens, et l’on a toujours pensé qu’ils travaillaient leurs agates et leurs camées à l’oeil nu.
La propriété des verres lenticulaires, pour aider à la vue, était connue des anciens, puisque Néron qui
était myope (Pline 1. 47, c. V), se servait pour voir, au Cirque, d’une émeraude concave ; et puisqu’ il est
certain aussi que les lentilles en cristal de roche trouvées par M. Layard dans les ruines du palais de Nemra,
à Ninive, devaient servir de loupes ou microscopes, d’autre part M. E. Blanchard a constaté que les globes
de verre remplis d’eau cités par Pline, furent aussi des espèces de microscope “ pour quelque savant de
l’antiquité ”. Dès lors il ne faut pas s’étonner, autant que le faisait Cuvier, des observations si minutieuses
et si exactes d’Aristote sur la conformation des insectes.
Le doute pourra donc être éclairci quelque jour, si l’objet que Ton a trouvé dans les fouilles de Pompéi
et qui figure dans la collection des objets en or sous le n. 27613, est une loupe, ainsi qu’ on Tespère. On
en aura la preuve quand la surface du verre, aujourd' hui dépolie, aura reprise sa primitive transparence.