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134 ÉTUDE SUR LES LÉGYTHES BLANCS ATT1QUES.

semblent parfois avoir égalé les œuvres de la grande pein-
ture y isocrate demandait si l'on oserait jamais traiter Phidias
de coroplaste ou comparer l'art de Zeuxis et de Parrhasius avec
l'art d'un peintre d'ex-voto (1). Il y aurait, en effet, témérité à
vouloir pousser la comparaison trop loin entre les chefs-d'œu-
vre de l'ancienne peinture et ces esquisses légères dont la valeur
vénale ne dépassait sans doute pas quelques oboles. J'ai tâché
de ne point oublier cette différence, en insistant sur les condi-
tions industrielles où s'est développée la peinture de lécythes;
mais il m'a paru juste de faire ressortir les qualités artistiques
qu'on y découvre pour montrer jusqu'à quel point, à cette époque
florissante de l'art, les principes de l'esthétique la plus délicate
étaient connus par de simples ouvriers et quelle adresse prodi-
gieuse de main décèle l'exécution de quelques-unes de ces pein-
tures. Le lécythe Pourtalès et le lécytho de Salamine sont juste-
ment célèbres à ce titre (2). On peut y joindre la Toilette funèbre
sur un vase d'Athènes et la Déposition au tombeau sur un vase
de Berlin (3). Ces quatre peintures traduisent, avec une rare
perfection de forme et de composition, les sentiments émus du
génie antique en face de la mort : le désespoir violent ou la rési-
gnation mélancolique des parents réunis autour du tombeau; le
repos suprême du corps doucement endormi dans les bras du
Destin ; enfin la dignité sereine de l'âme immortelle, recevant les
pieux hommages des survivants.

Comment, en somme, apprécier dans l'histoire de l'art grec le
rôle des peintres de lécythes blancs? Sont-ce des artistes ou de
simples ouvriers? L'embarras que nous éprouvons à leur donner
le nom qui leur convienne, sans exagérer ni diminuer leur mé-
rite, prouve que leur caractère est complexe et sans analogie avec
celui des diverses industries des temps modernes. Aujourd'hui,
ce que nous appelons l'art industriel exige la coopération de deux
classes distinctes d'individus : des artistes qui inventent, compo-
sent et dessinent des modèles, et, après eux, des ouvriers qui re-
produisent, sans y rien changer, le plus souvent à l'aide de pro-
cédés mécaniques, les formes qu'on leur met sous les yeux. Chez

(1) Isocrate, Il£pi àvttS., 2 : « "Q<ntsp m eï tiç <l>etStav... ToX[a(<')ïi xaXeïv xopô-
7iXa9ov , r\ Zsu!;iôa xaî Ilappâ<7iov tt)v aÙTrjv ê^eiv te^vy]v çcxEy] toTç xà îrivaxta ypà-

90U<71v. »

(2) Benndorf, Gr. u. Sicil. Vasenb., taf. 25, 26.

(3) Dumont, Gaz. des B.-Arts, 1874, I, p. 128; Céramiques de la Grèce propre,
pl. 25, 20. Robert, Thanatos, taf. 1.
 
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