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Perrot, Georges; Guillaume, Edmond; Delbet, Jules
Exploration archéologique de la Galatie et de la Bithynie, d'une partie de la Mysie, de la Phrygie, de la Cappadoce et du Pont (Band 1) — Paris, 1872

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https://doi.org/10.11588/diglit.4621#0043
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- 39 —

sente d'une manière plus frappante encore; on n'en a point tiré, si je ne me trompe, un
seul texte qui n'appartienne à l'époque impériale. Il n'y a rien là d'étonnant; l'administration
romaine a seule réussi à civiliser définitivement toute cette zone septentrionale de l'Asie
Mineure qui n'avait guère commencé à entrer dans le cercle du monde grec que dans le
cours du siècle antérieur à la conquête. Ce ne fut que vers la fin de la domination des
rois de Bithynie et du Pont que le grec devint la langue unique des populations répandues
sur tout ce versant, et que les villes purent songer à couvrir le marbre d'inscriptions publiques
et privées. A ce moment arrivèrent les guerres de Mithridate, les longs sièges, les incendies et
les pillages, puis les guerres civiles de Rome, les luttes entre les conquérants, qui jetèrent
tant de désordre dans les provinces (1). Sous le règne d'Auguste le inonde commença
enfin à se reposer, et ce fut à partir de ce moment que se peuplèrent et s'enrichirent rapide-
ment ces belles contrées riveraines de la mer Noire. Vers le second siècle de notre ère, ces
villes, les dernières nées des cités grecques, les deux Prusa, Claudiopolis, Hadriani, Nicopolis
et bien d'autres qu'il est inutile de nommer, paraissent, d'après le peu que l'histoire nous en
apprend et surtout d'après leurs ruines et leurs inscriptions, avoir atteint un très-haut degré
de richesse et de prospérité.

Les noms des tribus nouvelles nous font remonter probablement au triumvir Marc-Antoine (2),
et descendre jusqu'à l'une des deux Faustine, peut-être même plus loin; il serait très-possible que
ce fût en l'honneur de Caracalla, qui passa en Asie les deux dernières années de sa vie, que l'une
des tribus reçut ce nom de Germanique, qu'il me parait difficile de faire remonter au fameux
Germanicus. On trouve, dans les inscriptions, des jeux Germanicéens que, d'après les autres dé-
signations que contiennent ces mêmes textes, M. Boeckh n'hésite pas à croire ainsi dénommés
en l'honneur de Caracalla (3). Il est curieux de trouver à Prusias une tribu Antonienne. A quel
moment ce nom lui fut-il donné? c'est ce qu'il est difficile de dire. On peut choisir entre deux
époques. Après la bataille de Philippes, Antoine passa en Asie; il reçut la province de Bithynie
des mains d'un certain Apuleius, à qui l'avait confiée Brutus, et en nomma gouverneur, en
714 de Rome, Cn. Domitius Ahenobarbus (4) ; ce pourrait être alors que Prusias aurait décerné
cette flatterie au tout-puissant vainqueur. Cette dénomination pourrait aussi avoir été adoptée
sous Caligula ou sous Néron, qui descendaient l'un et l'autre, et le dernier par son père et sa
mère tout à la fois, du célèbre triumvir.

Quant à la liste des phylarques, qui termine cette inscription, il suffit de remarquer le désor-
dre et la confusion qu'elle présente. Ici le nom du père accompagne celui du fils, ailleurs il fait
défaut; les noms romains sont partout mêlés aux noms grecs (S), et les noms de famille,comme
Aurélius, abrégés dans l'écriture, jouent le rôle de prénoms. La fréquence de ce nom d'Au-
rélius, que portent dix de ces vingt-quatre personnages, conduit encore à croire l'inscription
d'un temps où se seraient déjà succédé sur le trône plusieurs princes portant ce nom d'Auré-
lius, Marc-Aurèle, Commode et Caracalla.

(1) Nous voyons dans Strabon un tétrarque galate, chargé par Antoine de garder la ville d'Héraclée pontique, la
mettre à feu et à sang, et, vers la même époque, un chef de brigands, Cléon, avec qui Auguste finit par traiter, se créer
une sorte de principauté dans l'Olympe, XII, 3, 6.

(2) M. Le Bas s'est trompé en substituant, dans la liste des tribus, AvTuvivtavïj; à Avruviav^ç. Deux de mes copies, aussi
bien que celle de Hommaire de Hell, mal à propos corrigée par M. Le Bas, ne peuvent laisser aucun doute sur l'exis-
tence de la tribu Antonienne à Uskub. Voyage en Turquie et en Perse, t. IV, p. 35g.

(3) C. I. Gr., nos -ai5, ^46, a/|8.

(4) Appian.. de Bel. civil, IV, 46. V, 63, 137.

(5) J'ai cherché à les distinguer, pour l'œil du lecteur, en conservant aux noms grecs, dans ma traduction, la termi-
naison os, tandis que je donnais aux noms latins la terminaison us.
 
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