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Perrot, Georges; Guillaume, Edmond; Delbet, Jules
Exploration archéologique de la Galatie et de la Bithynie, d'une partie de la Mysie, de la Phrygie, de la Cappadoce et du Pont (Band 1) — Paris, 1872

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https://doi.org/10.11588/diglit.4621#0005
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B1TIIYNIE

NICOMÉDIE.

L'ancienne Nicomédie s'appelle maintenant Ismidt ou Iskimidt, nom formé, par une altération
facile à comprendre dans la bouche des Turcs étrangers au grec, de is Nikomidian, comme Stam-
boul de is tin bolm, comme Isnik, nom actuel de Nicée, de is Nikin; ce qui est remarquable ici,
c'est que dans la première des formes citées, Ismidt, deux des syllabes du mot ancien, les deux
premières, ont disparu ainsi que la terminaison; dans ce travail de transformation et d'abréviation
populaire, il n'est demeuré, accolé à la préposition is (et;), à , vers, qu'une seule syllabe, celle qui
portait l'accent, mid ((jlti'S). Je ne connais pas d'exemple plus frappant de cette vertu que possède
l'accent de défendre contre la corruption et la mort la partie du mot qu'il affecte, et de la conserver,
pour ainsi dire, impérissable. Dans Iskimidt, la seconde syllabe, elle aussi, a survécu, en se modi-
fiant légèrement, sous l'influence probablement d'une loi particulière à la langue turque, le besoin
de retrouver la même voyelle dans plusieurs syllabes qui se suivent; c'est pour établir ici cette sorte
d'allitération intérieure, cette harmonie familière à leur palais, et dont leur oreille ne saurait se pas-
ser, que les Turcs auront involontairement changé en i Yo de la seconde syllabe du mot Nicomédie.

Ismidt est la première ville importante que rencontre, après Scutari, la route de poste qui
met en communication Constantinople et les deux capitales de son empire asiatique, Bagdad et
Damas; par route il ne faut entendre d'ailleurs qu'un sentier plus battu que les autres, une
direction que suivent uniformément caravanes et courriers, et qu'indiquent seuls les trous pro-
fonds creusés dans le sol par les pas des bœufs et des chameaux. Il n'y a pas, à proprement
parler, une seule route dans la Turquie d'Asie, une seule route comme nous l'entendons,
pavée ou macadamisée, avec ponts et travaux d'art, avec pentes adoucies ou tournées; seuls, les
débris des voies romaines attestent çà et là que ces contrées ont été jadis habitées par un
peuple vraiment civilisé, qui n'abandonnait pas la nature à elle-même, qui la pliait à ses besoins,
et qui songeait à l'avenir. Quand par hasard, en Asie Mineure, on passe une rivière sur un
pont, ou qu'on traverse des marais sur une chaussée, c'est presque toujours, plus ou moins
délabré, quelque ouvrage romain ou byzantin dont la solidité a jusqu'ici résisté aux années.
C'est ainsi qu'en Orient les générations actuelles vivent des restes et, si l'on peut ainsi parler,
des miettes du passé.

A partir de Nicomédie, la route de Bagdad et celle de Damas se séparent. La route de Bagdad
longe le lac de Sabandja, franchit le Sangarius et traverse dans toute sa largeur, de l'Ouest à
l'Est, la partie septentrionale de l'Asie Mineure; ce n'est qu'à partir d'Amassia qu'elle tourne
vers le Sud-Est en s'engageant dans les montagnes de l'Arménie et du Kurdistan. La route de
Damas, au contraire, se dirige aussitôt vers le Sud par Koutahia et Konieh. Nicomédie se

trouve ainsi
T. 1.

double titre, tête de route, situation favorable qui lui a fait garder quelque

l
 
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