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ÉTUDE SUR LES LÉCYTHES BLANCS ATTIQUES.
passages, qu'ils sont désignés par des inscriptions (1). En sculp-
ture, on usait d'un procédé analogue : sur les bas-reliefs placés en
tète de décrets publics, il n'est pas rare de trouver des personnages
symboliques ou réels nommés par une inscription (2). Sur les sculp-
tures de la Gigantomachie, récemment découverte à Pergame,
on remarque les noms des Titans et celui de leur mère rîj, inscrits
en dessous ou à côté d'eux (3). Ce procédé, usité à la meilleure
époque de l'art, eut pour origine un besoin de clarté et de préci-
sion, et non la grossièreté et l'ignorance des premiers âges,
comme le pensait le rhéteur Elien (4). A l'époque romaine, les
peintres l'employaient encore, comme le prouvent certaines fres-
ques de Pompêi et de l'Esquilin (5). Ce n'est donc point au ha-
sard qu'est due l'absence totale d'inscriptions sur les lécythes
blancs à représentations funéraires : c'est une conséquence de la
destination de ces vases qui devaient satisfaire l'intention pieuse
de n'importe quel acquéreur et trouver place dans une cérémonie
mortuaire quelconque. La meilleure preuve est que les inscrip-
tions reparaissent dès que le sujet n'est plus emprunté aux rites
funèbres. On sait, en effet, qu'un nombre restreint de ces lé-
cythes porte les scènes ordinaires de la peinture de vases, épiso-
des de la vie domestique, combats de guerriers, divinités de
l'Olympe. Six d'entre eux portent des inscriptions (6). C'est donc
à dessein que les peintres attaques se sont abstenus de tracer au-
cune inscription sur les autres lécythes. La scène doit garder un
caractère tout à fait impersonnel ; si l'on en précisait les détails
ou les personnages, elle risquerait de se trouver en désaccord in-
cessant avec la réalité.
(1) Pausanias, X, 31, 9 : ï8£a fjt.èv Sri oûSèv è7«Ypa|jt.]j.a ènî ixaxépcf. twv yuvaixtov,
èv xcnvw Sé èoTiv èiti àiicpoTépaiç. — Ailleurs (X, 25, 2) il remarque qu'une figure
est privée de l'inscription ordinaire : ...xâOrjTai tiocïç • imyga^a Se oùx &m râ
TratSi.
(2) Schœne, Grieschiche Reliefs, taf. VII, 48; IX: 52; XIII, 63; XXII, 94.
liuil.de Corr. hellén., 1878, p. 559-569. P. Girard, l'Asclépieion d'Athènes, p. 45-46
et note 1.
(3) Ergebnisse der Ausgrabungen zu Pergamon, S. 64, taf. 4.
('i) Élien, llist. Var., X, 10. Ojto>; âpa àxÉ/vco; êixaîjov Tà Çwa, w<7te èmYpà-
cpeiv aÙTOÏç tou; YPac?^a^"ro^'ro P°^Ç> ixstvo 'iizizoc, tovto ôsvôpov.
(5) Arch. Zeiluny, 1870, S. 65. Harrison, Myths of the Udyssey, pl. I, II, IV,
VI, VII. Roux, Herculanum et Pompéi, II, pl. 17.
(6) Voir plus haut l'Introduction, p. 5, note l,n°'6, 18, 32, 33. 34. J'y ajou-
terai une inscription signalée par M. Lenormant sur un lécythe blanc attique,
trouvé en Carnpanie, qui représente deux femmes. On y lit : « 'A$io7tEi[0ri;J xa-
Xoç 'AXxi(iàx[ou]. » Gaz. des U.-Arts, 1880, p. 111.
ÉTUDE SUR LES LÉCYTHES BLANCS ATTIQUES.
passages, qu'ils sont désignés par des inscriptions (1). En sculp-
ture, on usait d'un procédé analogue : sur les bas-reliefs placés en
tète de décrets publics, il n'est pas rare de trouver des personnages
symboliques ou réels nommés par une inscription (2). Sur les sculp-
tures de la Gigantomachie, récemment découverte à Pergame,
on remarque les noms des Titans et celui de leur mère rîj, inscrits
en dessous ou à côté d'eux (3). Ce procédé, usité à la meilleure
époque de l'art, eut pour origine un besoin de clarté et de préci-
sion, et non la grossièreté et l'ignorance des premiers âges,
comme le pensait le rhéteur Elien (4). A l'époque romaine, les
peintres l'employaient encore, comme le prouvent certaines fres-
ques de Pompêi et de l'Esquilin (5). Ce n'est donc point au ha-
sard qu'est due l'absence totale d'inscriptions sur les lécythes
blancs à représentations funéraires : c'est une conséquence de la
destination de ces vases qui devaient satisfaire l'intention pieuse
de n'importe quel acquéreur et trouver place dans une cérémonie
mortuaire quelconque. La meilleure preuve est que les inscrip-
tions reparaissent dès que le sujet n'est plus emprunté aux rites
funèbres. On sait, en effet, qu'un nombre restreint de ces lé-
cythes porte les scènes ordinaires de la peinture de vases, épiso-
des de la vie domestique, combats de guerriers, divinités de
l'Olympe. Six d'entre eux portent des inscriptions (6). C'est donc
à dessein que les peintres attaques se sont abstenus de tracer au-
cune inscription sur les autres lécythes. La scène doit garder un
caractère tout à fait impersonnel ; si l'on en précisait les détails
ou les personnages, elle risquerait de se trouver en désaccord in-
cessant avec la réalité.
(1) Pausanias, X, 31, 9 : ï8£a fjt.èv Sri oûSèv è7«Ypa|jt.]j.a ènî ixaxépcf. twv yuvaixtov,
èv xcnvw Sé èoTiv èiti àiicpoTépaiç. — Ailleurs (X, 25, 2) il remarque qu'une figure
est privée de l'inscription ordinaire : ...xâOrjTai tiocïç • imyga^a Se oùx &m râ
TratSi.
(2) Schœne, Grieschiche Reliefs, taf. VII, 48; IX: 52; XIII, 63; XXII, 94.
liuil.de Corr. hellén., 1878, p. 559-569. P. Girard, l'Asclépieion d'Athènes, p. 45-46
et note 1.
(3) Ergebnisse der Ausgrabungen zu Pergamon, S. 64, taf. 4.
('i) Élien, llist. Var., X, 10. Ojto>; âpa àxÉ/vco; êixaîjov Tà Çwa, w<7te èmYpà-
cpeiv aÙTOÏç tou; YPac?^a^"ro^'ro P°^Ç> ixstvo 'iizizoc, tovto ôsvôpov.
(5) Arch. Zeiluny, 1870, S. 65. Harrison, Myths of the Udyssey, pl. I, II, IV,
VI, VII. Roux, Herculanum et Pompéi, II, pl. 17.
(6) Voir plus haut l'Introduction, p. 5, note l,n°'6, 18, 32, 33. 34. J'y ajou-
terai une inscription signalée par M. Lenormant sur un lécythe blanc attique,
trouvé en Carnpanie, qui représente deux femmes. On y lit : « 'A$io7tEi[0ri;J xa-
Xoç 'AXxi(iàx[ou]. » Gaz. des U.-Arts, 1880, p. 111.