Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Perrot, Georges; Guillaume, Edmond; Delbet, Jules
Exploration archéologique de la Galatie et de la Bithynie, d'une partie de la Mysie, de la Phrygie, de la Cappadoce et du Pont (Band 1) — Paris, 1872

DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.4621#0230
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext


— 226 —

Etienne de Byzance commet donc une erreur quand, d'après Apollonios d'Aphrodisias, il ra-
conte que les Galates auraient fondé Ancyre après une victoire sur les Égyptiens, qu'ils auraient
poursuivis jusqu'à la mer, et auxquels ils auraient pris les ancres (ây^upaç) de leurs vaisseaux,
avantage dont ils auraient voulu perpétuer le souvenir par le nom qu'ils donnaient à leur
nouvelle cité (1). Ce qui suffit pour faire apprécier le peu de confiance que méritait l'auteur
de cette volumineuse histoire de la Carie (2), c'est que dans le même passage Apollonios attribuait
aussi aux Galates la fondation de Pessimmte. D'ailleurs tout le récit n'a pas l'air d'être autre chose
qu'une de ces anecdotes étymologiques où se complaisait l'esprit à la fois curieux et crédule des
chroniqueurs grecs.

Toute cette période antérieure à la conquête d'Alexandre n'est représentée pour nous que par
un seul monument, que nous avons eu le bonheur de découvrir dans le voisinage d'Ancyre.
C'est ce lion qui est figuré dans notre planche XXXII. Comme le montre la photographie, la
dalle où il a été sculpté en bas-relief a servi, dans ces derniers temps, avec d'autres blocs
antiques, à construire une fontaine, sur une route assez fréquentée, au pied du petit village
de Kalaba, situé à 2 kilomètres environ vers l'est de la ville.

Par ses proportions allongées, par la manière dont sont indiqués les muscles et dont est fi-
guré le modelé du corps, ce lion l'appelle tout à fait ceux qui sont représentés sur des vases
auxquels on a donné différents noms, mais que nous appellerons avec M. de Witte vases de
style asiatique ou oriental (3). Il y a lieu surtout de remarquer la tète; avec son dessin tout
ensemble conventionnel et énergique, ainsi que les attaches des membres; cela fait songer tout
à la fois à ces vases, dont la provenance phénicienne ou assyrienne ne fait plus guère ques-
tion pour personne, et aux animaux analogues représentés soit sur les grands bas-reliefs déco-
ratifs de l'Assyrie, soit sur des coupes et autres objets en métal de même origine.

A peu de distance de la fontaine de Kalaba, clans la petite vallée, à quelques mètres au-
dessus de la route, au milieu d'une paroi taillée à pic, s'ouvre un ancien caveau funéraire
creusé dans le roc. Notre première impression avait été que peut-être la dalle qui porte le lion
fermait autrefois le tombeau; mais nous avons dû renoncer à cette idée après avoir pris des
mesures exactes. Le caveau mesure en effet 1^70 de hauteur et 2 mètres de largeur. La baie
qui y donne entrée a lm,20 entre les scellements; or les dimensions de la dalle où le lion
est sculpté sont de lm,37 en largeur et 0m,83 en hauteur; elle n'aurait donc pu s'adapter à
l'ouverture en question. Le tombeau n'a pas gardé trace d'une décoration extérieure.

Quelle qu'ait été sa destination première et sa place primitive, le lion de Kalaba est certaine-
ment une œuvre antérieure à toute influence grecque. Les proportions en sont plus allongées,
le dessin en est plus nerveux et plus ferme que celui des lions de Kumbet (pi. VII) ; il a un
certain caractère plus franc, plus archaïque et plus étrange, plus nettement oriental.

Aucun monument, aucune inscription même ne représente pour nous la période gallo-grec-
que, antérieure à la conquête romaine ; les Galates d'ailleurs, tant qu'ils furent occupés de guerre
et de pillage, tant que le pays fut déchiré par les dissensions intestines, ne durent guère avoir
de goût pour l'art ni beaucoup songer à écrire. C'est après la pacification du pays par la pré-





;> «

fera quelque idée de la force que présentait la position, et de ce que l'art y avait ajouté, en jetant les yeux sur la plan-
che LX1X du présent ouvrage ; on y voit l'angle de l'escarpement que forme, au-dessus du ravin où coule le Tchibouk-
sou, la haute et roide colline qui porte la citadelle; on y aperçoit, avec leurs tours massives, les deux enceintes que
Byzantins et Turcs ont sans cesse reconstruites, et qui s'appuient sans doute sur les fondations antiques, maintenant
enterrées par l'exhaussement du sol.

(1) Steph. Byz. 'Aynupa.

(2) Etienne cite le livre 17 des Kapixa.

(3) Études sur les vases peints, Paris, gr. in-8°, [865, p. 37-40.
 
Annotationen