CHRONOLOGIE ASSYRIENNE.
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c’est-à-dire, à 14 ans près, le chiffre de Callisthène; et encore ces
14 ans se réduisent à 8, si l’on sustitue les 520 ans d’Hérodote au
chiffre 526 d’Eusèbe.
Malgré cette différence de huit, ou même de quatorze ans, dont la
facile altération des signes numériques dans les manuscrits rend si
aisément compte, est-il possible, je le demande, de ne pas être frappé
de cet accord entre l’époque initiale des observations commu-
niquées à Callisthène par les prêtres de Babylone et celle des dynas-
ties de Bérose? et peut-on douter raisonnablement, quelles que soient
d’ailleurs les petites corrections de détail applicables aux nombres
de l’annaliste khaldéen, que les deux chiffres ne se confondent en
une seule et même ère nationale ?
Cette époque de 1903 avant l'entrée d’Alexandre à Babylone, ou
de 2234 avant J. C., prend ainsi une importance que jusqu’à pré-
sent on n’avait pas soupçonnée ; elle devient une des grandes ères
historiques du monde, et la plus ancienne de toutes (1).
Et ce n’est pas là, tant s’en faut, la seule conséquence importante
de cette restitution. Mon objet n’est nullement d’entrer dans les dé-
tails; je me bornerai à signaler quelques résultats dominants.
En premier point capital, c’est que l’année 747 avant l’ère chré-
tienne, avec laquelle commence l’ère de Nabonassar, est en même
temps celle où s’éteint la dynastie assyrienne, et conséquemment que
la date tant controversée de la prise de Ninive par Arbacès et les
Babyloniens est de cette même année 747. C’est là désormais un
point d’attache qui nous paraît inébranlable dans la chronologie
assyrienne. Dès qu’il est démontré que la chronologie de Bérose ale
même point de départ que celle de Callisthène, il en résulte que
l’ère de Nabonassar, qui donne une base solide à la chronologie
du nouveau royaume babylonien, fournit également un point
de départ assuré pour la supputation des règnes en remontant
l’échelle des temps, et les cinq dynasties de Bérose cessent de flotter
entre des limites incertaines (2).
(1) On peut remarquer que l’ère chaldéenne de 2234 se rapproche beaucoup de la
datede2357 à laquelle remontent, au jugement de M. Biot (Journ. des sav., oct. 1861,
p. 605), les plus anciennes observations authentiques de l’astronomie chinoise. Ceci
n’est qu’une coïncidence; mais cette coïncidence est curieuse comme exemple d’une
singulière simultanéité de développement scientifique aux deux extrémités de l’Asie.
(2) « On ne sait, disait Fréret, quand Hérodote fait finir les 520 ans de la domina-
tion des Assyriens sur la haute Asie, et par conséquent on n’en peut assigner le
commencement. » Essai sur l’histoire et la chronologie des Assyriens de Ninive,
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c’est-à-dire, à 14 ans près, le chiffre de Callisthène; et encore ces
14 ans se réduisent à 8, si l’on sustitue les 520 ans d’Hérodote au
chiffre 526 d’Eusèbe.
Malgré cette différence de huit, ou même de quatorze ans, dont la
facile altération des signes numériques dans les manuscrits rend si
aisément compte, est-il possible, je le demande, de ne pas être frappé
de cet accord entre l’époque initiale des observations commu-
niquées à Callisthène par les prêtres de Babylone et celle des dynas-
ties de Bérose? et peut-on douter raisonnablement, quelles que soient
d’ailleurs les petites corrections de détail applicables aux nombres
de l’annaliste khaldéen, que les deux chiffres ne se confondent en
une seule et même ère nationale ?
Cette époque de 1903 avant l'entrée d’Alexandre à Babylone, ou
de 2234 avant J. C., prend ainsi une importance que jusqu’à pré-
sent on n’avait pas soupçonnée ; elle devient une des grandes ères
historiques du monde, et la plus ancienne de toutes (1).
Et ce n’est pas là, tant s’en faut, la seule conséquence importante
de cette restitution. Mon objet n’est nullement d’entrer dans les dé-
tails; je me bornerai à signaler quelques résultats dominants.
En premier point capital, c’est que l’année 747 avant l’ère chré-
tienne, avec laquelle commence l’ère de Nabonassar, est en même
temps celle où s’éteint la dynastie assyrienne, et conséquemment que
la date tant controversée de la prise de Ninive par Arbacès et les
Babyloniens est de cette même année 747. C’est là désormais un
point d’attache qui nous paraît inébranlable dans la chronologie
assyrienne. Dès qu’il est démontré que la chronologie de Bérose ale
même point de départ que celle de Callisthène, il en résulte que
l’ère de Nabonassar, qui donne une base solide à la chronologie
du nouveau royaume babylonien, fournit également un point
de départ assuré pour la supputation des règnes en remontant
l’échelle des temps, et les cinq dynasties de Bérose cessent de flotter
entre des limites incertaines (2).
(1) On peut remarquer que l’ère chaldéenne de 2234 se rapproche beaucoup de la
datede2357 à laquelle remontent, au jugement de M. Biot (Journ. des sav., oct. 1861,
p. 605), les plus anciennes observations authentiques de l’astronomie chinoise. Ceci
n’est qu’une coïncidence; mais cette coïncidence est curieuse comme exemple d’une
singulière simultanéité de développement scientifique aux deux extrémités de l’Asie.
(2) « On ne sait, disait Fréret, quand Hérodote fait finir les 520 ans de la domina-
tion des Assyriens sur la haute Asie, et par conséquent on n’en peut assigner le
commencement. » Essai sur l’histoire et la chronologie des Assyriens de Ninive,