Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Perrot, Georges; Guillaume, Edmond; Delbet, Jules
Exploration archéologique de la Galatie et de la Bithynie, d'une partie de la Mysie, de la Phrygie, de la Cappadoce et du Pont (Band 1) — Paris, 1872

DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.4621#0294
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
— 290 —

de prix ; ne serait-ce pas ce temple du Jupiter Tavien qui était le principal ornement de la ville
et vers lequel se tournait de toutes parts la dévotion des Galates que le service militaire ou leurs
affaires appelaient à l'étranger?

Des tombeaux pratiqués dans le rocher, au nord du village, ne présentent aucun intérêt. La
roche est singulière : c'est un poudingue formé de cailloux si serrés que l'on dirait une maçon-
nerie grossière, du blocage. Nous nous y trompons au premier moment.

Il est impossible, au nombre des débris et à l'étendue de terrain qu'ils couvrent, de douter
qu'il y ait eu ici une grande ville : encore les vieillards se souviennent-ils d'avoir entendu dire à leurs
pères qu'il y a un siècle et demi les ruines étaient bien plus considérables qu'elles ne le sont au-
jourd'hui. La ville de Iusgat, fondée il y a cent vingt ans environ, s'est construite surtout avec
des matériaux empruntés aux édifices de la cité détruite. Néfez-keui a servi de carrière aux Tchapan-
Oghlou, les fondateurs et souverains de Iusgat. C'est avec des colonnes et des marbres recueillis
parmi ces décombres qu'ont été construites les mosquées et la somptueuse résidence de ces princes,
palais qui lui-même est déjà une ruine. Dans le cours de ces travaux, plus d'une inscription intéres-
sante a dû être transportée à Iusgat pour y disparaître sous le ciseau du tailleur de pierre.

La cité antique était établie sur de hautes collines dont les pentes sont tournées vers le sud, et que
défend contre le vent du nord le massif montagneux de la Ptérie, auquel elles sont comme adossées.
Devant elle s'étendaient de fertiles vallées qui vont rejoindre en s'élargissant graduellement la plaine
herbeuse du Delidché-Irmak. Des sources abondantes et pures jaillissent sur plusieurs points de
l'espace que paraît avoir embrassé l'ancienne ville. La vigne et les arbres fruitiers réussissent très-
bien tout à l'entour, malgré l'indolente apathie des habitants actuels de cette contrée. C'était un
site bien choisi. On voit par le caractère des fragments retrouvés et des inscriptions funéraires qui
ont été déchiffrées sur les stèles, que la ville importante et populeuse qui couvrait de ses édifices et
de ses maisons toutes les pentes de ces coteaux, une vaste étendue de terrain, a subsisté très-tard,
jusqu'aux invasions musulmanes. Toutes les monnaies qu'on nous apporte appartiennent au bas-
empire (1).

Quelle était cette ville? Il nous paraît impossible que ce ne soit pas la capitale des Trocmes, Ta-
vium ou Tavia.

Une première considération préjudicielle frappe notre esprit. Quelque déçus que nous ayons été
dans nos espérances par ces quelques heures employées à parcourir et à étudier ce site, il nous
est impossible de ne pas reconnaître qu'il y a eu ici, non pas seulement un lieu habité dans
l'antiquité, quelque bourgade comme celle qu'ont remplacée Hassan-Oghlan ou Kaledjik, mais un
centre important de population, une grande ville ornée d'édifices somptueux. Or la Galatie orien-
tale, le pays des Trocmes, ne paraît pas avoir eu d'autre ville qui méritât ce nom que Tavium.
On voit par Strabon, le premier écrivain qui mentionne Tavium, que des trois places entourées de
murailles (cppoûpia TSTsi^urrat xpia) qu'il cite comme appartenant aux Trocmes, Tavium était de beau-
coup la plus riche et la plus peuplée : « Tavium, dit-il, est le plus important marché de cette con-
trée ; ou y voit le colosse de bronze de Jupiter, et l'enceinte de son temple jouit du droit d'a-
sile (2). » De Mitbridation, tout ce qu'il sait, c'est que Pompée a détaché cette forteresse du
royaume du Pont pour la donner àDéjotare; il faut donc la chercher, selon toute vraisemblance,
beaucoup plus vers le nord, sur la frontière, dans la direction d'Amassia. a On pourrait, ajoute-t-il,
compter comme la troisième (xpî/rov 8i tmç AavaAa) Danala, » et tout ce qu'il en dit, c'est que

#

(1) 11 en arriva autant à M. Ilamilton. 11 fut d'ailleurs frappé comme nous, mais sans en tirer la même conclusion, du
caractère de décadence, de l'aspect byzantin que présentaient la plupart des débris qui avaient frappé sa vue (Resear-
c/tes in Asia Minor, t. 1, p. 390).

(2) XH, S, a.
 
Annotationen