1% PHILIPPE IL dit Dieu-donné & Auguste.
le sécond pilier proche le jubé. Tout est extraordinaire dans cette figure. Le
casque a la forme d'un bonnet Phrygien : la pointe qui le termine en haut est
recourbée sur le devant. Son bouclier le plus grand qui se voie dans tous ces mo-
numens, est fort creux ; il lui couvre les épaules, & descend en pointe jusqu'aux
pieds. Il est chargé d'azur aux lionceaux rampans d'or,lampaisez de gueules3ôc a une
groise pointe sur le milieu. Quoiqu'il tienne l'épée nuë de la main droite , tout
le reste de l'habit n'a rien du militaire. On voit d'abord une tunique qui lui des-
cend jusqu'aux pieds chaussez d'une elpece de pantousses , qui ne lui couvrent
pardeisusque le bout des pieds. Sur la tunique il porte une veste 3 qui lui descend
jusqu'au dessous du genou : sur la veste est une allez large ceinture ; & pardessus
cette veste il porte un grand manteau, &c sur le manteau une bande en échat pe,
de la même forme que sa ceinture. Sur la tête du Comte il y a deux vers latins
qui marquent que son épée en chaslant les Brigans} donnoit la paix aux Eglises.
PHILIPPE II. dit Dieu-donne' & Auguste.
M
Ezerai qui dit que c'est Paul Emile, Auteur de la fin du quinzième
siécle, qui a le premier donné le nom d'Auguste à. Philippe II. fait voir
par là qu'il n'a pas seulement jetté les yeux sur Rigord, le principal Historien de
ce règne 3 qui vivoit du tems de Philippe même 5 & qui l'accompagnoit dans
ses expéditions militaires. Il l'appelle perpétuellement Vh'ûi^us Augufius, & rend
raison dans son prologue , pourquoi il lui a donné ce surnom. Augujîus, dit-il ,
vient du verbe augeo 3 augere , qui veut dire augmenter : c'est donc à juste titre,
poursuit-il , qu'on lui donne ce surnom, puilqu'il a augmenté son Roiaume
par la prise du Vermandois3 perdu depuis long-tems3 & par tant d'autres con-
quêtes.
m8i. Après la mort de Louis, Philippe qui se trouva seul maître , signala le com-
a^gusteC mencemenc de son Règne par l'expuliion des Juifs, dont les richesses s'étoient
chasiè les prodigieusement accrues. Rigord dit que ceux de cette nation qui étoientàParis,
Roiau-U saa"in°lent: tous les ans un Chrétien en opprobre de la Religion. Us crucifièrent
me.
Hic omnia pene prêter morem solitum sunt. Galea
tiaram Phrygiam referc, eu jus acumen antrorsum re-
îie&itur. Scutum omnium eorum qui in hisee moni-
mentis comparent maximum , admodum concavum
est. Humeros tegit, & ad usque pedes attingic in acu-
men inferne desinens. Estporro carulei colons , leun-
culos exhibens erectos aureos , rubrâ linguâ. Ex me-
dio seuto acumen emittitur. Etsi porro stri&um g!a-
dium manu dextera teneat, nihil omnino militare in
vestibus ejus comparer. Tunica ad pedes usque de-
ssuit. Calcei superne fere totum pedem nudum relin-
quunr , nec nisi ungulas regunr. Supra tunicam, ves-
tem aliam gestat, qux sub genua dessuir. Vestis lata
zona cingitur , & supra vestem pallium magnum ges-
tat, cui superponitur alia zona , praecedenti limilis ,
qui ab humeris demitritur. Supra figuram Comitis hi
duo versus leguntur :
Ense tuo Princeps pnedonum tmbastigatur ,
Euksiisque quies puce vigente datur.
PHILIPPUS II.
AUGUSTVS
cognommatus.
MEzERiîus cumdicitPaulum ^ïmilium , qui
vertente ssculo decimo quinto seribebat, pri-
mum Philippo IL Augusti nomen dedille , hinc testi-
ficatur se ne vidisse quidem historiam regni ipsius a
Rigordo seriptam , qui Rigordus xvo ejusdem Phi-
lippi vixit, illumque in militaribus expeditionibus se-
quutus est. Hic passim illum Philippum Augustum
appellat, causamque aftert in prologo cur hoc cogno-
mine donarit. Auguftos, inquit, vocare consuevernnt
Scriptores , C&sares qui Rempublicam augmentabant, ab
augeo , auges, dictas. Unde isse merito dictus eft Atiguftus
ab aucla republica. Aàjecit enhn Regno suo totam Vîro-
mandttxm , quam Prœdecejsores sui multo tempore amise-
runt, multasque alias tenus.
Post Ludovici obirum Philippns , pênes quem tune
summa rerum erar, Judaeorum expulhone regni sui
principia insignivit. Hi divitiis supra modum aucti
étant: & Rigordo teste, qui Lutetiœversabantur , sin-
gulis annis Christianum hominem in Religionis op-
probrium immolabant : cruci etiam affixerunt virum
un
Rigord,
le sécond pilier proche le jubé. Tout est extraordinaire dans cette figure. Le
casque a la forme d'un bonnet Phrygien : la pointe qui le termine en haut est
recourbée sur le devant. Son bouclier le plus grand qui se voie dans tous ces mo-
numens, est fort creux ; il lui couvre les épaules, & descend en pointe jusqu'aux
pieds. Il est chargé d'azur aux lionceaux rampans d'or,lampaisez de gueules3ôc a une
groise pointe sur le milieu. Quoiqu'il tienne l'épée nuë de la main droite , tout
le reste de l'habit n'a rien du militaire. On voit d'abord une tunique qui lui des-
cend jusqu'aux pieds chaussez d'une elpece de pantousses , qui ne lui couvrent
pardeisusque le bout des pieds. Sur la tunique il porte une veste 3 qui lui descend
jusqu'au dessous du genou : sur la veste est une allez large ceinture ; & pardessus
cette veste il porte un grand manteau, &c sur le manteau une bande en échat pe,
de la même forme que sa ceinture. Sur la tête du Comte il y a deux vers latins
qui marquent que son épée en chaslant les Brigans} donnoit la paix aux Eglises.
PHILIPPE II. dit Dieu-donne' & Auguste.
M
Ezerai qui dit que c'est Paul Emile, Auteur de la fin du quinzième
siécle, qui a le premier donné le nom d'Auguste à. Philippe II. fait voir
par là qu'il n'a pas seulement jetté les yeux sur Rigord, le principal Historien de
ce règne 3 qui vivoit du tems de Philippe même 5 & qui l'accompagnoit dans
ses expéditions militaires. Il l'appelle perpétuellement Vh'ûi^us Augufius, & rend
raison dans son prologue , pourquoi il lui a donné ce surnom. Augujîus, dit-il ,
vient du verbe augeo 3 augere , qui veut dire augmenter : c'est donc à juste titre,
poursuit-il , qu'on lui donne ce surnom, puilqu'il a augmenté son Roiaume
par la prise du Vermandois3 perdu depuis long-tems3 & par tant d'autres con-
quêtes.
m8i. Après la mort de Louis, Philippe qui se trouva seul maître , signala le com-
a^gusteC mencemenc de son Règne par l'expuliion des Juifs, dont les richesses s'étoient
chasiè les prodigieusement accrues. Rigord dit que ceux de cette nation qui étoientàParis,
Roiau-U saa"in°lent: tous les ans un Chrétien en opprobre de la Religion. Us crucifièrent
me.
Hic omnia pene prêter morem solitum sunt. Galea
tiaram Phrygiam referc, eu jus acumen antrorsum re-
îie&itur. Scutum omnium eorum qui in hisee moni-
mentis comparent maximum , admodum concavum
est. Humeros tegit, & ad usque pedes attingic in acu-
men inferne desinens. Estporro carulei colons , leun-
culos exhibens erectos aureos , rubrâ linguâ. Ex me-
dio seuto acumen emittitur. Etsi porro stri&um g!a-
dium manu dextera teneat, nihil omnino militare in
vestibus ejus comparer. Tunica ad pedes usque de-
ssuit. Calcei superne fere totum pedem nudum relin-
quunr , nec nisi ungulas regunr. Supra tunicam, ves-
tem aliam gestat, qux sub genua dessuir. Vestis lata
zona cingitur , & supra vestem pallium magnum ges-
tat, cui superponitur alia zona , praecedenti limilis ,
qui ab humeris demitritur. Supra figuram Comitis hi
duo versus leguntur :
Ense tuo Princeps pnedonum tmbastigatur ,
Euksiisque quies puce vigente datur.
PHILIPPUS II.
AUGUSTVS
cognommatus.
MEzERiîus cumdicitPaulum ^ïmilium , qui
vertente ssculo decimo quinto seribebat, pri-
mum Philippo IL Augusti nomen dedille , hinc testi-
ficatur se ne vidisse quidem historiam regni ipsius a
Rigordo seriptam , qui Rigordus xvo ejusdem Phi-
lippi vixit, illumque in militaribus expeditionibus se-
quutus est. Hic passim illum Philippum Augustum
appellat, causamque aftert in prologo cur hoc cogno-
mine donarit. Auguftos, inquit, vocare consuevernnt
Scriptores , C&sares qui Rempublicam augmentabant, ab
augeo , auges, dictas. Unde isse merito dictus eft Atiguftus
ab aucla republica. Aàjecit enhn Regno suo totam Vîro-
mandttxm , quam Prœdecejsores sui multo tempore amise-
runt, multasque alias tenus.
Post Ludovici obirum Philippns , pênes quem tune
summa rerum erar, Judaeorum expulhone regni sui
principia insignivit. Hi divitiis supra modum aucti
étant: & Rigordo teste, qui Lutetiœversabantur , sin-
gulis annis Christianum hominem in Religionis op-
probrium immolabant : cruci etiam affixerunt virum
un
Rigord,