3o8 CHARLES LE GRAS.
Sinrich. On vit alors la Seine couverte de vaisseaux qui montoient juiqu'à" îept
cens sans compter les petites barques. Les Seigneurs s'étant plaints que c'étoit
contre la foi du traité fait depuis peu, ils répondirent que leur traité n etoit
fait qu'avec Carloman, qui étant mort 5 son iucceiseur n'avoit qu'à leur don-
ner pareille somme, & qu'ils le retireroient.
LesNor- Ingelvin Evêque de Paris étant venu à mourir 3 Gozelin Abbé de S. Ger-
siegem " main , qui avoit fait sa paix avec Louis & Carloman 3 fut élu en sa place, & il
Paris, fe démit de l'Abbayie de Saint Germain des Prez, en faveur d'Eble son
neveu.
Sigefroi & Sinrich avec leur ssote, vinrent jusqu'à Paris. La Ville étoit
alors renfermée dans Plsse que nous appelions aujourd'hui Pille du Palais, Se
tenoit à la terre par deux ponts, dont l'entrée étoit défendue de chaque côté
par une tour ; eniorte que les Parisiens étoient maîtres de la rivière. Sigefroi
leur ofFroit toute sureté s'ils vouloient le laisser passer avec ses gens , leur
promettant de ne leur faire aucun tort, Ôc les menaçant de tout saccager
s'ils s'oppoloient à son pasTage. L'Evêque Gozelin répondit que cela ne se pou-
voit, & qu'ils défendroient & la ville & le palsage jusqu'à l'extrémité. Sige-
froi forma alors le siege , un des plus mémorables sieges qu'on voie dans les
hisioires.
Le jour suivant il fit attaquer la tour du pont du côté qu'on appelle au-
jourd'hui le grand Châtelet. Les Normans firent pleuvoir une grêle esfroiable
de pierres & de flèches. L'Evêque Gozelin y vint avec son neveu l'Abbé
Eble , & les Comtes Eude, Robert, Ragenaire, & un jeune Chevalier nom-
mé Frédéric, qui fut tué auprès de l'Evêque, & l'Evêque lui-même blessé.
L'attaque fut vive. Les Normans y perdirent beaucoup de monde. Lespierriers
avoient fort endommagé la tour : onemploia toute la nuit à la reparer.
Atfaut fu- Le lendemain de grand matin les Normans revinrent à Pasfaut plus furieuiê-
ment que le jour précèdent. Leurs machines envoioient une grande quantité
de pierres qui ébranloient la tour. Eude & Eble y accoururent : les soldats ani-
mez par leur presence , firent une vigoureuse resistance. Eude s'étant apperçû
qu'ils venoient à la sape , fit jetter sur eux quantité d'huile , de cire & de poix
bouillante, qui leur fit abandonner Pentreprise. Les ennemis firent enfin une
richo Regibus. Tune Sequana ssuvius navibus oper-
tus visus est, qua; naves ad septîngentas computa-
bantur , non numeratis naviculis.Cum autem primo-
res quererentur se contra pa&i initi fîdem jam bello
impeti ; respondebant illi paclum cum Carolomanno
initura fuisse , nec stare illo defuncto : sed si succes-
sor parera suramam numeraret, recesturos se pollice-
bantur.
; Ingelvino Parisiorum Episcopo defunc"to, Gozlinus
Abbas sancH Germani a Pratis, qui pacem cum Lu-
dovico & Carolomanno fecerat, in ejus locum sub-
rogatus est, & sanai Germani Abbatiam ab se depo-
sitam Ebolo fratris filio contulit.
thron. âe Sigefridus & Sinrichus cum classe Lutetiam usque
Gejt. Norm. venerunt. Urbs tune tota insulam occupabat > qua;
Mbo. , nuuc Insula Palatii dicitur , & utroque littori duo-
bus jungebatur pontibus , quorum aditus turri mu-
niebatur , ita ut pencs Parisiacos esset transitum vel
concedere vel prohibere. Sigefridus fidem & securi-
tatem oiferebat, dura libi & suis transitus concede-
retur , nihil injuria; se illaturum pollicens si id im-
petraret ; dira & vastationes minitans, si obsisterent.
Respondic Gozlinus Episcopus id concedi non pos-
se ; seque paratos esse «Se ad propugnandam urbem &
ad arcendum a transitu. Tune Sigefridus urbem ob-
sedit : obsidio autem isthax inter memorabiliores
censenda.
Die sequenti turrem illam oppugnari jubet Sige-
fridus , qua: ad pontis oram erat sita ad Septen-
trionem versus magnum Castellum , ut vocant hodie-
que. Normanni lapidum sagittarumque nubem im-
misere. Gozlinus Episcopus eo le confert cum fratris
filio Ebolo Comitibusque Odone & Roberto item-
que Ragenario Comité > ac milite juvene Frede-
îïco , qui istic cecidit, ipseque Episcopus jaculo le-
viter sauciatus est. Acriter utrinque pugnatur , & la-
pidibus turris quassata est ; sedper noclcmilla restau-
rata fuit.
Insequenti primo diluculo Normanni validius tur-
rim oppugnaturi, balistis lapides grandes immittunt
qui turrim graviter concutiunt & labefactant. Ac-
currunt Odo & Ebolus : aquibus concitati caïteri
strenue obsistunt. Cum autem cuperent Normanni
murum succidere musclis, Odo oleum , ceram , picem-
queardentem in illos eftundi jubet, quibus depulsî
illi fuere. Tandem veto Dani seu Normanni, dejec«
Sinrich. On vit alors la Seine couverte de vaisseaux qui montoient juiqu'à" îept
cens sans compter les petites barques. Les Seigneurs s'étant plaints que c'étoit
contre la foi du traité fait depuis peu, ils répondirent que leur traité n etoit
fait qu'avec Carloman, qui étant mort 5 son iucceiseur n'avoit qu'à leur don-
ner pareille somme, & qu'ils le retireroient.
LesNor- Ingelvin Evêque de Paris étant venu à mourir 3 Gozelin Abbé de S. Ger-
siegem " main , qui avoit fait sa paix avec Louis & Carloman 3 fut élu en sa place, & il
Paris, fe démit de l'Abbayie de Saint Germain des Prez, en faveur d'Eble son
neveu.
Sigefroi & Sinrich avec leur ssote, vinrent jusqu'à Paris. La Ville étoit
alors renfermée dans Plsse que nous appelions aujourd'hui Pille du Palais, Se
tenoit à la terre par deux ponts, dont l'entrée étoit défendue de chaque côté
par une tour ; eniorte que les Parisiens étoient maîtres de la rivière. Sigefroi
leur ofFroit toute sureté s'ils vouloient le laisser passer avec ses gens , leur
promettant de ne leur faire aucun tort, Ôc les menaçant de tout saccager
s'ils s'oppoloient à son pasTage. L'Evêque Gozelin répondit que cela ne se pou-
voit, & qu'ils défendroient & la ville & le palsage jusqu'à l'extrémité. Sige-
froi forma alors le siege , un des plus mémorables sieges qu'on voie dans les
hisioires.
Le jour suivant il fit attaquer la tour du pont du côté qu'on appelle au-
jourd'hui le grand Châtelet. Les Normans firent pleuvoir une grêle esfroiable
de pierres & de flèches. L'Evêque Gozelin y vint avec son neveu l'Abbé
Eble , & les Comtes Eude, Robert, Ragenaire, & un jeune Chevalier nom-
mé Frédéric, qui fut tué auprès de l'Evêque, & l'Evêque lui-même blessé.
L'attaque fut vive. Les Normans y perdirent beaucoup de monde. Lespierriers
avoient fort endommagé la tour : onemploia toute la nuit à la reparer.
Atfaut fu- Le lendemain de grand matin les Normans revinrent à Pasfaut plus furieuiê-
ment que le jour précèdent. Leurs machines envoioient une grande quantité
de pierres qui ébranloient la tour. Eude & Eble y accoururent : les soldats ani-
mez par leur presence , firent une vigoureuse resistance. Eude s'étant apperçû
qu'ils venoient à la sape , fit jetter sur eux quantité d'huile , de cire & de poix
bouillante, qui leur fit abandonner Pentreprise. Les ennemis firent enfin une
richo Regibus. Tune Sequana ssuvius navibus oper-
tus visus est, qua; naves ad septîngentas computa-
bantur , non numeratis naviculis.Cum autem primo-
res quererentur se contra pa&i initi fîdem jam bello
impeti ; respondebant illi paclum cum Carolomanno
initura fuisse , nec stare illo defuncto : sed si succes-
sor parera suramam numeraret, recesturos se pollice-
bantur.
; Ingelvino Parisiorum Episcopo defunc"to, Gozlinus
Abbas sancH Germani a Pratis, qui pacem cum Lu-
dovico & Carolomanno fecerat, in ejus locum sub-
rogatus est, & sanai Germani Abbatiam ab se depo-
sitam Ebolo fratris filio contulit.
thron. âe Sigefridus & Sinrichus cum classe Lutetiam usque
Gejt. Norm. venerunt. Urbs tune tota insulam occupabat > qua;
Mbo. , nuuc Insula Palatii dicitur , & utroque littori duo-
bus jungebatur pontibus , quorum aditus turri mu-
niebatur , ita ut pencs Parisiacos esset transitum vel
concedere vel prohibere. Sigefridus fidem & securi-
tatem oiferebat, dura libi & suis transitus concede-
retur , nihil injuria; se illaturum pollicens si id im-
petraret ; dira & vastationes minitans, si obsisterent.
Respondic Gozlinus Episcopus id concedi non pos-
se ; seque paratos esse «Se ad propugnandam urbem &
ad arcendum a transitu. Tune Sigefridus urbem ob-
sedit : obsidio autem isthax inter memorabiliores
censenda.
Die sequenti turrem illam oppugnari jubet Sige-
fridus , qua: ad pontis oram erat sita ad Septen-
trionem versus magnum Castellum , ut vocant hodie-
que. Normanni lapidum sagittarumque nubem im-
misere. Gozlinus Episcopus eo le confert cum fratris
filio Ebolo Comitibusque Odone & Roberto item-
que Ragenario Comité > ac milite juvene Frede-
îïco , qui istic cecidit, ipseque Episcopus jaculo le-
viter sauciatus est. Acriter utrinque pugnatur , & la-
pidibus turris quassata est ; sedper noclcmilla restau-
rata fuit.
Insequenti primo diluculo Normanni validius tur-
rim oppugnaturi, balistis lapides grandes immittunt
qui turrim graviter concutiunt & labefactant. Ac-
currunt Odo & Ebolus : aquibus concitati caïteri
strenue obsistunt. Cum autem cuperent Normanni
murum succidere musclis, Odo oleum , ceram , picem-
queardentem in illos eftundi jubet, quibus depulsî
illi fuere. Tandem veto Dani seu Normanni, dejec«