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par ruse cette dernière ville sur le successeur de Soliman, Aboul-Cassim, et la défendit, quoi-
que avec peine, contre les Musulmans, jusqu'à l'arrivée des croisés, qui, sans le vouloir, s'empa-
rèrent de Nicée pour sou compte. C'est peut-être vers ce moment que fut construit ce château,
destiné à couvrir Nicomédie et à fermer ainsi la route de la capitale.
Un peu plus avant dans la montagne, à deux ou trois heures de la forteresse, et toujours
sur la pente qui regarde le golfe de Nicomédie, on trouve de nombreux tronçons de l'ancienne
voie romaine, réparée sans doute à l'époque byzantine. Elle a trois mètres de largeur, et les
bordures en sont faites en très-gros blocs soigneusement appareillés. Le sentier actuel la suit tant
qu'on reste dans cette gorge, mais, à partir du sommet, il prend vraisemblablement une autre
direction; car, sur les pentes qui descendent au lac de Nicée, nous n'en retrouvons nulle part
les vestiges. Pendant les deux jours que nous marchons sur une route où avaient été exécutés
autrefois de pareils travaux, et qui serait encore le chemin le plus court entre Nicomédie et
les fertiles rivages du lac de Nicée, nous ne rencontrons pas un seul voyageur ; nous ne voyons
d'autres visages humains que ceux des soldats albanais qui forment notre escorte.
Les ruines de Nicée, aujourd'hui Isnik (v. supra, p. 1), ont été souvent décrites, et particu-
lièrement, en grand détail, par M. Texier(l). Il y aurait, je crois, de belles fouilles à faire sur
l'emplacement du théâtre, presque complètement enterré, mais, à ce qu'il semble, subsistant
en grande partie, tout entier peut-être, sous le champ cultivé qui en couvre la surface. On y
voit des passages voûtés, construits, sans ciment, en gros blocs admirablement ajustés (2) ; ils
s'enfoncent sous le sol, en convergeant dans la direction de la scène. Sur la face externe de deux
des pierres qui forment les claveaux d'une de ces voûtes, à l'extrémité orientale du proscenium,
se lit, deux fois répétée, en très-grandes lettres, l'inscription suivante :
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A€KMN
oy
;;l]eDorimia,ville de
,, des villages d<
je, et qui Pc
« KATE5
U EnlT0
Hauteur des lettres, 0m,09.
API
X
On pourrait voir dans API une abréviation d'àpiO^oc, abréviation qu'on trouve aussi, sous la
forme àpi9. dans les papyrus d'Herculanum, où elle accompagne un chiffre désignant le numéro
des pages, et on la traduirait alors : Nombre, 600. Elle indiquerait que cette entrée donnait
accès à un certain nombre de gradins renfermant en tout six cents places, que six cents des
spectateurs avaient à entrer et à sortir par cette porte. En revanche, il me paraît difficile
d'expliquer de la même manière la lettre % (80), qui se lit sur d'autres blocs de la même
arcade. Ce n'est sans doute qu'une marque de taille, un de ces numéros que l'on mettait aux
blocs, sur les chantiers, avant de les livrer tout préparés aux maçons.
Nous ne fûmes pas aussi heureux à Nicée qu'à Nicomédie. Les nombreuses inscriptions que
je trouvai, encastrées dans les murs, avaient toutes été déjà recueillies, et en en vérifiant plu-
sieurs sur les feuilles du Corpus, que j'avais emportées pour pouvoir soumettre partout à cette
sorte de confrontation les textes déjà donnés, je ne trouvai cette fois que d'insignifiantes variantes.
Voici la seule inscription nouvelle que j'aie pu découvrir à Nicée, et encore, si je la reproduis,
n'est-ce qu'à cause de ses barbarismes, curieux pour l'histoire de la prononciation, et des noms
propres assez bizarres qu'elle paraît contenir. J'en donne le texte tel que j'ai cru le lire, mais
il faut évidemment y faire quelques changements pour y trouver un sens. La pierre est fruste,
s» pi appartient pi
i rit peut-être dor
:i sans doute la cultu:
;ne rencontre maint
(1) Description de F Asie Mineure, t. I, pages ag-58; planches 5 à i5.
(2) Os passages ont 9 mètres de diamètre , et les blocs o'",75 de haut.
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par ruse cette dernière ville sur le successeur de Soliman, Aboul-Cassim, et la défendit, quoi-
que avec peine, contre les Musulmans, jusqu'à l'arrivée des croisés, qui, sans le vouloir, s'empa-
rèrent de Nicée pour sou compte. C'est peut-être vers ce moment que fut construit ce château,
destiné à couvrir Nicomédie et à fermer ainsi la route de la capitale.
Un peu plus avant dans la montagne, à deux ou trois heures de la forteresse, et toujours
sur la pente qui regarde le golfe de Nicomédie, on trouve de nombreux tronçons de l'ancienne
voie romaine, réparée sans doute à l'époque byzantine. Elle a trois mètres de largeur, et les
bordures en sont faites en très-gros blocs soigneusement appareillés. Le sentier actuel la suit tant
qu'on reste dans cette gorge, mais, à partir du sommet, il prend vraisemblablement une autre
direction; car, sur les pentes qui descendent au lac de Nicée, nous n'en retrouvons nulle part
les vestiges. Pendant les deux jours que nous marchons sur une route où avaient été exécutés
autrefois de pareils travaux, et qui serait encore le chemin le plus court entre Nicomédie et
les fertiles rivages du lac de Nicée, nous ne rencontrons pas un seul voyageur ; nous ne voyons
d'autres visages humains que ceux des soldats albanais qui forment notre escorte.
Les ruines de Nicée, aujourd'hui Isnik (v. supra, p. 1), ont été souvent décrites, et particu-
lièrement, en grand détail, par M. Texier(l). Il y aurait, je crois, de belles fouilles à faire sur
l'emplacement du théâtre, presque complètement enterré, mais, à ce qu'il semble, subsistant
en grande partie, tout entier peut-être, sous le champ cultivé qui en couvre la surface. On y
voit des passages voûtés, construits, sans ciment, en gros blocs admirablement ajustés (2) ; ils
s'enfoncent sous le sol, en convergeant dans la direction de la scène. Sur la face externe de deux
des pierres qui forment les claveaux d'une de ces voûtes, à l'extrémité orientale du proscenium,
se lit, deux fois répétée, en très-grandes lettres, l'inscription suivante :
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On pourrait voir dans API une abréviation d'àpiO^oc, abréviation qu'on trouve aussi, sous la
forme àpi9. dans les papyrus d'Herculanum, où elle accompagne un chiffre désignant le numéro
des pages, et on la traduirait alors : Nombre, 600. Elle indiquerait que cette entrée donnait
accès à un certain nombre de gradins renfermant en tout six cents places, que six cents des
spectateurs avaient à entrer et à sortir par cette porte. En revanche, il me paraît difficile
d'expliquer de la même manière la lettre % (80), qui se lit sur d'autres blocs de la même
arcade. Ce n'est sans doute qu'une marque de taille, un de ces numéros que l'on mettait aux
blocs, sur les chantiers, avant de les livrer tout préparés aux maçons.
Nous ne fûmes pas aussi heureux à Nicée qu'à Nicomédie. Les nombreuses inscriptions que
je trouvai, encastrées dans les murs, avaient toutes été déjà recueillies, et en en vérifiant plu-
sieurs sur les feuilles du Corpus, que j'avais emportées pour pouvoir soumettre partout à cette
sorte de confrontation les textes déjà donnés, je ne trouvai cette fois que d'insignifiantes variantes.
Voici la seule inscription nouvelle que j'aie pu découvrir à Nicée, et encore, si je la reproduis,
n'est-ce qu'à cause de ses barbarismes, curieux pour l'histoire de la prononciation, et des noms
propres assez bizarres qu'elle paraît contenir. J'en donne le texte tel que j'ai cru le lire, mais
il faut évidemment y faire quelques changements pour y trouver un sens. La pierre est fruste,
s» pi appartient pi
i rit peut-être dor
:i sans doute la cultu:
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(1) Description de F Asie Mineure, t. I, pages ag-58; planches 5 à i5.
(2) Os passages ont 9 mètres de diamètre , et les blocs o'",75 de haut.