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DWA STUDIA LEONARDA DA VINCI

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La première étude présentée ici est l'un des chapitres consacrés aux problèmes choisis: ceux de l'ombre, de
la lumière, de la couleur, du reflet coloré.

Dans la théorie de Léonard, l'ombre est l'élément fondamental qui permet de façonner la vision picturale:
ce phénomène absorbe tout particulièrement son esprit et répond à son goût personnel. L'auteur souligne la con-
stance et la persévérance inhabituelles avec lesquelles Léonard s'est consacré à l'étude de ce domaine, la façon dont
il a élargi peu à peu le champ de ses observations tout en conservant la ligne d'étude qu'il s'était fixée à l'époque
milanaise, le caractère de plus en plus abstrait et théorique de ses recherches où se maintient un idéal esthétique
constant du point de vue de la pédagogie et de la réalisation artistique. La comparaison des notes relatives aux
ombres rédigées par Léonard à différentes époques de sa vie permet, en dépit de toutes les répétitions et digres-
sions, de découvrir la voie suivie par les transformations successives de ses sujets d'intérêt. Les notes de la période
milanaise se rattachent surtout à ses études d'ombres à l'intérieur, avec une lumière qui pénètre par une fenê-
tre; il observe avant tout la figure humaine ou, plus souvent encore, des volumes qu'il décrit avec les termes
arides de la géométrie (notes de Ms. C, premières notes du Code Atlantique. Ms. A., Ashburnham).

En 1505 environ, Léonard transporte ses études d'ombre et de lumière en plein air, dans la clarté qui se
répand de la voûte céleste (lume universale, lume libero). Un problème nouveau surgit aussitôt: celui de l'ombre
en mouvement ou de l'ombre produite par une source de lumière en mouvement, avec la nécessité de différen-
cier minutieusement les divers types d'ombres portées (ombra derivativa) qui traversent l'air (Ms. E, Ms. G et frag-
ments du Traité que Pedretti considère comme ayant fait partie du „Libro W" perdu). La conception du problème
de l'ombre évolue donc dans le sens de l'élément cinétique, dynamique, si caractéristique de tout ce qui retient
l'intérêt de Léonard à la fin de sa vie.

Les remarques de Léonard sur la couleur sont en étroit rapport avec sa théorie de la lumière et de l'ombre
et celle de la perspective spatiale. On les trouve surtout dans le Traité et non pas dans les écrits autographes.
Elles sont inachevées et fragmentaires; pourtant leur confrontation indique que, dans le domaine de la couleur
aussi, la conscience visuelle de Léonard allait en s'approfondissant. Il réalise pleinement combien les valeurs des
couleurs sont relatives et dépendent de la lumière, du milieu dans lesquelles elles apparaissent et de la nature
de la surface. Ses notes sur la couleur sont un étrange mélange de conceptions tout à fait médiévales, propres à son
époque, et d'observations qui témoignent d'une sensibilité visuelle particulièrement raffinée qui annoncent l'optique
physique ainsi que la gamme étendue des phénomènes susceptibles d'intéresser l'artiste. Dans ses conseils prati-
ques relevant de la didactique picturale, Léonard reste sur les positions traditionnelles, relevant du métier — et
cela, même dans les notes rédigées à la fin de sa vie.

L'auteur a commenté certains énoncés de Léonard en s'appuyant sur les travaux du congrès consacré aux
Problèmes de la couleur (tenu à Paris en 1957) qui a analysé bien des phénomènes abordés dans les écrits du maître:
la visibilité changeante des couleurs, la déformation provoquée par la lumière, le phénomène de l'azur des cieux
et de l'obtention du ton azuré par un glaçage de blanc sur le noir, les tentatives d'établir des règles objectives
quant à l'association des couleurs. Et pourtant, le nom de Léonard de Vinci n'a pas été prononcé au cours du
congrès, lorsque ces problèmes, ont été traités.

La seconde étude, qui constitue le dernier chapitre du travail mentionné plus haut, dégage l'atmosphère et le
ton des derniers écrits de Léonard et relève les problèmes qui y sont traités. Elle expose aussi les motifs prin-
cipaux les plus caractéristiques qui, tout au long de sa vie, ont absorbé l'esprit et l'imagination du maître, inhé-
rents à sa psychologie et à sa personnalité. L'auteur conclut en constatant que pour Léonard, la peinture était
un tremplin qui plaçait ses études au-dessus des phénomènes visuels et son travail intellectuel au-delà de l'es-
sence des phénomènes et des lois de la nature. Toute la théorie de l'art, dans le sens le plus strict de ce mot,
c'est-à-dire son système esthétique, l'expression d'un certain choix spécifique entre des qualités différentes — a pris
forme au cours de la période milanaise. Mais l'attitude même de son esprit, qui tend par la peinture à la con-
naissance du monde entier, se reflète dans ses écrits de la dernière période qui rompent tout à fait avec la pos-
sibilité d'une concrétisation artistique selon la convention de l'époque.

Les considérations de Léonard sur le problème de la perspective montrent de la façon la plus claire l'élar-
gissement concentrique continu de la sphère de ses observations et de ses spéculations à la recherche d'une vérité
scientifique. L'auteur analyse les notes prises au cours de la dernière période, et surtout le Livre VIII du Traité.
écrit juste avant la mort de Léonard, au moment où celui-ci rejette les problèmes pratiques de la perspective
appliquée et étudie la nature de la ligne droite, les problèmes de l'espace visuel et de l'espace absolu, mathémati-
que, en abordant le domaine de la philosophie de la physique si actuel de nos jours.
Dans l'une des conclusions à cette étude, l'auteur constate:

„A la fin de sa vie, Léonard ne s'intéresse plus aux oeuvres d'art respectives, pas plus aux siennes qu'à cel-
les des autres. Ce qu'il recherche avant tout, c'est la vérité universelle. Au nom de celle-ci, il s'adresse comme
autrefois à l'artiste: ricorda pitlore.'^

Traduit par Myrian Śliwka
 
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